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CHAPITRE IV Nomenclature alphabétique et examen des noms de tribus communs aux deux rives américaine et africaine de l’Atlantique. Après ces notions préalables, je pais entrer dans le vif de la question et examiner successivement les noms des tribus indiennes d’Amérique qui se retrouvent en Afrique, ou tout au moins qui y ont existé et l’ont traversée, car certains ont disparu. Les petites études fragmentaires qui suivent ne sont pas également convaincantes; certaines pourraient même entrainer quelque méfiance contre l’ensemble des faits que démontrent les autres. Il m’a semble néanmoins, qu’elles devaient entrer en ligne de compte pour permettre au lecteur de se faire sans parti-pris, une idée exacte de la question. J’ai groupe en général au début, lorsque c’était possible, tous les noms américains qui paraissaient se rapporter à l’ethnique considéré Comme en Afrique, ils ont subi des quantités de déformations qui les rendent parfois assez difficiles à reconnaitre, s’ils ne sont pas rapproches les uns des autres. Je fais d’ailleurs, toutes réserves sur ces noms, dont il ne m’est pas possible de vérifier l’authenticité. I. — ABADES Les Abades sont une tribu des Andes Colombiennes. Je rattacherai à leur nom ceux des Abalicos ou Abaticos, de Colombie et de l’Equateur, des Apades et des Apaches du Nouveau-Mexique, ces deux derniers avec quelques réserves, des Abapinos du Chili, des Apantes et du Brésil, des Tapantos et Tapanos du Venezuela, des Tapanecas ou Tapanèques du Mexique. Je me propose de montrer qu’il s’agit des Abazes du Caucase dont certains auraient traversé l’Afrique et pour me faciliter cette identification je vais enjamber l’Afrique et examiner directement la nation caucasienne sur laquelle Klaproth en particulier nous a fourni des renseignements détaillés et intéressants. Ils sont connus aussi sons les noms d'Abkhazes ou Abkhassi, Azecjcis, Avoyctzi, Absili Arrien, Abasci, Abazcèques. Eux-mêmes s’appellent Absoué. Ils parlent une langue voisine de celle des Circassiens leurs voisins, auxquels ils ont emprunte des quantités de mots, bien que le fond même du langage reste différent. Ces parlers circassiens et abazes se rapprocheraient des langues ouralo-altaiques. La brachycéphalie habituelle de ce peuple confirme cette première donnée de leur parente avec les touraniens, mais le passage des invasions indiennes le long de la Mer noire ou a subsiste longtemps le nom des Sindes, dans la contrée resserree entre le Caucase et la Mer noire, a modifié leur type physique primitif. Ils sont de taille moins élevée, de teint plus foncé que les autres montagnards caucasiens. Leurs traits sont plus irréguliers et leurs membres plus grêles. Leur indice céphalique moyen est de 79,4 Deniker ce qui indique qu’un certain nombre sont mesaticephales. Leur nom même parait venir des envahisseurs indiens comme je le montrerai un peu plus loin. Une des particularités de leurs mœurs signalée par Elien et même par les auteurs modernes, consistait à coudre leurs morts dans des peaux et à les attacher sur des arbres. Ce ne peut être qu’eux qui ont apporté en Afrique cette coutume des estrades funéraires que l’on signale dans l’Oued Ferkla au Sud de l’Atlas marocain de Segonzac, chez les Séréres nègres de l'Afrique Occidentale, et chez certains Touareg Idenane du Sahara. Cette coutume leur vient manifestement des Touraniens. Mais il en est une autre signalée par Hérodote et qui leur avait surement été laissée par les Indiens, celle de la circoncision. On suit qu’Hérodote prétendait que les Colchidiens la tenaient d’une armée égyptienne. Le fait a été fort discute et les savants modernes nient que les armées égyptiennes aient parcouru la rive septentrionale de la Mer noire. Cependant les Abazes de Soukhoum Kale se disaient, parait-il les descendants de ces troupes africaines, ce qui peut être un simple souvenir littéraire des lettres du pays. Ce qui est plus significatif c’est qu’une localité de cette région porte le nom de Netanebi dont on ne saurait méconnaitre la couleur égyptienne. Pour ma part je serais plutôt porte à voir dans cette coutume de la circoncision, bien établie par les affirmations d’Hérodote, un apport de l’Inde. J’ai montré plus haut qu’elle y avait existe autrefois. Je ne me hasarderais pas a proposer le rapprochement s’il n’y avait qu’une simple consonance de noms, avec une substitution d’ailleurs très anodine des secondes consonnes de la racine, mais en examinant la composition des diverses tribus qui forment l'ensemble fort hétérogène du peuple Abaze je suis oblige de reconnaitre que plusieurs de ces collectivités secondaires ont aussi porté leur nom en Amérique ce qui vérifie une partie de ma proposition C’est ainsi que les Abazes orientaux se nomment eux-mêmes Tapantas. Or j’ai énuméré plus haut les Tapantos du Venezuela et les Tapanos et Tapanecas et je dois reconnaitre en Afrique l’existence de Tapanitai signales en Libye, c’est-adire en Berberie, par Ptolémée. Je note en passant que ces Abazes orientaux portent aussi le nom de Baskès qui leur est donné par leurs voisins circassiens. Userait possible que ce soit la souche de nos Basques Pyrénéens qui parlent encore une langue parente de la leur. Examinons maintenant les noms d’autres tribus Abazes. Celui des Aitigoi d’origine circassienne appelés aussi Hattoulcai ou Hattilcwahé se retrouve, quoique assez peu nettement dans les Atuacas de Colombie et les Attakapas ou Atacapas de l’Amérique du Nord. Dans les Bagh du versant Nord du Caucase on peut reconnaitre avec plus de vraisemblance les Bagres de Costa-Rica et dans les Barrakaï, les Barachus du Brésil. La ressemblance du nom des Chachi du revers Nord du Caucase avec les Ghachu ou Chachues du Venezuela, et celle des Jana ou Jani tribu disparue d’origine circassienne avec les Janaes de l’Argentine, les Janos ou Janevos du Mexique, etc, est encore plus caractérisée et ne laisse guère place au doute. Les derniers viennent de la Jana affluent de l’Obi Voir chap. et sont donc de purs touraniens ; leur nom n’apparait pas nettement en Berberie ; Zana et Ziana. Ils ont pu aller en Amérique par l’Ouest. Je dois néanmoins les citer. Le nom des tribu Abaze d’origine circassienne se reconnait dans les Chapanchicas de Colombie, et celui des Otchouka famille des tribu Abaze, dans les Otukis, Otuques ou Otuguis de Bolivie. Enfin les Tchegreh du versant Nord du Caucase se rapprochent naturelement des Ghagras du Panama, des Ghagas du Brésil, Ghages de Bolivie, etc. Les Toubi du versant Nord du Caucase portent un nom touranien très répandu en Arabie et en Berberie sous la forme Toba et en Amérique sous les formes Toba et Tupi etc. Je pense que c’est plutôt par l’Ouest qu'ils ont gagné l’Amérique Voir plus loin paragraphe Toba. De quelle région les Abazes du Caucase provenaient-ils et comment auraient-ils gagne l’Afrique? Telles sont les questions qui se posent maintenant. Ils venaient, sans doute de l’Inde car Ptolémée note des Abastoe au Sud des Monts Vindhya actuels, vers la tête du Namadus Nerbuddah et des Tapasoi sur le cours de ce fleuve. Arrien cite sur le basindus des Abastani qui sont peut-être des essaims du même peuple et indiquent un déplacement vers l’Ouest. Il serait possible d’ailleurs qu’il faille comme pour bien des peuplés, rechercher leur origine première plus au Nord ; Il y a dans l’Altai un affluent de l’Ienissei du nom et une ville dans le Gouvernement de Tobolsk mais il semble cependant bien que, descendus d’abord dans l’Inde, ils en sont repartis avec les Kouchites vers le Caucase. C’est d’après leurs caractéristiques physiques que j’ai exposées plus haut, suivant ce que nous en savons, que je me forme cette opinion. En traversant la Mésopotamie, les Abastoe durent abandonner une colonie qui fut par la suite la tribu arabe des Abs, célèbres par les amours du poète Antar avec une jeune femme de cette origine ; ses débris existent encore sur les bords de la mer rouge dans la région de Yambo ; ils sont aussi représentés par les Beni Sakeur sur la route de Damas à la Mecque Burckhardt. On trouve aussi une ville d’Abcideh en Perse sur le Zendeh Roud et une ville d’Abodcin sur la rive orientale du Chott el Arab. Mais je n’oserais pas, en raison de l’abondance de l’homonymie orientale affirmé que les noms de ces villes aient bien la même provenance. Je crois toutefois qu’on peut l’attribuer aux Ababdeh nomades célèbres par la beauté de leurs chameaux de selle, qui peuplent les déserts qui s’étendent entre le Nil et la Mer Rouge, dans la Haute-Égypte. Ils font partie de l’ensemble des tribus Becdja sur lesquelles je reviendrai et paraissent fort mélangés de sang noir. C’est peut-être en passant par la Grèce que les Abazes vinrent du Caucase en Afrique, comme beaucoup d’autres peuples voisins dont nous aurons à parler. Il y des Abantes en Thrace, en Epire, en Phocide et dans l’Eubée. On remarquera que cette forme Abantes est due à la déclinaison grecque de la racine Abas. Suivant Aristote ceux de Thrace devaient leur nom à l’une des villes phocéennes d’Aboe car il y en avait deux. C’était peut-être le contraire ; les Grecs y compris Aristote, voyaient toujours dans ces questions d’étymologie matière à belles discussions contradictoires. Un des noms de l'Eubée était Abantis et d’ailleurs le terme d’Eubée lui-même ressort à la même racine. Strabon nous apprend que cette ile et ses habitants avaient comme éponyme Abas descendant d’Erechthée roi d’Athènes ; mais Plutarque au contraire vie de Thésée, fait allusion à l’origine arabe de cet Abas. Au lieu d’être un descendant d’Erechtee il serait venu d’Asie avec Cadmus, tradition des plus intéressantes car elle établit un lien entre l’existence de la tribu arabe des Abs et les Abantes grecs. A l’époque du siège de Troie les Abantes de l’Eubée apparaissent comme un peuple valeureux. Dans le dénombrement des Grecs allies de l’Iliade, Homère les caractérisé par ce détail qu’ils laissaient croitre leurs cheveux derrière la tête et les coupaient par devant, coutume qu’on trouve en Amérique. Après la prise de Troie, ils envoyèrent des colonies de leur nom en lllyrie et en différents points jusqu’en Sicile. Il n’est pas sans intérêt de remarquer que ces Abantes de l’Eubée étaient aussi désignés par l'appellation de Curètes ce qui semble bien indiquer d’abord qu’ils venaient de la région du Caucase et qu’en outre leur origine première était Kouchite, en dépit de toutes les belles étymologies grecques et autres proposées pour ce nom. Dans le Péloponnèse il y eut une ville d’Abia en Laconie. Un roi d’Argos du nom Aabas, aïeul de Persée et des Perses suivant les légendes grecques, nous montre que cet ethnique était devenu un nom propre en Grèce aussi bien que chez les Arabes et cette circonstance ne contribue pas peu à compliquer les recherches en Afrique comme nous allons le voir. Gomme tous les peuples qui se sont refugiés au Caucase, les Abazes envoyèrent des migrations dans l’Europe occidentale. Je citerai en France Abanconrt, Abainvillc, Aboncourt, Abscon, YAbsie, Abbaretz, Taponas etc ; en Espagne Abades près de Segovie, Abadesas, Abadia, Abadin etc. Mais peut-être que ces derniers, en tout ou en partie, ont été apportés par les invasions musulmanes venus de Berberie, autre source de complications que je ne chercherai pas à approfondir dans la circonstance. Le passage en Afrique des Abazes nous est assure tout d’abord par la présence des ïbzaouen, touareg Tenguereguif et des Ibbezaouen, autres touareg des Ifoghas du Niger Barth qui portent le nom authentique des Abazes Absoué, correctement berberise ; puis en second lieu par les Tapanitai des anciens que Ptolémée plaçait dans le nome Marmarique au Sud des Nasamons. On ne sait ce qu’ils sont devenus. Beaucoup d’autres tribus indiquées par ce géographe n’ont pas davantage laisse de traces, mais il semble que pour beaucoup d’entre elles leur nom était abominablement estropié suivant l’habitude grecque, et les Tapanitai sont une des rares tribus dont le nom paraisse correspondre à une réalité quelconque. Nous en rencontrerons d’autres, mais pas beaucoup. Notons encore un évêché ancien du nom d’Abidda Henchir Abbeda actuel au Sud-ouest de Zaghouan en Tunisie. Après cela nous trouvons en Berberie des quantités de noms de tribus qu’on peut rapprocher de celui des Abazes mais nous sommes fort gênés pour leur identification par l’introduction récente du nom d’Abbas lors des invasions arabes. Il n’y a pas moins d’une quinzaine de tribus ou fractions dénommées Aït Abès, Abbcis, Abbés, Béni Abbas, Oulad Abbas, S idi Abbas, Sidi bel Abbas. Eliminons les résolument quoiqu’on soit en droit de supposer en raison des habitudes arabo-Berbères que certaines de ces appellations ne sont pas eponymiques, et sont notre ethnique transforme. Il nous reste des noms plus significatifs comme ceux des Abad de Bordj-Menaiel, Abada de Dellys, Abadlia de Tiaret, Abadenia de Carnot, les divers Abadla, Abadlia, Ababsa, Abassa, Abbaïssa, Abbaziz de Boghari, Abbaziz du Ksar de Charef englobes dans la confédération des Ouled-Nails, Abrarès du Djurdjura. Peut être aussi malgré leur titre eponymique arabe peut-on voir des Berbères porteurs de l’ethnique etudié chez les On lad Abad de Palestro et de Mascara, les Oulad Abadlia d’El Milia et de Barika, les Oulad Abadla d’Ammi Moussa. Au Maroc les Abda de Sali forment plusieurs tribus et il y a des Ait Abdi et Aït Abdous. Les autres noms des tribus caucasiennes des Abazes ne semblent pas avoir transite par l’Afrique, mais il y a une certitude a peu près complète pour les deux principaux Abazes ou Absoué et Tapantas. Cela veut-il dire que nous ayons également une certitude pour leur passage en Amérique par cette voie. Ce serait beaucoup s’avancer, néanmoins si on fait entrer en ligne de compte divers faits déformation concordante de l’ethnique Abaze D pour Z en Afrique et en Amérique, absence du nom des Tapanta sur d’autres itinéraires, localisation des noms correspondants américains dans l’hémisphère Sud avec absence dans l’hémisphère Nord, nombre élevé des autres tribus caucasiennes dont le passage par cette voie parait plus assuré, le doute que l’on peut avoir deviendra favorable a cette hypothèse lorsque nous arriverons a la fin de cette étude. Il est certain qu’a lui seul l’examen de cet ethnique ne constitue pas une preuve décisive. 2 - ABANES On peut, je crois, rattacher à l’ethnique précédent les Abanes ou Abanos de Colombie et du Venezuela, les Abangares de Costa-Rica, les Abangascas du Nicaragua, les Abanengas Tupies du Brésil. C’est peut-être encore une autre altération du nom des Abazes. Mais comme il existait en Berberie des Abennoe ou Abaniens, connus des anciens, et dont le nom correspond mieux à celui des tribus américaines il m’a semblé préférable dans le doute de les envisager séparément. Les Abennoe des auteurs anciens étaient voisins des Quinquegentiens et ils devaient habiter entre le Djurdjura et la région d’Aumale. On ne retrouve plus trace de leur nom dans les nomenclatures actuelles, soit qu’ils aient émigré en Amérique puisqu’on y retrouve leur nom, soit qu’ils se soient dispersés au moment de l’invasion arabe et fondus dans des tribus plus puissantes. On peut leur appliquer les mêmes conclusions qu’aux précédents. 3— AMALECITAS La tribu des Amalecitas et celle des Malechitas ou Milicitas qui en est peut-être un démembrement appartiennent au groupe Abenaki de la famille des Algonkins du Canada. On peut se demander si ces noms ne leur ont pas été conférés par des conquérants fantaisistes, férus de souvenirs bibliques. J’ai donc recherche dans le Handbook of American Indian » de les explications très variées qui en ont été données. Il les transcrit sous la forme Malecite. Elles ne m’ont pas paru assez concluantes pour que je passe sous silence cet ethnique si caractéristique. On doit en effet se rappeler que, suivant les vieilles traditions des Berbères, Ibn Khaldoun I. 176,185. Tabari, etc, ils auraient parmi leurs ancêtres des Amalécites, mélangés aux chananeens qui émigrèrent en Afrique, chasses de Palestine par les hébreux. Il m’a donc paru nécessaire de signaler ce nom pour mémoire, bien que je ne puisse affirmer qu’il est venu par l’Afrique. On ne trouve dans l’histoire de la Berberie, aucun nom de tribu qui s’en rapproche, sauf peut-être ceux des Melkatci et des Meklata tribus zenatiennes qui ont disparu des nomenclatures modernes. On n’y trouve plus actuellement que celui de J a ville Mozabite de Melika sans doute d’origine postérieure aux invasions arabes. Enfin ces tribus se trouvent au Canada qui parait être reste en dehors du rayon d’action des émigrants Berbères, et chez les Algonkins, à peu près surement venus du Nord de l’Asie. 4. - ANTIS Les Antis qui sont également appelés Antisanes, Campas, Chunchos, Chunchus, forment des tribus autrefois très nombreuses répandues sur le versant oriental des Andes du Pérou et de la Bolivie. Je transcris leur nom comme l’indique mon guide, M. Gabriel Vergara Martin, mais en faisant remarquer que d’autres auteurs transcrivent Andis. Je rattache a ce nom ethnique ceux des nombreuses tribus indiennes d’Amérique dont le nom commença par la même racine Andaguailas ou Andahuaylas du Pérou, Andalgalaes ou Andalgalas de l’Argentine, Andaquies ou Andaguis de Colombie, Andavayias du Pérou, Andiras et Andiragoares du Brésil, Andoas du Pérou, Androas de l’equateur etc, Antalos, Antalis ou Antaliis du Chili, Antastos ou Antacotos de New-York, Antipas ou Nantipas du Pérou, les noms d’Antilia, Antilles, Antioquia, Antofagasta etc. Comme on le voit cet ethnique a foisonné en Amérique ; il en est de même en Europe et il a joué un rôle non moins important en Afrique comme je l’ai exposé dans une étude parue dans le Bulletin de la Société de Géographie d’Alger sur Antée, héros africain. 1928. Les étymologistes d’Amérique nous apprennent qu’au Pérou, le mot Anti veut dire montagne, mais d’autres veulent qu’il dérive du mot Ando cuivre. Je suppose que dans Je vieux monde il ne doit pas manquer non plus d’explications intéressantes pour un nom aussi répandu, mais je dois avouer que je ne les ai pas collectionnées, Avant d’entreprendre l’étude des Anti, j’attire l’attention sur un fait important que révèle la synonymie de ce nom avec ceux de Campas et de Ghunchos c’est le peu d’homogénéité de ce peuple et les origines diverses qu’il doit avoir. Un peu plus loin j’examinerai le nom de Campa en détail et je montrerai qu’il a une provenance tout a fait différente de celle d’Anti que j'étudie seul ici. Quant au terme Chuncho il me parait avoir encore une troisième source bien distincte des deux autres. Bien que je ne puisse rien affirmer à cet égard je crois qu’il révèle un apport chinois. Pour ce qui est du nom des Antis, comme il apparait au Caucase à côté de celui des Abades je vais procéder comme pour ces derniers, en laissant pour le moment l’Afrique. Après avoir étudié les Audi du Caucase, ce qui me permettra de constater leur identité avec les Antis d’Amérique, je rechercherai leur point de départ initial et je les suivrai a partir de la dans leurs migrations fort compliquées. Je serai amené ainsi à reconnaitre qu’ils ont du gagner la Berberie par trois itinéraires différents, tout au moins, ei que c’est bien de la terre d’Afrique qu'ils se sont embarqués pour le nouveau monde. Les Andis du Caucase habitent le Daghestan c’est-a-dire le revers Nord du Caucase oriental, au milieu d’autres nations qui parlent des langues agglutinantes, fort variées, mais présentant néanmoins entre elles divers caractères communs. Par suite de la situation du Daghestan, il semble que ce sont surtout des éléments touraniens qui y ont eu la prépondérance alors qu’au Sud des montagnes, ils se sont plus intimement mélangés avec les Indiens et Iraniens émigrants qui ont stationné dans cette région avant de franchir les Portes du Caucase. Les Anti se trouvent proches voisins des Avares ou Awares dont j'aurai à parler a maintes reprises. Je dois a ce propos faire remarquer des a présent que ces deux nations faisaient partie fort probablement au début d’une seule et même confédération de tribus au milieu desquelles les Audi paraissent avoir représente l’élément noble et directeur. Les Avares étaient au contraire le gros de la confédération et suivaient partout les Audi. Ce n’est que fort tard au milieu du IVe siècle de notre ère que la situation changea. Les Avares secouèrent le joug de leurs maitres, les battirent à plate couture et les firent sans doute disparaitre dans leurs rangs. Niederle dans son Manuel de l’antiquité slave I. 190 les présente comme des peuples ennemis. Il n’en est rien car partout on les voit cote à coté ; il semble bien que leur situation respective était celle que je viens d’indiquer, tout au moins avant notre ère. Au Caucase, les deux nations sont considérées comme formant un groupement particulier celui des Avaro-Andiens et j’emprunte a leur sujet les renseignements suivants au petit Guide au Caucase de J. Mourier, précieux abrège de tout ce qui a été écrit au siècle dernier sur cette région. Le premier rang dans ce groupe appartient aux Avares dont la principale tribu est celle des Salataves. Ces deux noms se retrouvent en Amérique ; je les étudierai aux paragraphes Avavares et Huares et je n’en parle ici que pour mémoire. Dans l’arrondissement d’Andi, ajoute-t-il, qui est le plus polyglotte de tout le Daghestan, il y a huit clans parlant des dialectes différents mais ayant une certaine parenté. La plus nombreuse de ces familles est celle des Andis puis viennent les les les Anda- Zates, les Bawalales, les les Botliks et les qui avec les Andis forment une population de âmes. D’après M. Zagoursky, a leurs dialectes ont quelque parente avec la langue Avarienne, et Dans l’arrondissement d’Andi habitent aussi les Didos et les Kvarchis environ mais on n’a pu jusqu’a présent établir définitivement leur parenté avec les races précitées. En cherchant en Amérique je puis établir les identifications suivantes Antis, etc. Andalgalaes de l’Argentine. Agoacos du Honduras, Agataes ou Agatas de Colombie etc. Avavares de Floride. Bavaridas ou Vavaridas du Venezuela. Didue ou Edue ou Periene de la Basse Californie. Carates du Venezuela, Caratheus ou Gara tins ou Acaririos du Brésil, Caraques du Pérou, Garapas de la Guyanne Brésilienne, etc. Saltebas ou Jaltebas de Nicaragua. Tecamachalcos sédentaires du Mexique, Tamales de Californie, Tamalameques du Venezuela, etc. Seuls les Botliks, les Godeberis et les Kvarchis, manquent a l’appel, mais il est très admissible, soit qu’ils n'aient pas émigré, soit qu’ils aient disparu en route ou après leur arrivée en Amérique. J'aurai à revenir a part sur certaines de ces tribus. Mais je crois que cet ensemble de rapprochements établit que les Andis du Caucase et les Antis d’Amérique sont bien descendus d’une même souche. Quelle est leur origine première ? En remontant vers l’Asie je la trouve dans la vallée de Yantcha qui est un affluent de la Jouana qui se jette-elle même dans la Lena. Nous avons encore la une certitude quasi absolue. La Jouana est en effet le point de départ des Jouan-Jouan tribu qui eut un moment de célébrité Halphen Les Barbares, II. Risley the people of India, 56 PI. XIX et XX et dont il reste des débris dans l’Inde. Ces Jouan-Jouan ou Joueng sont regardés par les historiens comme étant les Avares eux mêmes, mais je pense qu'ils devaient comme les Antis former une tribu distincte de la confédération Avaro-Andienne. Les Avares tiraient sans doute leur origine d’une vallée Avara que je ne retrouve pas dans le bassin de la Lena, mais qui a du y exister, car nous retrouvons en Europe des rivières homonymes. Nos historiens ne signalent l’arrivée de toutes ces tribus en Europe qu’a une époque très tardive vers le milieu du VIe siècle de notre ère avec les Huns ; il suffira de rappeler que César, qui les considérait comme Celtes, les trouva établies depuis de longs siècles en Gaule au moment de la conquête. Il soumit en effet des Andes ou Andecavi Angers, fit le siège d’Avaricum sur Yavara capitale des Bituriges qui étaient sans doute des Leur présence datait sans doute de leurs premières migrations qui remontent a l’époque pré pharaonique. Les Jouan-Jouan avaient du arriver avec eux comme l’indique la présence en France de localités comme Jouaignes, Jouancy, Juigné etc, Voir le dictionnaire des communes. 1 Le nom des Arvernes qui habitaient sur L Elavcr Allier me parait aussi dérive de celui des Avares avec beaucoup d’autres noms français. Cette première ruée n’avait sans doute pas épuisé leur force d'expansion, ou peut-être leurs tribus s’étaient elles refaites par un long séjour au Sud de la Baltique, car grossis d’autres éléments, ils formèrent un empire des Antes sur lequel on trouvera quelques détails dans Niederle Manuel de l’antiquité slave I. 187. Leur nom disparait dans l’Europe Centrale au début du VIIe siècle. Mais entre temps il était résulté de leur tourbillonnement la création d’un tas d’autres peuplés séparés d’eux et portant leur nom déformé Wendes, Enètes, Venètes, Venèdes, Vélètes, Viatitches d’après Niederle 191 et les plus célèbres de tous, les Vandales qui reprirent au Ve siècle l’essor de leurs ancêtres de la préhistoire, traversèrent l’Europe, puis la Berberie avant de venir de la saccager Rome puis disparaitre sous les coups des Byzantins. Il n’est pas inutile de montrer l’influence énorme qu’ont eue les Antes sur la formation des peuples de l’Europe occidentale. J’ai dit qu’on trouvait leur nom jusqu'aux iles Lofoden. En Grande Bretagne il y avait des Brigantes, Decantes, Novantes, Trinobantes considérés comme Celtes parce que chez eux l’ethnique est précédé d’un suffixe celtique. Les Bucinobantes et les Tubantes étaient restes sur le Rhin et furent catalogues Francs. Plus loin étaient demeures les Cissiantes de Pomponius Mela I. 13, aux abords du Caucase ou ils avaient du se former. Leur nom indique un mélange avec une autre peuplade, bien connue, d’une tout autre origine Kouchites de l’Inde. Voirchap. Kutchines. En Angleterre on trouvait encore un port et une forêt du nom Il existe une ville Irlandaise d’Antrim. Le nom des Kantii est un autre dérive de cet ethnique. Je crois fort que tous ces Antes d’Angleterre et les autres tribus similaires arrivées avec eux comme les Belges Pelasges sont le peuple des Gobelets des anthropologues Anglo-Saxons, mais ce point mériterait d’être éclairci. En Belgique des noms de localités comme Anciennes, Anderlues, en Suisse des Andeer, Andels, Andelfingen, en France des Andance, Andarge, Andelle, Andeville, Andlau Andelot, Andelys, Andernos, Andezène, Andilly ; en Espagne des Andaras, Andelo Andiou, Andavina, Andouin, Andorre, la Sierra de Andia et le Mont Ariduz, la rivière un peuple d’Andosini entre l’Ebre et les Pyrénées, et enfin la région de Y Andalousie, pour leur dernier passage, jalonnent les régions qu’ils traversaient et qu’ils peuplèrent. Il faut y ajouter, comme variations un peu différentes sur le même thème,, des noms comme Brig an tia Bregehz Brigantio Briancon Brigantium La Corogne, Brigoetium Villabrazaro en Espagne Anderitum Javols capitale des Gabali, Andematunnum lingonum Langres, Vendée, Vendôme… etc. Les Antes sont considérées par les écrivains slaves Niederle. Manuel de l'antiquité slave etc comme l’un des principaux éléments constitutifs du monde slave, bien que les dérivés de leur nom ne s’y rencontrent plus guère, et en tout cas pas plus qu’en France, en Angleterre, en Afrique. Mais c’étaient les derniers débris des Antes passes depuis longtemps dans l’Ouest, fort mélangés et fort différents sans doute de ceux-ci. Les Slaves sont un complexe ethnique qui s’est créé à une époque donnée, au VIe siècle de notre ère, dans un pays donné, les plaines de l’Europe orientale, et dans des circonstances données, caractérisées par le mélange des dernières tribus arrivées du Nord-est et du Sud-est. Il en est de la formation des peuplés comme des opérations culinaires. Le dernier marmiton venu sait que les œufs sont la base d’une multitude de préparations tontes fort différentes d’aspect et de saveur, suivant le tour de main et les ingrédients étrangers souvent entrés en minime quantité qu’on leur adjoint. Des tribus toujours les mêmes, mélangées en proportions diverses, et dans des habitats différents, ont formé des nations douées de leur individualité et de leur langue propre. Les Antes qui sont entres en composition avec les Celtes, Pelasges, Goths dans la formation des peuplés do l’Europe occidentale ont formé les Slaves en recevant au milieu d’eux, les Serbes de HScirpa Volga, les Ourous de YOuroutchi Amour les Polonais de la Poloui Obi les Croates de la Krouta Obi. Leur nom générique propre était peut-être lui dérive par métathèse de celui de la Salva affluent de la Toura Obi a moins qu’il ne soit de récente formation. D’autres tribus qui les rejoignirent quelques siècles plus tard comme les Bulgares de la Volga et les Magyars du lac Madjaï ne sont plus comptées comme Slaves. Les Antes ont-ils traversé le détroit de Gibraltar des leur première ruée ? Comme ils sont arrives d’autre part sur la rive Sud par la Berberie, ainsi que nous allons le voir, la question ne saurait être résolue en l’absence de tout renseignement historique. Étant donné l’esprit d’entreprise qu'ils ont manifesté partout, il y a quelques chances pour que ceux qui arrivèrent en Espagne aient passé de là en Berberie, et que réciproquement ceux de Berberie aient passe en Espagne ? Nous pouvons en avoir la certitude morale. Je repars maintenant avec eux sur une autre ligne d’invasion, tout à l’opposé. Ils descendirent en effet droit sur l’Inde. Au Turkestan russe il y avait une ville dont l’homonyme se retrouve dans la péninsule hindoue avec des Anclanagar, Andéah, A'ddicottci, les iles Andamcin des nomenclatures modernes, une ville et un peuple Pline VI. 67. Ici une question se pose que je ne puis résoudre formellement. Les Audi du Caucase sont-ils les débris du premier exode qui, n’ayant pu suivre les autres ou repousses par quelque tribu plus puissante, s’y sont refugiés en attendant des jours favorables ? Des quantités de peuples, de tribus, de simples fractions venues de la Haute Asie ou de l’Asie méridionale sont ainsi restés en arrière des autres dans cette course effrénée vers l’Occident. Ou bien au contraire ces Audi sont-ils venus de l’Inde avec la multitude des Kouchites et des Dravidiens qui ont fini par se refugier dans la grande barrière qui sépare l’Europe de l’Asie. Je crois plutôt a la première solution, mais en tout cas il a du en partir de l’Inde qui ont abouti en Berberie, car nous retrouvons le nom même des Andaroe avec sa déformation indienne dans les généalogies berberesque nous allons examiner et YAnzanie des anciens leur a du sans doute son nom. Il y avait aussi des Andères dans la baie d’Adulis. Le troisième itinéraire par le Caucase a en tout cas laissé des traces séparées des deux premiers. Maspero indique des Andiou à l’époque de Sargon entre la Caspienne et le lac d’Ourmiah. Pline indique en Arabie des Antéens et des Antidaléens VI. 32. Je crois que le nom des une des grosses tribus arabes du Nord vient de cet ethnique ; ce sont peut-être les descendants des Anzanites. A Babylone il y eut un dieu Anton Mésopotamie. Delaporte p. avec une déesse parèdre Antci que nous retrouvons aussi en Égypte aux cotes du Dieu Antzi Antée. Nous voici arrivés sur la terre d’Afrique. On remarquera que je ne me suis pas occupe de l’Egée ni de la Grèce ou fourmillent cependant les noms commençant par la même racine. Il faudrait des volumes pour les examiner et discerner les noms composés avec l’adverbe Anta » ou la préposition Anti» de ceux qui ressortissent a notre ethnique. Il serait surprenant qu’il n'y en ait pas eu dans le nombre. On sait en effet que Jornandes considérait les Antes comme des Gètes et ceux-ci comme des Scythes. Une partie des Gètes ayant gagné l’Afrique sous le nom de Gétules, leur nom ethnique a du laisser des traces dans l’onomastique grecque. En Égypte il y eut un dieu prépharaonique Anzti qui d’après la tradition, aurait été tué par Hercule; suivant ce qu’en dit M. Moret Le Nil et la civilisation égyptienne il était fort ancien. En même temps à l’extrémité oppose de la Berberie, la fable plaçait un autre tombeau du même personnage. Je vois dans ces mythes la trace du passage d’envahisseurs Antes qui dominèrent la Berberie à un moment donné. Ils apparurent sans doute à l’époque néolithique avec un armement nouveau, peut-être avec le cuivre qui leur assura la supériorité qu’ils eurent incontestablement. Ils étaient vraisemblablement brachycéphales ou tout au moins mesaticephales en raison de leur origine et c’est peut-être a eux que sont attribuables certains cranes ronds, dont l’indice s’élève jusqu’a 91 d’après Chantre, qu’on a trouve dans les tombeaux les plus anciens de l’Égypte. Les légendes anciennes ne permettent pas de douter du rôle prépondérant qu’ils ont du jouer pendant un certain temps et de leurs luttes avec des envahisseurs arrives après eux. Les généalogistes Berbères enregistraient dans leurs listes deux tribus d’Anclarci que je suppose venues de l’Inde comme je l’ai dit plus haut ; l’une appartenait à la grande branche des Addaca, l’autre a celle des Aourigha. Mais en outre il y avait des Antita Addaca et des Antata Aourigha Ketama. On ne retrouve pas trace à l'époque actuelle de ces tribus et c'est une des raisons qui permettraient de croire qu’il est passé beaucoup d’Antis de Berberie en Amérique. On trouve cependant encore des Dou Anclas a Takitount et des Andjera au Maroc autour de Tanger, siège de la puissance du fabuleux Antée. Parmi les tribus voisines et alliées des ointes on retrouve naturellement en Berberie, comme partout, les Avares au premier rang. Pour eux il est facile de se rendre compte qu’il a du en arriver par Gibraltar, car l’ethnique s’était conservé à peu près intégralement dans les noms des deux évêchés romains dans celui et Dira Cyrénaïque et dans la province dite Abaritana noms non identifiés ; au contraire Avaris ville d’Égypte ou les Iiyksos s’installèrent et ou ils résistèrent pendant longtemps contre les habitants du pays était devenue Hoouara ou Haouara sous l’effet de la phonétique chamito-sémite. Les Hoouara que je retrouverai au paragraphe Huares ont rempli du bruit de leur résistance aux envahisseurs arabes, toute la Berberie et on trouve de nombreux débris de tribus qui portent encore leur nom. Il semble que de ce cote-la ils étaient arrivés par l’Arabie. Notons encore les tribu quinquegentienne qui lutta vaillamment contre les Romains, dont le nom, dérive de celui des et que nous retrouvons d’ailleurs en Europe Bavière, correspond peut-être a celui des Bawalales du Caucase et des Bavaridas du Venezuela. Comme tribus des nomenclatures modernes, il ne subsiste plus que les Chemala de Duperre correspondant aux Tchamalales des Andis caucasiens et aux Tecamachalcos du Mexique. A l’intérieur du continent africain on trouve une région sur la rive gauche du Niger peu après sou coude, au dessus du Djerma Ganda ; elle est occupée actuellement par les Touaregs. Dans les iles Comores et à Mayotte la caste aristocratique porte le nom A Madagascar il y a plus d'une vingtaine de tribus des plus importantes, dont les noms commençant par les préfixes Andes.., Anti.., Anta… etc, me paraissent avoir l’origine ethnique que j’étudie, Je crois avoir démontré l’identité des Anti du vieux monde et des Anti du nouveau. Il reste à examiner s’ils sont partis d’Afrique ou d’Europe. Je penche pour la première hypothèse mais a vrai dire les preuves sont minces localisation des Anti américains dans le continent austral, disparition presque complète du nom ethnique de ce peuple en Berberie, présence des Bavares et des Chemela Berbères a l’époque romaine. Voila tout. Sur les Anti d’Amérique nous avons les renseignements de divers explorateurs qui parlent d’eux avec sympathie et les considèrent comme supérieurs a bien des tribus avoisinantes. P. Marcoy lui-même Tour du Monde 1864 I. 210, dans ses caricatures outrancières et impitoyables des Indiens d’Amérique, épargné dans une certaine mesure les Antis sont bien proportionnés, de formes élégantes et sveltes d. De Quatrefages, à propos de la famille Antisienne 60 attire l’attention sur ces tribus blanches et barbues, de taille bien proportionnée. Cette survivance de caractères spéciaux semblerait bien indiquer que la migration qui amena les Antis ne consistait pas en individus isolés, mais était assez nombreuse. Leur importance sociale était telle sous l’Empire des Incas que l’une des quatre provinces dont il se composait portait le nom d’Antisuya et était relie à la capitale Cuzco par la route de l’Antisuyu. Actuellement ils paraissent avoir diminué de nombre mais forment une tribu encore vivace, habitant sur l’Ucayali affluent de l’Amazone, parlant un dialecte de la langue la plus répandue de l’Amérique du Sud, l’Arawak, et divisée en plusieurs tribus dont les noms ne correspondent d’ailleurs aucunement a ceux des tribus de leurs ancêtres du Caucase. C’est a eux que me parait du le nom de la chaine des Andes et je signalerai encore deux faits qui ne sont peut être que de simples coïncidences mais que je ne crois pas devoir omettre. Il existe dans les Andes de Bolivie une haute montagne volcanique voisine de la Paz et du Lac Titicaca, le Mont Illimani 6410 mètres. Il rappelle non seulement par son nom mais par sa silhouette le Mont Illamane qui couronne le massif africain du Hoggar, la montagne la plus caractéristique du Sahara. Ce mot d’Illamane serait le pluriel légèrement altéré du mot berbère Alrem qui veut dire chameau et qui est suivant moi d’origine ibère Aklem d’après Klaproth. On sait d’autre part qu’une des quatre espèces du genre Auchenia, les camelides de l’Amérique du Sud, s’appelle Lama. C’est un des rares animaux domestiques propres a l’Amérique et comme il habite les Andes on peut se demander si ce ne sont pas les Anti qui lui ont donné le nom du chameau et ont entrepris sa domestication en arrivant en Amérique. Je ne donne bien entendu cette indication que sous toutes réserves, car il ne s’agit plus ici d’un nom ethnique. Il se pourrait donc que ce soit quelque autre tribu de souche berbère comme les Ibères voir a Jibaros qui ait apporté ce nom. Un point reste dans le doute par suite de la présence simultanée en Espagne et en Berberie de nombreuses populations d'Antis. Il est clair qu’ils ont pu aussi bien s’embarquer en Espagne qu’en Mauritanie. J’estime cependant que la puissance des traditions relatives à Antée sur la terre d’Afrique fait pencher la balance en faveur de Tanpour s'y établir. Le Géographe Ptolémée signalait de son temps une province d’Ariace sur la cote occidentale de la Péninsule. La science moderne a bataille de si belle manière sur cet ethnique qui s’appliquait primitivement à un peuple bien déterminé qu’elle a fini par en modifier entièrement la signification. Actuellement il s’applique a tout un groupement linguistique, celui des langues européennes et il n’a plus d’autre sens. Il y eut cependant autrefois en Germanie d’après Tacite une tribu d’Arii, et les anciens nous ont laisse les noms des Arizantes Medes et des Aricispes de l’Araehosie. Enfin les Votiaks portent le nom d’Ari que leurs donnent leurs voisins Tatar. Il semble que comme pour beaucoup d’ethniques, ce nom ait eu en même temps une signification propre, en tant qu’adjectif signifiant noble, ce qui explique que nombre de peuples aient voulu se l’appliquer, qu’il soit entre en Grèce dans la composition d’une quantité extraordinaire de noms propres, et qu’il ait été transporté de cette manière jusqu’en Océanie, ou la caste des Arii et Aréoi que l’on retrouve en diverses iles pourrait peut-être indiquer la présence d’anciens envahisseurs blancs. La déformation spéciale de l’ethnique Aria en Ariana ne se retrouvant qu’en Berberie et en Amérique il semble que c’est par la première de ces régions qu'il a gagné la seconde, avec d’autres noms de même provenance. 6. —ATURES Les Atures du Venezela et de la Guyane portent aussi le nom d’Adoles. Ce sont les Aturaï de Deniker, les Atoraï de Rivet qui les classent dans le groupe linguistique des Arawak. On y rattachera les noms des Atoraïs et Aturaris du Brésil et des Aturru-berrenais du Venezuela. La recherche de ce nom nous offre encore une de ces difficultés habituelles aux peuples que Ton rencontre à la fois en Espagne et en Berberie. En Berberie on sait qu’il y eut à l’époque romaine des Austuriani, Astur, Astrices, qui reparurent à l’époque byzantine. En 3B3 suivant Ammien Marcellin ils bloquaient Aea Tripoli et pour les combattre le Général Romanus avait demandé aux citadins de cette ville qui réclamaient son intervention un convoi de chameaux. Plus tard ils avaient du encore prendre plus d’importance car l’évêque Corippus dans son poème de la Johannide désigne souvent l’ensemble des rebelles sous le nom comme s’il était celui de la principale des tribus insurgées. On a voulu identifier ce peuple avec celui des Touareg Azdjer; mais ceux-ci étaient, déjà a cette époque, beaucoup trop loin du littoral. C’est plutôt aux Aezari de Ptolémée que je les rapporte Voir plus loin Azagaros. Il ne reste d’ailleurs aucune trace de cet ethnique en Berberie sauf peut-être le nom des Attouri fraction des Beni Ouaguennoun de Kabylie. Malheureusement nous en avons tout autant en Europe. Il y avait en Espagne des Asturicini qui ont donné leur nom à la région dite l’héritier de la Couronne d’Espagne porte le nom de prince des En Gaule l’Adour s’appelait Atur ou Aturius et le peuple qui vivait sur ses bords Atures. J'ai admis celtique des Touareg que les Asturiens de la Tripolitaine étaient venus d’Espagne parce que je retrouvais à la fois en Berberie les Asturiens, les Cynetiens et les Celtes d'Espagne, mais on trouverait pour les premiers des preuves du contraire que je n’en serais pas autrement surpris. Pour les Celtes, devenus les Touareg de nos jours, la possession de la javeline toute en fer, arme spéciale a l’Espagne, lève tous les doutes, mais cette preuve maitresse nous manque pour les deux autres tribus. Quant a leur origine première on doit je pense la trouver dans l’Inde ou existent encore des noms du type Ajouras, Asta, Astée, Attore, Attoor Rennell. En remontant vers le Nord-Ouest ils auraient donné leur nom aux Assyriens Strabou XVI. 1. Suivant les mythologues européens, les Athurs constituaient le premier démembrement de la famille de Japhetca qui les identifierait ou tout au moins les apparenterait au peuple de Gomer, s’il est toutefois permis de tirer des conséquences sérieuses de ces élucubrations. En tout cas il y avait en Asie Mineure, dans le Latium en Italie, en Aquitaine et en Espagne, quatre rivières qui portaient le nom d’Aslura avec des villes où des peuples portant des dénominations dérivées de celle-là . Cette particularité indiquerait une origine touranienne, mais je ne trouve pas ce nom dans l’hydrologie sibérienne à moins qu’il ne soit dérivé d’Ater. On doit remarquer la terminaison en ures de ce nom ethnique qui se retrouve dans ceux des Silures, Ligures, Etruriens, Illyriens. M. Philippon Peuplés primitifs de l’Europe donné à ces suffixes une origine ibère. Il s’agit la de tribus voisines et parentes des ibères, mais non ibères elles-mêmes et ce suffixe me parait indiquer le passage de tribus venues du Caucase au milieu de touraniens, déjà installes avant elles dans les Balkans, car je le crois touranien et non ibère. Quoiqu’il en soit je pense que les Atures sont bien venues de l’Est en Amérique, mais qu’il est difficile de distinguer dans l’état actuel s’ils sont partis d’Espagne ou au contraire de Berberie. Je ne répéterai plus l’ensemble des considérations qui me font croire comme pour les Antis qu’ils ont du plutôt venir de Berberie. Il en sera de même pour tous les cas de ce genre. 7. — AURAGAS Les Auracas ou Auracos du Brésil et les Oracas ou Mombanes du Venezuela, rappellent le nom de Yaurès montagne célèbre de la Berberie dont le nom fut apporté des plaines du Danube sans doute par les Gétules, mais l’identification de ces vocables n’apparait pas assez nettement pour que j’en puisse faire état. Il y eut dans les généalogies Berbères des branches importantes actuellement disparues comme les Aitrebci ou les les Béni Aoureth mais il est fort possible que ce soient des noms eponymiques, car le préfixe Aou signifie enfants de» et a la valeur de Beni ou d’Oulad. Le mot Aourir appliqué à des villages de Kabylie est aussi entièrement fréquent. Je n’insisterai donc pas sur ce nom. 8. — AVAVARES Les Avavares ou Avaraes ou Avares du Texas portent sans contredit le même nom que les célèbres Avares dont j’ai déjà parlé a propos des Antis. Je ne les mentionne donc ici que pour mémoire et pour adjoindre a leur nom ceux plus altérés des Avales de l’Equateur, Avalos de la Nouvelle-Galice, Avanos du Venezuela, Avaranos ou Alvaranos de la Floride, Avaravanos caraïbes du continent, Avaricotos ou Avarigotos du Venezuela, Averianos ou Avirianos du Venezuela, Ghavavares du Venezuela etc. J'ai déjà exposé que les Avares, fidèles compagnons des Antis étaient arrives en Europe et en Afrique, à une époque antéhistorique qui parait assez reculée. Si l’identification des tribus indiennes d’Amérique avec celles du vieux continent parait indéniable, en revanche la détermination de l’itinéraire suivi par elles Afrique ou Europe reste incertaine. Ce n’est que pour celles de leurs fractions dont le nom a subi une altération réellement berbère que la certitude devient absolue. Un groupement secondaire des Avares dont les nomenclatures caucasiennes nous donnent le nom est celui des Salataves ; son nom parait représente par celui des Salteba ou Jalteba du Nicaragua. Pour tous détails complémentaires le lecteur pourra se reporter aux paragraphes Antis et Huares, ce dernier nom étant celui des Avares modifie par la phonétique Africaine. 9. — AZAGAROS Bien plus significatif que le précédent est celui des Azagaros, tribu de la région de Cuzco, au Pérou. Il reproduit en effet le nom de la province maritime de Tetouan jusqu’à l’embouchure de Sebou, qui porte le nom d’Azghar. C’est devenu au Maroc le synonyme de plaine». On trouve encore des Azougar dans la commune mixte d’El-Atia. Enfin, Une branche des Touareg du Nord porte le nom transcrit par certains auteurs sous la forme Ajjer. On doit a mon avis les identifier avec les Æzari de Ptolémée. Le fait qu’il les place un peu plus à l’Est qu’ils ne sont actuellement ne saurait faire obstacle à cette identification, car on reconnait toujours et partout en Berberie, un glissement continu des collectivités de l’Est vers l’Ouest. Le contraire n’est que l’exception. Ce sont je crois, ces mêmes Azdjer ou Ajjer qui, pourchasses dans leur pays par les Romains et Byzantins, s’enfoncèrent dans le Soudan où ils sont, connus sous le nom d’Azer D'après M. De la fosse, c’est à eux qu’est du le peuplement tics villes d’Oualcita, Tichit, Chingueti, Nema, Araouan, Taou denni. Ils sont devenus noirs et on les classe comme Soninkes. Un auteur arabe, Sadi, qui transcrit leur nom Azger semble les considérer comme des Berbères venus du Nord-est. Je reconnais dans les Azdjer des émigrés du Caucase ayant apporté avec eux le nom de Yadjarie, région montagneuse qui se trouve a l’Est du port de Batoum et ou coule une rivière d’Adjaris Tskhali. Dans la Perse antique le nom d’Azgares. Était portée par la caste royale des Pichdadiens, descendants des anciens monarques. Enfin pour en finir avec ce terme, il existe en Espagne, dans la vallée de l’Ebre, une ville Je pense que ce nom a été apporté la par les envahisseurs musulmans. Mais je n’en répondrais pas, car certains noms français comme Azerat, Azereix, etc, offrent encore matière à doute. C’est toujours cette même dualité des lignes d’invasion de l’Est à l’Ouest qui obscurcit ces questions. 10— AZTLANTECAS Le nom d’Aztlantecas est synonyme au Mexique de celui des célèbres on les nommait ainsi parce qu’ils étaient originaires du pays d’Aztlan. Si je le mets en tête de ce paragraphe c’est parce que c’est lui qui se rapproche le plus des mots Atlantes-, Atlas, Atlantide. Je rattache à cette même racine ATL de nombreux vocables qui la renferment et qui désignent des tribus très diverses ; elle y est tantôt préfixée, tantôt incorpore on suffixée, parfois complètement altérée mais néanmoins suffisamment reconnaissable pour qu’on puisse convenir que les indiens d’Amérique l’ont volontairement fait entrer dans leurs noms. En voici la liste par ordre alphabétique. Alatecas du Nicaragua. Atalalas ou Atalas de l'Argentine, nomades de langue Guaykuru. Atlacachimecas, du Mexique central. Colotlanes, du Mexique Jalisco. Cuitlahuacas du Mexique, branche des Aztèques. Guitlatecos ou Cuitlatecas ou Huitlateeos du Mexique. Cuscatecos ou Guscatlecas de San Salvador. Dagalantes tribu Guaranie de l'Argentine. J’attire l'attention du lecteur sur le préfixe Dag que l’on trouve couramment chez les Touareg ou il est synonyme de fils de non seulement dans des mots véritablement eponymiques, mais aussi dans des désignations qui sont peut-être des reliquats tolemiques ou des surnoms, comme par exemple Dag Ouan Talieli mot à mot les enfants ceux du roseau massette ». On remarquera aussi que le T median de la racine a disparu, ce qui se reproduit chez d’autres peuples. Huytlapatanecas ou Toltecas ou Tullanos, nation célèbre du Mexique. Matlatzinga ou Matalcingos- du Mexique Tarascos. Nahuatlacas ou Nahualtecas ou Nahuatlaques ou Nahuales, Naliuas, Nahoas des États-Unis, du Mexique et du Guatemala, qui seraient descendants des Shosbones des États-Unis, suivant certains auteurs. 1 Tlaxcaltecas du Mexique et de>*an Salvador. Utlatecas, Mayas du Guatemala d’origine tolteque. Watlalas des États-Unis du Nord Rio Colombia. Wuatlaîas, fraction de Chiuook des États-Unis du Nord. Xicantlas, Apaches du Nouveau-Mexique. Au Mexique la racine ATL entre dans la composition d’une foule de noms de toute espèce. Prise isolément elle signifie eau ». Il n’est pas douteux que ce phonème si rarement employé dans le langage des autres peuples et si dur a prononcer est en relation avec le nom de l’Atlas. Je ne serais pas surpris que l’ethnique, Nahoas ou Naltuas qui s’est ainsi transformé, sous l’influence de la phonétique apportée par les Atlantes, représente le nom patronymique des Noachides, les descendants de Noé ou Noah, qu’on ne retrouve pas ailleurs sous sa forme primitive, transporte en Amérique par des essaims venus de l’Ouest, mais je ne puis donner cette indication que comme une simple hypothèse. On sait qu’en Afrique le terme Atlas avait aux temps anciens le sens qu’il a encore pour les géographes modernes. La population berbère actuelle l’ignore complètement. Il a été transformé en Adrar qui a pris le sens général de montagne et l’Atlas proprement dit s’appelle Deren ou Divin. D'on venait ce mot Atlas ? Hérodote nous l’apprend IV. 49 dans sa description du Danube. Ce fleuve avait comme principaux affluents, descendant du Mont Hoeraus Balkans et se jetant dans la partie inferieure de son cours, l’Atlas, l’aurès et le Tibisis. Voila le seul enseignement positif que nous ayons. Le reste n’est que fable, souvent charmante, mais absurde, incohérente et contradictoire. La mythologie grecque ne peut que nous égarer. Pourquoi a-t-on si généralement escamote cette donnée essentielle? Le vieil Hérodote nous dirait c je le sais, mais je ne veux pas le dire et il convient de faire comme lui cependant cette première notion est encore confirmée par l’existence de deux iles grecques appelées Atlanta, l’une dans le golfe d’Eubée, l’autre dans le golfe Saronique a l’entrée du détroit de Salamine. Elles s’appellent maintenant Talantonisi. Il y avait de plus un peuple de Taulantiens au Nord de la Grèce en Illyrie. En recherchant dans les régions situées plus au Nord les noms qui s’apparentent à celui d’Atlas on découvre entre l’Obi et l’Ienissei une rivière Atloen Pallas IL 114 ; elle est sur la route qui mène de la Lena, point de départ des Avaro-Andiens aux plaines de l’Europe orientale. Ailleurs le nom désert sale de Lycaonie au Sud-ouest d’Angora et celui d'Atlit, localité de la cote phénicienne un peu au Sud de Jaffa peuvent jalonner une des routes de migration des Touraniens vers l’Afrique. Le nom d’une ile norvégienne au Nord de Stavanger, Alleo, nous donne un renseignement du même genre. Tout cela ne présente aucune importance pour la recherche qui m’occupe. On pourrait aussi se demander si le nom d’Atlas n’est pas une altération par métathèse de celui des célèbres monts Altaï, mais cette hypothèse est également de peu d’intérêt. Les plaines qui forment la bordure méridionale du bas Danube Ister, étaient encore du temps d’Hérodote occupées par les Gètes, prédécesseurs et peut-être ancêtres des Thraces qui en furent un démembrement. C’est de la qu’ils partirent pour émigrer en Afrique à une époque et dans des circonstances inconnues pour y former le peuple des Gétules fils des Geles. Le suffixe Ul oui est touranien et signifie fils. Il est donc vraisemblable que dans leur exode ils étaient mélangés à des Touraniens, car ils venaient personnellement de l’Inde où il existe encore des Djats dans les vallées des tributaires de l’Indus. Ces touraniens étaient sans doute, on va le voir des Avaro-Andiens. Avec eux ils transportèrent en Afrique le nom des vallées qu’ils habitaient. Le nom de Yister est devenu sous la forme Itzer le nom berbère générique de tous les cours d’eau de la Kabylie ; beaucoup de rivières algériennes portent aussi le nom d’Isser. Aurès est maintenant encore le nom d’un important massif montagneux. Les rivières qui le traversent ont pris des noms arabes, de sorte qu’on ignore quelle était celle qui lui a autrefois donné son nom suivant l’usage primitif des Berbères, conserve encore chez les Touareg. On sait qu’une rivière, sa vallée et les montagnes qui la bordent portent ensemble le même nom, quitte à en changer à chaque detour. Le Tibisis des anciens ne se retrouve pas dans la toponymie actuelle, mais ce devait être le Bou Sellam, principal affluent de l’Oued Sahel, car il y avait à sa tête un Castellum Thibuzabelum P. Message Afrique Chrétienne 330. Quant au nom de Vallas, à part ce que nous en savons par les anciens, rien ne rappelle plus son nom en Berberie, sauf les quelques vocables que voici. Il y a dans la commune de Berrouaghia d’après Bertholon et Chantre des Béni Atlili. Il existe dans celle de Takitount une fraction de Allai-Aïssa et a Djidjelli des Mellelia. Il y a en outre deux localités de Metlili dont une oasis importante au Sud du Mzab, un Djebel Metlili au Nord de Biskra. Tlemcen doit-être aussi rapproche de ces vocables. Enfin au Cameroun existe un Mont Allantilca, dans le nom duquel la phonétique nègre a remplace le T, dur a prononcer, par un redoublement du L. Au Maroc il est possible que ce nom se soit conservé dans quelques fractions Berbères. C’est ainsi que chez les seuls Guelaya du Rif, voisins de Melilla, on trouve des Aid Talavtil, des At-Tlaten, des Aid. Tlata et des Ahl Ectlat. Il semble, d’après cet exemple, que depuis la conquête arabe, les vestiges de ce nom ont pu s’évanouir sous des à peu près arabes roulant sur le mot Tleta» le mercredi, troisième jour de la semaine, qui sert souvent pour designer le jour de marche d’une région. Dans le cas dont il s'agit le nom de Talantit empeche toute confusion M. Becerra. La région des Guelaya. BSG Oran III 1909. J’ai dit plus haut que le groupe de consonnes TL se trouve rarement dans les langues humaines. Les trois stations où on peut le reconnaitre sont les suivantes 1° Caucase. Les dialectes avare, andi et dido parles dans le groupe avaro-andien se font remarquer par leur richesse en consonnes ; l’avare en possède 43 ; et ils ont une prédilection marquée pour les consonnes géminées. D’après les petits vocabulaires recueillis par Kloproth, le TL y est en très grand nombre. Dans le dialecte Andi le terme qui désigne l’eau est Hatlen » très rapproché de Atl » mexicain. Mitli signifie soleil en Andi et bélier en Dido et en Antsoukh. J’ai déjà montre précédemment que les Avaro-andiens étaient arrivés, au cours de leurs migrations a l’extrémité de la Mauritanie. C’est sans doute avec les Gétules qu’ils y parvinrent et les anciens Atlantes n’étaient sans doute que les Gétules Occidentaux. 2° Afrique australe. On trouve encore le même groupe de lettres chez ces peuples de l’Afrique australe ou j’ai signale l’arrivée de migrations touraniennes. Chez les Betchuanas il y a des Batlatlis, des Matlatsa ; chez les Basoutos des Makatlas, des Bamosetlas, Bamatlares, Batlapis. Livingstone. Cette région a donc du recevoir des Avaro-andiens. 3° Mexique et Amérique centrale. La famille linguistique Uto-Aztek qui comprend les groupes Chochone, Pima-Sonora, Nahuatl. Langues du Monde. Rivet et quelques autres langues apparentées comme le Kuitlatak et le Maya présentent les mêmes particularités. On doit donc admettre pour elles aussi une influence avaro-andienne et il s’agit de déterminer si elle leur est arrivée par le Nord de l’Asie ou par l’Afrique. Le cas n’est pas embarrassant car nous avons pour nous tirer de doute, les noms d’autres peuples que nous allons examiner a leur rang et qui démontrent d’une façon certaine que des Berbères ont bien traversé l’Atlantique Barcas, Guancbas, Huares etc en partant d’Afrique. La diffusion prodigieuse, à l’Ouest de la mer des Antilles, du phonème Atl parait plutôt le fait d’une collectivité d’émigrants que d’un petit nombre d’individus. Il est entre en combinaison avec les ethniques les plus divers, a en outre envahi la toponymie et les langues de cette région et s’est même répandu fort loin vers le Nord et le Sud. Or on le recherche vainement en Asie Orientale tandis qu’on peut le suivre dans sa marche depuis les confins de l’Asie mineure jusqu’aux rives de l’Océan Atlantique. C’est du Caucase ou il s’est formé dans les idiomes rauques du Daghestan qu’il a gagne l'occident. Les Atlantes des anciens l’ont porte en Amérique. On conçoit fort bien que certains savants aient cru pouvoir rechercher ces Atlantes en Amérique, la ou leur nom s’est maintenu si vivace, s’ils n'ont pas pris la précaution d’envisager l’ensemble des mouvements de peuplés qui se sont produits entre les diverses parties du monde. Voir Berlioux ; les Allantes, p. Pour ma part, je souscris à certaines des propositions de Berlioux Oui, il y a eu un peuple d’Atlantes dans la région de l’Atlas marocain ! Oui, ces Atlantes sont allés en Amérique ! Mais lorsqu’il prétend en déduire que l’Atlantide n’a pas existé et que la terre de ce nom n’est pas autre chose que l’Atlas, je ne puis plus partager son opinion. Nous ne savons rien de positif sur cette Atlantide, que le peu que nous apprennent les géologues et les naturalistes ; il est possible que nous soyons mieux renseignés par la suite lorsque le fond des Océans sera mieux connu. Tous les récits fabuleux des mythologues et de Diodore doivent être rejetés, mais cela ne nous autorise pas davantage à rejeter en bloc la présence aux temps anciens d’une grande ile ou d’un archipel interposés entre le vieux monde et le nouveau. Que les Allantes aient pu se rendre en Amérique sans qu’il existe une Atlantide, le fait n’est pas douteux, mais il s’explique encore mieux dans toute sa plénitude, si elle a réellement pu les aider en leur fournissant les escales nécessaires. Il n’est pas sans intérêt de jeter un coup d’œil récapitulatif sur les principaux éléments qui ont contribue à former le célèbre empire des Aztèques et d'examiner quelle était leur provenance. Il n'était pas encore bien cohérent lorsque la conquête espagnole le détruisit, et ce fut précisément ce manque de cohésion qui accéléra sa perte. Peut-être que les Atlantes, c’est-a-dire les Berbères, représentés par les conquérants Aztèques, Aztlantecas seraient arrives a la longue à fusionner ces tribus venues de tous cotes, mais on ne saurait l'affirmer, si on considère qu’en Berberie, il n’a jamais pu se former un état quelque peu homogène et durable. Pour cet examen, je ne chercherai pas à suivre l’ordre dans lequel Beuchat et les autres américanistes font arriver les divers peuplés du Mexique. Je commencerai cependant avec eux, par les Tullanos ou Toltèques. Leur point de départ était la vallée de l’Obi, où existe une rivière ou celle de Tienissei, ou l’on trouve une Tola Voir chap. § Tulas. Ils avaient atteint un degré de civilisation avancée, sans doute a' la suite d’un contact prolonge avec des émigrants Berbères, a ce qu’il semble, d’après les ruines qu’ils ont laissées au Mexique et au Yucatan. Leurs caractères somatiques s’étaient aussi fortement modifies et ils étaient de tout point fort supérieurs aux autres tribus venues des mêmes régions qu’eux et qui leur succédèrent. Je veux parler des Chichimèques, des Tarasques et Michoaques originaires de la vallée de l'Obi rivière Chickiomak, Taras et Mich. Je dois à ce propos modifier ce que j’ai dit précédemment des Tarasques, que j’ai classes parmi les émigrants d’Ibérie. Le fait que leur nom est synonyme de celui des Michoaques, implique, suivant toutes probabilités, un cheminement par l’Occident, ou les deux peuples étaient voisins, et une destinée commune. Cette homonymie mexicaine et européenne n'en est pas moins très remarquable, comme preuve de la conservation des ethniques touraniens. Elle montre aussi que Tarasque n’est pas un mot ibère. Quant a l’ethnique Mich, il a pu être aussi transporte en Ibérie par les migrations pélasgiennes, et je crois le retrouver dans la petite localité de Mijas, non loin de Malaga, mais il ne parait pas avoir eu l’extension des dérivés de Taras et je le négligerai. Au Mexique, au contraire, ou il est venu du Nord-Ouest, on le retrouve dans les noms de Mixes ou Mijes des Mixtecos ou Mixtekes, ou Miztecos et des Mixcohuas comptes parmi les Cliichimèques. De Sibérie encore venaient les Utes et les Utah Oute de l’Obi, les Olmèques et les Totonaques Olma et Toutounga de l’Ienissei ies Tenochchas et les Zapatèques Tcliona et Zip a de la Lena. On ne saurait davantage avoir de doutes en ce qui concerne les Chalcas, dont les homonymes Khallchas constituent encore un grand rameau des des Mongols. Bien que l’étymologie de leur nom soit moins nette, les Goztatecas Kouza de l’Ienissei, les Cholultecas Chola, a l’Ouest des Monts Oural, les Colhuas, dont le nom est de formation Kouchite, semblent être venus des mêmes régions. Les Hopi ou Moxi au nom chinois, et les Otomi au nom japonais avaient une origine plus méridionale. Les Pimas, nation plus sauvage que les précédentes, dont un démembrement homonyme est parvenu chez les Mossi du Soudan devaient aussi venir de Sibérie. Divers noms comme ceux des Chochones» s'ils ne viennent pas de la Tcliona Lena, des Huaxtèques, des Nahuatls restent obscurs. Il est d’ailleurs assez naturel que dans le nombre des appellations nouvelles aient été forgées. Pour les émigrants de l’Ouest, on n’a plus les mêmes facilites que pour les Touraniens. Il semble cependant que les noms des Guachichiles est une déformation de celui des Guanches des Canaries et que celui des Mazahuas est aussi d'origine berbère Voyez chapitre les paragraphes consacrés a ces noms. En outre comme je l’ai fait remarquer le foisonnement de la syllabe ATL serait incompréhensible sans l'intervention d’une nation suffisamment nombreuse et puissante pour avoir pu l’introduire dans le pays où elle arrivait. Même si le nom d’Aztlantecos et autres plus déformés ne l’indiquaient nettement, l’arrivée des Berbères de l’Atlas dans le golfe du Mexique s’impose au raisonnement. Ils ont influe non seulement sur la formation des langues mexicaines, mais sur la formation des peuples et leur civilisation. Nous savons par exemple, que les Tlaxcaltecas avaient divinisé un héros à la peau blanche et aux cheveux blonds .f. Genest. Histoire des peuplés Shoshones-Aztèques p. Et c’étaient cependant, on doit le noter, une nation ennemie des Aztèques proprement dits. Il reste d’ailleurs à compter sur la possibilité des migrations européennes dont j’ai déjà parlé au chapitre III et qui dans la circonstance pourraient être représentées par les Pipiles, si toutefois ceux-ci ne se trouvaient pas dans le même cas que les Tarasques ce que je n’ai pu déceler jusqu’ici. Avant de passer a l’examen d’un autre nom, j’appelle l'attention du lecteur sur l’énumération qui précède. De pareilles séries sont pleinement rassurantes sur la réalité de la potamonomastique touranienne et sur les résultats que l’on doit attendre de son étude, lorsqu’elle sera plus développée, pour la recherche des migrations humaines. Le nom des Tarasques est des plus suggestifs à ce dernier point de vue. Il est très fâcheux que les inventions mythologiques grecques, les fantaisies généalogiques Sémites et l’égocentrisme européen, aient en bien des points obscurci les notions qu’elle nous apporte si généreusement. Je rappelle enfin que la trace puissante qu’ont laissé les Atlantes dans l'Amérique centrale et au Mexique ne peut guère s’expliquer si quelque terre ne s’est pas trouvée la comme point d’appui. Il en est de même pour les migrations européennes dont j’ai relevé les traces au chapitre 11 — BABURES Les Babures dont le nom se transcrit aussi Bobures, Boburios, Bubures sont une nation indienne du Venezuela. On peut y rattacher plusieurs autres noms plus ou moins corrompus comme ceux de Baifoiri du Brésil, des Paparos de Panama, Paireres du Venezuela, Pupuruis de la Guyane Française, et autres qui peuvent en être dérivés. Je rapproche de cet ethnique celui de Babor en Algérie. Nous avons une grosse tribu de ce nom dans les montagnes de la petite Kabylie au nord de Sétif dans la commune de Takitount. A cote d’elle mais dépendant de Djidjelli, sont les Tababort dont le nom est celui des Babor, berberisé régulièrement au féminin. On trouve encore des fractions de Tabbourt chez les Beni Ghobri de Fort-National et les Nezlioua de Dra-el-Mizan. Enfin j’ai vu les ruines d’un ancien village berbère appelé Babor, au sud de Khenchela, a l’entrée du Djebel Chechar qui est une annexe du massif de l’Aurès, Le Père Mesnage transcrit ce nom Babar et pense qu’il s’agit de l’évêché non identifie de Babra Afrique chrétienne 253 404. Dans l’Hindoustan il existe un village de Babor sur la rive gauche du iavi à deux journées de Jurninoo et on y trouve les ruines encore imposantes de temples dédiés à Ganesa, le dieu à tête d’éléphant Baron Ernouf. Cachemire et petit Thibetbk. On est la dans le pays des Dogras qui sont representés en Algérie par une fraction de ce nom appartenant aux Souadek de Conde Smendou, un peu au nord de Constantine. Il ne semble pas douteux pie l'ethnique Babor venu de l’Himalaya en Berberie, a passé avec les Berbères dans l’Amérique du Sud, et peut-être de la dans l’Amérique du Nord, car il y a au Mexique un pueblo habité par les Tepehuane Opata-Pima qui porte le nom de Baborigame Hodge. En raison des nombreuses relations qui ont existé entre le Mexique et les contrées plus au sud, ce fait ne me semble pas en opposition avec ce qui précède. L’ethnique Babor me semble une altération du nom même des Berbères dont l’origine indienne me parait assurée. J’ai développé ce dernier point ailleurs et il serait trop long d’y revenir ici. Je me contenterai donc de dire que je partage sur ce sujet, l’opinion du géographe Ritter que les récentes découvertes de l’ethnographie africaine viennent chaque jour renforcer. Les Origines orientales des Berbères. B. S. G. A. II 1927. 12 — BAQUETIAS Aux Baquetias, tribu du Venezuela, je joins les Abacates et Abacatiares du Brésil et les Abacoas des iles Lucayes. Je les rapproche du nom de trois tribus africaines indiquées par Ptolémée les Baguâtes de Maurétanie, transcrits aussi Bacouates par d’autres auteurs, les Ouacouates ou Vacuates de la même région et enfin les Bnouâtes de la tripolitaine. Il plaçait les premiers dans le Rif actuel et peut-être qu’il faut y voir les BokJcoya dont je vais m’occuper un peu plus loin voir Bucoyas. Les seconds étaient un peu plus au Sud peut-être dans la région de ce poste de Boccanon qu’il indique et dont j’ignore l’identification actuelle. Quant aux troisièmes ils se trouvaient d’après lui entre les Nasamons et les Auschites. C’est un des rares noms donnés par Ptolémée qui concordent en quelques points avec les données des auteurs arabes et des nomenclatures modernes ; il mérite donc d’être note avec soin. En même temps ce fait nous apporte un nouveau témoignage du glissement des tribus Berbères vers l’Ouest, car les derniers ont disparu de Tripolitaide sans laisser de traces. Enfin il y avait des Vaccoei dans l’Espagne Tarraconnaise. Mais le nom de ces derniers se rapproche moins bien de celui des indiens d’Amérique que ceux que nous a laissés Ptolémée. Quoiqu’il en soit la concordance des ethniques Baquetias et Bacouates n’est pas douteuse. On remarquera a ce propos qu’une grande quantité de noms Berbères qui nous frappent en Amérique se trouvent groupés au Venezuela qui est précisément la région ou ont du normalement aborder les Berbères jetés en Amérique. 13 — BARCAS J’arrive à une tribu tout particulièrement intéressante, car on peut suivre les traces qu'elle a laissées sur sa route depuis l’embouchure de l’Indus jusqu’à l’Océan Atlantique. Les Barcas sont, d’après M. Gabriel Vergara Martin, une tribu nombreuse habitant sur le rio Branco et même sur le rio Negro dans la Guyane brésilienne. Je dois dire que je ne trouve pas leur nom dans la nomenclature dressée par M. Rivet dans les Langues du Monde, de sorte qu’ils ont, je le suppose, des synonymes que j’ignore et que ne donne pas l’auteur que je suis, contrairement a son habitude. Sur l’Indus, les anciens nous signalent, en face du delta du fleuve, une ile de Baraké Ptolémée et dans le delta même une ville du même nom. Justin. Cette dernière est encore indiquée par Pottinger sous le nom de Berça. Sur la cote de Malabar, on trouve actuellement trois localités dénommées Borcalore, Barcelore et Baccalore Rennell. Le suffixe lore est très fréquent dans les villes de cette région. Dans l’ile de Trapobane existait un fleuve Barakès Ptolémée. La localisation de toutes ces appellations semble indiquer un apport kouchite. La station suivante ou je retrouve une ville de Barka est sur la rive méridionale de la mer d’Oman un peu au de Mascate. J’attire l’attention du lecteur sur ce fait qu’elle est située dans la région ou s’est formée la race Phénicienne et où existent plusieurs localités portant le même nom de Sour Tyr que les Phéniciens ont transporte sur les rives asiatique et africaine de la Méditerranée. Il est clair que si ce nom de Barca était dû à une fantaisie des conquérants espagnols ou portugais, tout ce paragraphe serait sans utilité. De la comme la plupart des autres peuples qui passèrent dans ces parages, les Barca essaimèrent dans différentes directions. Il y a chez les Rohalla d’Arabie un ksar Barca. Il existait des Barcaniens en Hyrcanie Lydie ; un mont Barkhal séparait l'Arménie de la Mer Noire ; en Medie il y avait une ville de Barcuê. Plus loin dans la direction de l’Europe nous ne retrouvons qu’une ville de Berka en Thuringe ; tout au moins l’ethnique a-t-il été transforme de telle sorte qu’il n’est plus reconnaissable Vercelli, Verceil etc. Sur la rive méridionale de la mer Rouge il existe un pays de Barka ou Baraka arrosé par un fleuve du même nom dont l’embouchure est un peu au sud de Souakim. Sur cette même cote un village de la Somalie italienne plus au Sud-est, dans la tribu des Disso se nommé Barcadlé. La cataracte du Nil est dominée par un Djebel Barkal qui se trouve justement sur la route qui mène du pays de Barka a la Cyrénaïque. Enfin a l’embouchure du Nil la ville de Ptolémaïs avait porté autrefois le nom de Barcé. Nous arrivons enfin a la ville de Barca en Cyrénaïque qui a rendu ce nom célèbre. En suivant cet ethnique nous saisissons bien nettement l’itinéraire qu’ont pu suivre, avec les Barcéens, toutes les autres tribus qui se sont rendues de l’Inde en Afrique. Il n’est donc pas nécessaire d’invoquer l’existence de la Lemurie ou d’une terre quelconque qui aurait servi de pont entre ces deux régions. Cela ne veut pas dire qu’elle n’ait pas existé; je dois même dire qu’il y a bien des raisons d’y croire, mais les détroits d’Ormuz et de Bab-el-Mandeb, même s’ils n'ont pas été a certaines périodes exondes, sont faciles à franchir, fut ce par des primitifs ou des navigateurs timorés. C’est je crois Hérodote qui a le premier signale Barca en Tripolitaine. Il attribuait sa création aux Battiades de Cyrène c’est-a-dire a des Grecs qui s’y serait établis au sixième siècle avant notre ère. Oric Bates a fait remarquer avec raison que ce nom n’est pas grec et que par conséquent il existait déjà antérieurement une localité de ce nom, sur l’emplacement que ces grecs choisirent pour s’y installer. De Barca dépendait une autre ville voisine de la Cyrénaïque, Tocheira Hérodote IV. 171. Le nom de cette localité venait aussi de l’Inde il existe une ville de Tukeira au nord de Laknow Rennell Nous retrouverons aussi ce nom en Amérique chez les Indiens de l’Equateur ou une tribu porte le nom de Tuquerres. Elle appartient a la confédération des Quillacingos ou Quillas. Ce dernier mot signifie parait-il lune » en langue Quichua. Barca n’était-elle pas une colonie phénicienne ancienne ? Nous en avons deux indices d’abord le fait que j’ai signalé plus haut à propos de son homonyme de la cote d’Oman ; puis l'existence de la célèbre famille des Barca de Carthage qui tirait son origine de là . Elle était sidonienne et descendait du roi de Tyr Belus. Silius Italicus L’histoire nous apprend que les Barca transportèrent eu Espagne le nom qu’ils portaient en le donnant à la célèbre ville de Barcalo ou Barcino devenue la Barcelone moderne. De cette dernière ils tirent leur nom très vraisemblablement Barcellos vieille ville portugaise sur le Cavado, Barca d’Alva sur le Douro et toutes les Barcelone et Barcelonnette de France. Des colonies de Barca la Cyrénéenne je passerai sous silence la ville de Bactriane qui s’appelait Barce et qui fut fondée par des Barcéens déportés par les Perses, vers 414 avant notre ère, après un siège de neuf mois qui avait fait tomber la ville africaine entre leurs mains. Mais il y en a d’autres, vers l’Ouest, qui m’intéressent davantage bien que nous soyons moins fixés sur les circonstances de leur création. Dans les montagnes des Ouderna tunisiens un peu à l’est de Douirat, existe un ksar des Béni Barka qui dépend du caïdat il a des représentants éparpillés un peu partout dans les tribus du nord de la Tunisie ou ils forment des fractions portant le nom de leur village natal. Auprès de la ville de Ghat est une petite oasis de Barakat habitée par des Touareg cultivateurs et sédentarisés, les Kel Barakat. Cela veut-il dire que le sang des Barceens de l’antiquité soit entre dans la composition de la race targuie ? C’est fort possible mais rien n’établit d’une manière positive cet apport qui dut de toute manière, être assez minime. Notre ethnique se retrouve encore dans les Barkat ou Berkat de la commune de l’Oued Marsa, et dans les Barkata de Palestro, sans compter d’autres noms ou il est plus altéré et que je laisserai de cote. Dans l’extrême Sud, il y a au Touat, près de Deldoun, un Ksar Barca qui nous indique sans doute la direction suivie par les émigrants qui créèrent un autre Ksar Barka dans la région du Tagant en Mauritanie Sénégalienne. Les ruines de ce Ksar mauritanien présentent d’après Desplagnes Le plateau central nigérien fig. 229 l’aspect des ruines Berbères que Ton trouve sur l’oued Itel, ancien séjour des Gétules. Elles présentent cette particularité que les coins des bâtiments construits en pierres sèches soigneusement ajustées sont arrondis, sans doute pour empêcher leur destruction trop facile par des béliers cognant sur des angles plus facilement altérables. Je suis porté à croire que ces deux derniers Ksour datent des premières invasions arabes et de l’abandon de Barca la cyrénéenne par ses habitants. Les auteurs arabes, El Bekri en particulier, nous apprennent en effet que ces gens, qu’ils désignent sous le nom de Barcadjenna, s’enfuirent en partie dans les régions de Ténès et de Tiaret, ou leur nom et même leur souvenir ont disparu entièrement, et en partie dans la région d’Aoudaghost ou se trouve précisément le dernier Ksar que j’ai mentionné. Enfin pour terminer je rappellerai que Polybe place sur la cote de l’Atlantique un mont Barca qui se terminait par un promontoire nommé Surrentium. Il se trouvait au nord du fleuve Palsus, limite septentrionale des Ethiopiens Perorses. Cette vague indication n’est corroborée par aucun autre auteur. J’en veux d’ailleurs retenir ce seul fait que le nom de Barca était allé jusqu’à l’Ouest du Maroc. Il y avait peut-être eu la une colonie phénicienne de ce nom sur le bord de l’Océan Atlantique. A quelle époque l’a-t-il franchi ? Est-ce seulement après l’arrivée des musulmans ? Ou faut-il plutôt croire que c'était longtemps avant, en même temps que les représentants des autres tribus Berbères à l’époque pharaonique ou même avant. Dans l’incertitude et en raison du manque de tout indice probant il vaut mieux s’abstenir. J’ajouterai enfin que le vocable Barca a diverses significations qu’il est bon de connaitre. En langue arabe il veut dire assez » et son emploi est fréquent dans l’usage courant. C’est en outre un nom propre porte spécialement par les nègres. En Espagnol barca signifie barque». L’importance de l’ethnique Barca est extrême, s’il est bien établi qu’en Amérique ce n’est pas un sobriquet d’origine portugaise. Comme il est étroitement rattaché en Berberie aux origines phéniciennes, il en résulterait que les Phéniciens auraient bien réellement atterri en Amérique d’une manière ou d’une autre, comme l’affirment bien des auteurs qui paraissaient avoir exagéré dans ce sens, sans avoir beaucoup de preuves a l’appui d’une hypothèse très vraisemblable en elle-même 14 — BAVARIDAS Les Bavaridas ou Vavaridas habitent au Venezuela. Je les ai déjà mentionnés a propos des Antis en faisant remarquer que leur nom correspondait à celui des Bawalales qui font partie des Avaro-Andiens du Caucase. 1 Onfroy de Thoron Les Phéniciens à Vile d'Haïti et sur le Continent américain. Les vaisseaux d ’Hiram et de Salomon au Fleuve des Amazones. Ophir, Tarschich et Parvaïm. Je ne connais pas ce livre. De Paravay. Origine japonaise, arabe et basque des peuplés chibeha du Plateau de Bogota p. → et Voir aussi dans le Bulletin de la Société de Géographie d’Alger 1899, 1901, 1909, diverses communications de M. Calleja a ce sujet. Nous ne trouvons pas trace en Berberie de ces Baïualales, mais nous savons qu’il y eut des Bavares. Leur existence nous est certifiée par une inscription trouvée a Aumale et ou ils figurent. Ils faisaient partie de ces mystérieux Quinquegentiens qui ont apparu subitement dans l’histoire et ont disparu de même. C'est contre eux que combattit le comte Theodose au IIIe siècle, Ammien Marcellin XXIX, chap. Mais il se pose ici une question embarrassante. Ce nom de Bavares ou Baouares n’est-il pas une altération du nom des Babor modernes, qui existent encore maintenait dans cette même région, et que j'ai signalés un peu plus haut ? Ou bien est-ce une modification du nom des Avares, déformation phonétique ou mauvaise lecture. Dans Ammien Marcellin, on trouve énumérés cote a cote des Baouares et des Bavares. Si on tient compte d’abord de la répétition exacte de ce nom de Babor dans l’Inde, en divers points de la Berberie et en Amérique, voir § Babures, puis de ce fait que le nom des Avares en Berberie s’est transformé habituellement soit en Abares soit en on sera porte à admettre la première solution, et des lors les identifications proposées, soit pour le nom d'Avares soit pour celui des section des Andi caucasiens n’existent plus. Les noms européens Bavière, autres dérivés du mot Avare doivent être mis de côté, étant semble-t-il apparus a une date beaucoup plus récente. Quoiqu’il en soit de la version que l’on adoptera, le point essentiel, qui est l’origine berbère de ces noms de Bavares, Bavaridas ne parait guère douteux. 15 — BEGUAS Les Beguas ou Beguaes sont une tribu du Paraguay à laquelle j’associe les Bugas. Les Peguas, les Bejoleas de Colombie, les Bagures de la Nouvelle Grenade, les Mbeguas de l’Argentine etc. Cet ethnique moins facile a suivre que beaucoup d’autres me parait être le même que celui qui a fourni le nom des Bedja de Nubie, de la ville de Béja en Tunisie, de Bougie en Algérie. Mais pour plus de sureté je vais le prendre plus loin. Il y eut dans l’Inde aux temps védiques, des tribus de Bliodja, Bhotya ou Bhoda dans le nord de l'Inde ; c’étaient sans doute des Thibetains car le nom propre du Thibet est Bod. Il n’en reste plus à l’heure qu’il est, d’après Vivien de Saint Martin, Études sur la Géographie et les populations primidu nord Ouest de l'Inde, p. → et suiv. qu’une tribu du nord du Bengale les Bèdes, qui habitent au pied des montagnes de Sikim vers les lieux ou les épopées indiennes nous montraient des Bhodha Ce peuple était regardé comme anaryen, et son nom avait la signification de barbare. D’autres noms de tribus du nord de l’Inde reproduisent a le même radical avec de légères modifications dans la prononciation vulgaire tels sont les Bhâts ou Batârs de l’Himalaya népalais, les Bhatu du Pendjab et de l’Indus inferieur et surement d’autres encore. Toutes ces tribus du nord et du nord ouest, appartiennent aux populations de race thibetaine ou djafce et une partie d’entre elles occupe précisément le territoire qu'Hérodote, d’après ses informations d’origine perse assigne à ses sauvages Padeens Padaioi à l’est du Tharr ou desert. Les chroniques rajoutées et les anciens auteurs musulmans connaissent les Boudeki ou Bodha, la même ou Hérodote place ses Padeens, et ou les documents actuels mettent les Bhatti ou Batti. Les prononciations provinciales ou les transcriptions étrangères varient à l’infini les noms de peuples ou de tribus ; mais a travers ces variations, le thème primitif reste toujours reconnaissable. En suivant à la piste notre ethnique, nous trouvons d’abord dans diverses parties de l’Inde des noms de localités comme Bajapour, Bajetpour, Beddapollam, Beddigan, Biddanore etc., puis en Arabie à la partie de l’Hadramaout une ville de Beda parfois transcrite à tort El Beida la blanche. Une autre ville de Bedaa se trouve en outre sur la cote méridionale du golfe Persique. C’est donc aussi par le détroit d'Ormuz qu’ont passé les peuples porteurs de cet ethnique important. Au Caucase une ville ruinée d’Abkhazie Bedia et les nations des Bedjouks de la même région et des Boudoughs du Daghestan semblent indiquer le passage d’un essaim de ce peuple dont relèvent peut-être aussi certains noms français tels que Beddes, Bedée, Beganne, Bègues, Beguey, Beguios. Je donne sous toutes réserves ces rapprochements qui mériteraient un examen minutieux et je retourne en Afrique. Le peuple des Bedjas ou Bejas que j’ai déjà nommé est actuellement confine sur la rive orientale du Nil, mais il parait avoir eu autrefois une bien plus grande extension puisqu’on leur appliquait le nom de qui semble appartenir en propre aux peuples de la région de Bilma, au sud ouest de Tibesti. Une des principales tribus des Bedjas est celle des Bichari dans le nom desquels certains auteurs voient une altération de l’ethnique général de cette nation. Ce sont des nomades aux traits fins, aux formes élégantes, mais assez noirs de teint. Ils portent pour toute coiffure, une abondante chevelure ébouriffée qui se retrouve sous la même latitude jusqu’à l’Atlantique sauf chez les Touareg voiles et qui me parait un signe de race très caractéristique. Vers l’Occident, ce peuple parait s’être sédentarisé et modifie sur le littoral ; je trouve en Tunisie la ville de Béja Vaga précédemment indiquée et un Ouadi Badja. Dans la banlieue de Tunis il y a une Badja el dans la région de Teboursouk une localité de Bejar ou Bedjar Vazari des Romains. Beaucoup d’autres noms tunisiens sont formes sur le même thème. En Algérie outre la ville bien connue de Bougie Saldoe des Romains. Bejaïa des Arabes nous rencontrons au nord de l’Aurès les ruines d’une ville ancienne de Baghaï ou Bagai qui a joué un certain rôle dans l’histoire de cette région. La table de Peutinger, nous indique au sud ouest de Tripoli des Bagi Getuli peu connus, qui tiraient peut-être leur nom de cette localité. A l’heure actuelle nous trouvons des Baghaï chez les Harakta, des Beghagcha et des Beghaïdia dans la commune de Gassaigne, des Beghadid a Ammi-Moussa, Zemmora et Renault des Beghaoun à Nedroma, des Begaïria à Frenda, des Begagaid a Saida, des Bedjeir a Mila. Peut-être les noms de Bogluir et Bourar l’endroit de la grotte masquent-ils sous un calembour arabe, une autre variation de cet ethnique. Citons encore dans les tribus arabes ou arabisées des fractions dont le nom, soi-disant eponymique, ressortit peut-être à notre ethnique Oulad Beda des Oulad Abdi de l’Aurès, Oulad Bedda de l’Oued Cherf, Oulad Bedjirci de Msila, Oulad Baha de Tablat, Renault, Aine Mlila etc. Au Maroc cet ethnique a du passer, bien qu’il n’en reste pas trace, car il existe dans le sud du Portugal une ville de Bejâ, et en Espagne, a l’ouest de Madrid, une ville de Béjar, noms apportes sans aucun doute par des Berbères. La transformation du D en DJ. J. G., suivant la phonétique des peuplés, variant au cours des âges et des localités, enlève quelque netteté a l’identification des Beguas américains avec les Bedjas nubiens et autres peuplés africains. Il semble néanmoins qu’elle ne saurait être repoussée. D’autres noms ethniques tels que ceux des Bottes en Cyrénaïque et des Bokkoya du Maroc paraissent d’ailleurs pouvoir être rattaché a la même racine, mais comme les transformations subies par elles ont été franchement divergentes, je vais les traiter a part. 16 — BOTOS Les Botos ou Votos du Nicaragua sont aussi appelés Indiens de Pocosol. D’autres noms voisins peuvent y être rattachés comme ceux des Betoyes et Betas de Colombie, Betajes du Paraguay, Betomas du Venezuela. Il y avait en Berberie des Botouïci qui étaient soit, des Darica de la branche des Zenata, soit des Sanhadja, d’après les généalogistes Berbères et arabes. En outre les auteurs anciens nous ont appris qu'il y avait des Bottes en Cyrénaïque. On sait qu’ils rattachaient ce nom a celui du Thereen Battus fondateur de la dynastie des Battes ou Bottes qui régna longtemps a Cyrène. Ce sont les récits mythologiques et fabuleux, auxquels on n’attachera pas trop d’importance, si l’on considère qu’il y avait aussi des Bottes ou Bottiées en Macédoine et en Crête. En somme cet ethnique me parait se rattacher au nom de Bod c’est-a-dire du Thibet comme je viens de le dire pour le précédent. Ptolémée connaissait des Batoi dans l’Inde et une ville de Bata dans le Dekkan un peu au nord est de Madura ; dans la région du Gange il y avait encore une ville de Batanagra. Dans l’Inde moderne cet ethnique s’est conserve et Rennell y indique des Batacola, Bâti, Betah, Betty ah, Butty. Il s’est répandu plus à l’Est car il y a des Battas en Malaisie. Dans la Berberie on trouve actuellement encore des Bettioua ou Bethioua a Arzew, a Renault et a Cacherou ; des Botouia a Attia Philippeville ; des Batti a Medea ; des Batoum a Clauzel ; des Batoun a la Calle ; des Batha a la Sefla et a Talcitount ; des Batat Lahmar a Bordj bou Arreridj ; au Maroc il y a des Beni-Batas a l’Oued Zem. La phonétique des Indiens de l’Amérique du Sud affectionnant tout particulièrement la voyelle O, la transformation subie par cet ethnique n’a rien de surprenant, et ce que je dis du précédent et surtout du suivant me parait donner une grande vraisemblance a son passage direct en Amérique. 17 — BUGOYAS Les Bucoyas ou Biminis étaient les habitants de hile Bacoya du groupe des iles Bahama ou Lucayes. Ils étaient remarquables comme plongeurs. Ce fut la première population découverte par Colomb et elle a complètement disparu. On peut rattacher à ce nom ceux des Bacaraes de Colombie, des Bocaos de l’Argentine, des Boyacas de Colombie, des Boccas du Brésil, Bucuyenos de la Guyane brésilienne, Becahuas du Pérou etc, qui en sont peut-être des déformations. Lors de la conquête espagnole, un des districts de Cuba portait le nom de Boyuca. Ce nom me parait très vraisemblablement être celui des Bokkoya du Maroc. Ce que j’ai dit des deux noms que je viens d’examiner précédemment me dispensera d’entrer dans de longs détails à ce sujet. Si nous cherchons d’ou venaient ces nous reconnaissons qu'ils figurent dans les auteurs arabes comme une branche des Berbères du Maroc dont je viens de parler. Slane transcrit ce nom Bacouia, mais il serait très possible, que l’auteur arabe ait voulu l'écrire tel qu’on le prononce actuellement Bokkoya. Il ne saurait d’ailleurs y avoir aucune erreur sur leur identification. C'étaient des frères des Beni Ouriaguel du Rif qui ont acquis une certaine notoriété par leur résistance aux Espagnols. Les Bokkoya du Rif étaient d’intrépides marins et des pirates. La déformation de l’ethnique Botouïa en Bokkoya, parait être bien berbère. M. G. Mercier dans une étude sur La Langue lybienne et la toponymie antique de l’Afrique rapproche leur nom de celui de la Bacchuiana gens tribu tunisienne de l’époque romaine qui vivait au sud de Medjez el Bah P. Mesnage 52 a l'emplacement actuel du Henchir bou Djelida. Mais il semble d’après les généalogistes arabes, très sujets a caution il est vrai, que ce nom aurait pris naissance au Maroc et s’y serait localise. C'est précisément ce qui rend très intéressant le fait qu’il se retrouve avec cette déformation spécifiquement marocaine, non loin des parages ou le courant équatorial pousse naturellement les bateaux venant de l’Est vers l’Amérique. 18 — BUYAZOS La tribu des Indiens Buyazos ou Buyasas habite le centre de la Cordillere du Mattogrosso au Brésil. Je les identifie aux Byzes des auteurs anciens qui donnèrent leur nom à la province romaine appelée Byzacène. Pour reprendre de plus haut l’itinéraire suivi par eux je partirai de l’Inde. On sait que l'une des quatre castes fondamentales de l’Hindouisme est celle des Vaisya qui doit sans doute son appellation à quelque nom de tribu ancienne du même genre. Ptolémée y signalait de son temps une ville de Vigyadurga transcrit par les Grecs Byzantium. D’autres survivances de cet ethnique figurent encore dans les nomenclatures de l’Inde Visiapour, Visapour, isagapatam, ishianary, Vizianayrcim, Vizicinagur Vizraby Rennell. Elles nous assurent de l’importance ancienne de cet ethnique. Il s’est répandu non seulement en Afrique mais en Europe ce qui nous place encore dans la même alternative que pour plusieurs autres noms précédemment examinés. Suivons d’abord la route du nord ; il y avait un peuple de Byzères au voisinage de la Colchide, et une ville de Biz en Ibérie. Notons encore Bisoutoun localité célèbre par son inscription trilingue, les Bisaltes tribu ancienne de la Macédoine orientale, les Bistones autre peuple de la même région fixe sur les bords du Bistonis lacus golfe de la cote Thrace, Bizone, Bizya villes de Thrace et la plus célèbre de toutes, Byzance notre Constantinople actuelle. Fidèles a leur principe de descendance eponymique, les Grecs prétendaient qu'elle avait été fondée par un certain Byzas de Megare 667 ans avant notre ère. C’est d'ailleurs très possible car les ethniques et les noms propres étaient dans l’antiquité, surtout chez les Grecs, fréquemment inter changés. Plus loin en France nous voyons Besançon Visontio Béziers et Bize près de Narbonne et des quantités d’autres noms bâtis sur le même thème et dont je ne vois pas d’étymologie spéciale dans les ouvrages de Longnon et de Dauzat, comme Besain, Beuzec, Bezandun, Bezolles, Bouze, Bouziès, Bouzy, Buzeins, Buziet, Buzy etc etc. Passons en Afrique. Nous avons déjà noté la Byzacene partie méridionale de la Tunisie actuelle. On y trouvait une ville de Byzaeium siège d'un évêché dont l’emplacement n’a pu être déterminé d’une manière précise mais qui existait encore au VIIIe siècle. Il me semble que les Zygantes d’Hécatée et les Gyzantes d’Hérodote indiques par eux dans cette même région devaient être les Byzes ou Byzantes dont le nom avait été estropie. Ils avaient laissé en route d’autres tribus de leur nom car Strabon indique des Byzacii près des Asbystes, Ptolémée des Bouzéens situes au nord de Siouah au voisinage des Ogdemiens et des Adyrmacliides. Ces noms sont visiblement en relation avec celui de la Byzacène. Les nomenclatures modernes de la Berberie n’en conservent plus guère de traces. C’étaient semble-t-il des sédentaires qui ont du être absorbés par les invasions consécutives. Je relève seulement comme pouvant s’y rapporter une petite sous-fraction de la région de Beja nommée les Aezaoutia, en Algérie les Bou Azane des Eulma et les Bou Azem de Taher, et enfin aux Haha du Sous marocain les Ida ou Bouzia. Rien de bien net au demeurant. L’identité de tous ces noms avec celui des Buyazos américains, et ce que l’on sait du caractère entreprenant des Byzes de l’antiquité, m’amènent à croire que ce peuple a du envoyer un essaim en Amérique avec les autres Berbères. Il ne semble pas que cette tribu sur laquelle on a d'ailleurs peu de renseignements ait pu venir soit par le Nord-Ouest du continent américain, soit par l’Europe. 19 — GAMBAS J’ai déjà parle plus haut des Indiens de Bolivie appelés Gambas ou Campas, à propos de leur autre nom Antis. Autant je suis persuadé que l’ethnique Anti est venu de Berberie, autant j’ai au contraire la conviction que l'ethnique Gamba est venu de l’Indo-Chine. Mais comme on le trouve sous toutes les formes possibles en Afrique et même en Berberie, je suis amené à l’examiner ici en détail pour justifier de cette opinion. Au nom des Gambas doivent aussi se rattacher ceux des Cambais ou Gambis de Colombie, des Gambebas du Brésil, des Ghamas du Venezuela, des Ghamacocos du Paraguay et de la Bolivie, des Ghambiras du Brésil central. Il y a aussi une ville de Chambas dans la vallée du Pilcomayo et une autre de Las Ghambas au milieu de Pile de Cuba, mais ces deux derniers noms sont d’origine espagnole. Le mot Chamba veut dire chance » dans cette langue. L’importance de cet ethnique est extrême et il mérite d’être examine avec quelques détails. C’est en effet un dérivé du nom même de Cham fils de Noé dans les généalogies sémitiques et on s’accorde à reconnaitre que l’Afrique a été peuplée de Chamites Hamites des sémitisants modernes Nous allons pouvoir le vérifier en suivant ce nom sous toutes ses formes dans ses principaux parcours. Le point de départ des Chamites se trouve sans doute dans le Nord, car le réseau sibérien auquel je me réfère toujours contient de nombreuses rivières ou se retrouvent les racines Kam et même Kampa Kama du bassin de la Volga Kamaricha de l’Obi, Kampatchi de la Lena, Kampakoura de l’Obi, Kamtchatka de l’Obi et de la Lena, etc. Mais le centre de groupement et de dispersion des Chamites parait être un peu plus au sud dans la partie Est de la Kachgarie d’ou les chassa vraisemblablement la sécheresse. On trouve en Kachgarie une ville de Khami. Le nom du désert de Gobi, le Cliamo dérive peut-être de leur nom. La province orientale du Thibet porte le nom de Khams, et sa capitale est Tsicimdo ou Tchamtou autres variations de cet ethnique. Au Thibet encore le lac Cham, un défilé appelé Khamba-la, une région de Chambi. Je me suis demandé bien souvent, si le mot Sent n’est pas tout simplement une altération de Chain par les peuplades occidentales qui sont devenues les Sémites et qui ont bati sur lui leurs belles généalogies, mais cette recherche intéressante n’a aucune utilité dans le cas présent. Malgré les altérations qu’a subies cet ethnique, suivant le milieu et les circonstances ou se sont trouvés les Chamites, les mélanges de sang qui se sont produits chez eux. Il est assez facile de suivre leur nom, commençant tantôt par K, tantôt par CH. TCH, TS, SI. Pour procéder par ordre nous irons d’abord vers le Sud-est, descendant avec eux les fleuves qui coulent vers la péninsule indochinoise où leurs essaims durent se refugier a maintes reprises. Dans le Haut-Laos il y a un peuple de Chans parmi lesquels on cite une tribu de Khamti ou Hamti qui se retrouve plus à l’Ouest en Assam. Plus bas l’histoire conserve le souvenir d'un royaume de Tchampa qui soutint, avant de disparaitre, de longues luttes contre l’Annam et le Cambodge. Ces Tchampa ou Chamba ou Chams qui ont été étudiés par G. Carpeaux, G. Maspero, et autres auteurs, seraient arrives seulement vers le Ve siècle venant du bassin du Gange et ils trouvèrent devant eux d’autres peuples Chamites descendus directement et longtemps auparavant du Tibet. Le nom même du Cambodge est assez significatif, et il en est de même de celui des Khmers disparus aujourd’hui et du Siam bien qu’ils soient plus altérés. Si l’on compare les sculptures du Bayon d’Angkor à celles de Gopan au sud du Yucatan on est amené à reconnaitre quelles ont été faites par les mêmes hommes. Il y a eu surement une migration de l’Indo-Chine à l’Isthme américaine et c’est elle qui a amené au nouveau-monde des Campa qui par la suite furent refoules plus au Sud. Si je passe aux migrations occidentales des Chamites effectuées au travers de l’Himalaya, je trouve au Cachemire une principauté encore existante de Chamba ou Champa Deniker, 442 ; Baron Ernouf Cachemire et petit Thibet, 4, 291.. On les considère comme des Thibetains. Leur capitale qui porte le même nom est située sur le Raoui, une des tètes de l’Indus en amont de Lahore. Plus loin dans l’Himalaya une ville située sur la route du-Sikkim à Lhassa porte le nom de Kampa Dzong qui est déjà différencié des noms des Chamites occidentaux. C’est de ceux-ci que relèvent les noms du Tchambal ou Chambal, important affluent du Gange, et de la ville de Cliambazar au Bengale. Le faubourg ouest de la ville importante de Bhagalpour sur le Gange s’appelle Champa ; c’est sans doute de cette région que partirent pour conquérir l’Indo-Chine les peuplés dont nous avons parlé précédemment, pendant que leurs frères du Cachemire gagnaient au contraire l’Afrique. Comment s’y prirent-ils pour se rendre au continent africain ? Nous n’en savons rien, car ils n’ont pas laissé de traces bien marquées dans les régions intermédiaires. Les Arabes eux-mêmes, dans leurs listes généalogiques remplies des noms des soi-disant fils de Cham, n’ont conservé aucun autre nom que celui du père même de la race. C’est à peine si on peut noter les Doui Cliambaz de la Mecque, les Cham de Kanneteria et des Béni Chaman Burckhardt. Quant aux Chammar et au Djebel Chammar qui sont peut-être un débris des Sumériens de l'antiquité, leur nom plus modifie parait être venu des plaines de l’Indus. Le nom Arabe de la Syrie Ech Cheham malgré sa prononciation et sa transcription divergentes, parait bien aussi dependre de notre ethnique. En Afrique, je commencerai par ceux qui ont longé droit au Sud, la cote de l’Océan Indien et se sont répandus dans le reste de l’Afrique noire. Il semble qu’ils ont laissé l’Abyssinie et l'Égypte aux Kouchites, leur frères ou peut-être un de leurs rameaux. Au pied du mont Kilimandjaro il y a des Vakamba qui sont classes comme Bantous Deniker 578. Il y a à 5 kilomètres de Bagamoyo sur la Mrina, une localité de Cliamba Gonera. Le nom du Zambèze lui-même Tcliambézi est assez caractéristique. A la pointe sud du lac Victoria, Stanley a relevé une région d’Oiïtchambi et sur le Congo au confluent de l’Ibari une localité importante de Tchoumbiri. A l’est du lac Albert le même explorateur note des Gambaragara qui semblent présenter notre ethnique plus déformé. Leur séjour dans une région montagneuse froide leur a conservé un teint beaucoup plus clair que ceux des peuples qui les entourent. Dans la région du Haut Niari, Maistre a signale des Ba Kamba qui sont peut-être les mêmes que les Ashiras Kambade du Chaillu. Au Congo belge il y a aussi une ville de Bena Kamba. A l’Ouest du Kassai il y a des Ba Samba. Dans la région du Cameroun, Barth a signalé depuis longtemps un peuple de Tchamba qui habite sur les pentes du mont Allantika. Au Togo il y a un village de Charnba, enfin il y a une peuplade du même nom Eschamba qui est comptée parmi les Bassaris du Haut Dahomey. Je pense que ces trois derniers peuples sont venus du nord où se trouvent d’autres Chamba. Pour en terminer avec l’Afrique noire tout un groupe de populations placées à cheval sur le Nil en amont de Boussn, parle une langue dite Kctmbari. Dans le nord de l’Afrique nous trouvons toute une confédération de tribus Chamba qui, elles, se disent Arabes. Nous allons voir ce qui en est, mais je veux m’arrêter un moment pour faire à ce propos quelques remarques sur les résultats extraordinaires produits par les migrations humaines. Comme je l’ai dit plus haut les Chamba du Cachemire sont considérés comme Thibetains, les Tchampa de l’Indo-Chine comme malais ou indomalais, les Kamba de l’intérieur africain comme Bantous, ceux du Cameroun et du Togo comme nègres soudanais et les Chamba de Metlili comme arabes, d’autres tribus plus au Nord et qui me restent à examiner comme Berbères, et enfin les Gambas de Bolivie comme Aiawaks. Ils sont de types absolument distincts et parlent des langues absolument différentes. On peut juger d’après cela de l’inanité de nos classifications anthropologiques et linguistiques pour nous donner une idée de la formation de ces peuplés. En se basant uniquement sur des considérations somatologiques, Sergi a pu affirmer que les Chamitiques n’étaient pas venus d’Asie et qu'ils formaient une espèce propre à l’Afrique Africa. 391. 406. J’arrive à mes Chamba arabes ; comme je leur porte un intérêt tout particulier, on me permettra de m’arrêter un moment sur eux et de les prendre comme exemple de ces transformations extraordinaires. Lorsqu’on s’enquiert de leurs traditions on apprend que leur centre de formation fut l’oasis de Metlili au Sud du pays des Mozabites. Ce nom de Metlili décèle une colonisation avaroandienne antérieure a leur arrivée en même temps que le nom de Chamba, au contraire, indique l’arrivée d’autres émigrants chamites venus du Cachemire. Quoiqu'il en soit vers la fin du XVI siècle de notre ère arriva dans l’oasis de Metlili un groupe de cavaliers arabes appartenant a la tribu des Oulad Mahdi du Hodna qui sont des Beni Amir de la grande confédération des Zorba. Ils avaient quitte leur pays, à la suite d’un meurtre commis par un des leurs, sous la conduite d’un nommé Touameur ben Toullal ; ils se refugierent dans le Sahara ou ils creerent disent-ils, hoasis de Metlili. Ils emmenaient avec eux une chienne slouguia, qui avait nom Anba, et qu’ils ne cessaient d’exciter en lui répétant suivant l’usage cha Anba allons ! Anba. Pour bien témoigner de cette origine arabe à laquelle ils paraissent tenir, les Chamba affectent d’écrire leur nom Chaanba » alors que tout le monde et eux mêmes le plus souvent prononcent normalement Chamba. B est clair d’après tout ce que j’ai dit malgré l’aimable naïveté de cette légende, que la ville de Metlili existait déjà , ainsi qu’une peuplade de Chamba à laquelle ils s’agrégèrent et; dont ils devinrent par la suite l'élément dominateur. Ils étaient voisins de ces Beni Mzab, qui pour une raison et à une époque, inconnues, durent quitter les lieux pour aller s’installer au Maroc, où on les trouve encore, laissant la place libre à ce peuplement hétérogène d’ibadites qui a hérité de leur nom. L’infusion de sang arabe aux Chamba primitifs a donné un essor merveilleux à cette tribu. Elle est encore en pleine croissance et n’a cessé de se developper. Elle a peuplé l’oasis et la région d’El Golea d’ou elle a vraisemblablement expulse les Khenafsa de l’Aouguerout. Ils y portent le nom de Mouadhi qui rappelle leur origine arabe première. Ils ont aussi essaime a Ouargla ou ils jouent maintenant un rôle prépondérant et même a El Oued ou ils ont formé une petite tribu a la fin du siècle dernier. Les Oulad Allouch du Soudan, voisins du Niger seraient des descendants des Oulad Allouch, fraction de Metlili ; leurs chameaux portent encore la même marque. Il y a une fraction de Chamba a Brizina, une autre chez les Oulad Lekal d’Aine Mlila, une chez les Ouertitan de Teboursouk en Tunisie. Ils avaient formé a un moment donné un petit groupement au Maroc autour de Bou Amama, mais je crois qu’il s’est actuellement dispersé. Les Italiens les attirent en Tripolitaine pour les faire entrer dans leurs formations de troupes a mehari et il se formera sans doute, tot ou tard, un petit groupe de Chamba dans ce pays ou à maintes reprises leurs tentes dissidentes ont cherché un refuge. Ce sont les voisins et les ennemis intimes des Touareg ; ils ont conservé le vêtement blanc au lieu des effets sombres de ceux-ci ; toujours en lutte avec eux bien qu’ils leur ressemblent fort a certains égards, ils n’hésitaient pas a l’occasion à se refugier chez eux, a s’y marier et a vivre de leur vie. Après être restes assez longtemps sur le pied d’une méfiance réciproque avec les Français, ils ont fini par être estimes à leur juste valeur et à nous apprécier également. Ils ont été nos plus précieux auxiliaires pour la pénétration et l'occupation du Sahara et ils le seront encore longtemps. Ceux qui les connaissent savent combien ils différent des vrais arabes ; ils n’ont pas les dehors séduisants de ceux-ci, mais leur sont au fond très supérieurs, ne sont pas bluffeurs comme eux mais par contre moins hospitaliers et moins généreux ; ils sont forts intéressés et en même temps fort susceptibles et indépendants ; ils demandent à être menés d’une main experte et légère. Nous avons sur eux quelques observations anthropométriques recueillies par M. Chantre AS. 1910. Leur indice céphalique varie de 74,43 à 78,75 avec une moyenne de 76,84. Ils sont plutôt mesaticephales que dolichocéphales. Leur indice nasal varie de 60 à 72,78 avec une moyenne de 66,95. Leur taille moyenne est de 1,68. II a remarqué que les yeux sont parfois relevés aux coins externes comme chez les mongoloïdes, ce qu’il attribue à l'action du rayonnement solaire et aux vents charges de sable. J’y vois plutôt une confirmation aussi précieuse qu’inattendue de ce que j’ai dit sur leur origine première. Ils peuvent être rapproches, nous dit-il encore, des autres sahariens Tunisiens et Tripolitains, et ils différent comme ceux-ci des Arabes et même des Berbères par leur dolichocéphalie modérée. Le nom des Chamba n’est d’ailleurs pas le seul eu Berberie qui conserve la trace des origines chamites des premiers peuplés au teint clair du pays. Peut-être retrouve-t-on le même ethnique chez les Chaama d’Aine Sidi Cherif, les Chahama d’Ammi Moussa et d’Aine Khial et les Chehama de Remchi, bien que ces noms puissent être dérivés plus directement du nom de la Syrie, chez les Ait Chamène du Haut Sebaou, les Khamdja de Seddrata, les Khamoudja d’Hommam Rhira, les Khamza de la Calle, etc. Tous ces noms sont d’ailleurs assez mal conservés pour rendre ces attributions incertaines et on n’en trouve pas à l’Ouest en Mauritanie. En Europe et en France il y a maints noms construits sur les themes Cham et Chamb. On les attribue à un terme celte camm» qui voudrait dire courbe, tournant, ou plus simplement au mot latin campus, champ. Ils sont tellement nombreux qu’on peut se demander si quelques uns d’entre eux ne masquent pas l'ethnique propre des chamites. Quoiqu’il en soit, les raisons que j’ai données plus haut me paraissent prépondérantes en faveur d’une origine occidentale des Gambas d’Amérique. S’il était toutefois démontré que les noms de Las Ghambas à Cubi et de Chamba sur le Pilcomayo ne sont pas d’origine espagnole, on pourrait envisager l’hypothèse d’une autre migration venue de Berberie c'est-a-dire de l’Est mais je n’y crois pas. Il n’est pas inutile de donner ici quelques etymologies de termes homonymes du nom ethnique étudié. Si Chamba veut dire en espagnol chance, en revanche champa veut dire fumier. Ce terme vient du Pérou. De Colombie est venu en Espagne le mot champan pour designer une sorte d’embarcation. Dans l’Inde on appelle champa l’arbre et la fleur du Michclia Champaca. Cette fleur est jaune et d’un parfum penetrant. Elle est employée pour faire des guirlandes ; on l’offre aux dieux de l’Inde dans leurs temples on compare le teint des belles vierges hindoues à la fleur du champa. En Kazi-Koumouk, dialecte du Caucase, Chammba veut dire trois. En Mingrelien Chamb signifie noir. Chez les Okanda de Iogoue, suivant Marche, Chaamba est l’expression de bienvenue qu’on s’adresse en se revoyant après une longue absence. D’après Pritchard on appelle Schambci dans la langue des Watta les fétiches que ce peuple vénéré. Je donne ces exemples, qui auraient pu être multiplies, pour montrer l’inanité des recherches étymologiques locales pour expliquer les noms ethniques. 20 — CANARIS Les Canaris habitent la Bolivie. A leur nom il faut joindre celui des Canaris ou Canares et une province de Canar dans la République de l’Equateur qui a été sans doute le berceau de ce peuple qui a joué un grand rôle avant l’invasion des Incas. II y avait aussi des Canalas dans la Nouvelle Galice, des Canaguas au Venezuela, des Canamaris au Pérou et d’autres dérivés de cet ethnique. Ils parlaient une langue spéciale portant leur nom et que M. Rivet transcrit Kanari. Le nom de cette tribu évoque immédiatement celui des Iles Canaries, point de départ possible de beaucoup des Africains qui ont gagné l'Amérique. Ces iles devaient sans doute leur nom à un peuple et à une région du continent voisin. Pline l’Ancien nous apprend en effet que vers l’an 40 de notre ère, Suetouius Paulinius, général romain, ayant franchi l’Atlas à la poursuite de rebelles africains, arriva dans un pays habité par le peuple des Canariens. On les appelait ainsi dit-il, parce qu’ils vivaient comme des chiens, et partageaient avec eux les entrailles des fauves. Ce passage est d’ailleurs interprété parfois d’une manière différente et leur nom viendrait de ce qu’ils se nourrissaient de la chair des chiens et d’autres fauves. Cette dernière version est d’apparence plus vraisemblable. On sait qu'un grand nombre de populations Berbères affectionnaient la chair de chien et de chacal. Maintenant encore cet usage, reste répandu dans le Sud, en dépit des efforts que firent les Perses, puis les musulmans pour l’interdire. La viande de chacal passe notamment pour un fortifiant énergique, une sorte de panacée, et est consommée par beaucoup de Berbères bons musulmans, qui n’osent plus manger de chien. On peut consulter à cet égard un article intéressant du docteur Bertholon Exploration anthropologique de Vile de Djerba Anthropologie. Tome VIII p. et la Description de l'Afrique Septentrionale d’El Bekri. Ce dernier auteur nous apprend que les Almoravides nouvellement convertis, tuaient les chiens partout ou ils les rencontraient en haine de cette coutume reprouvée par l’Islam et n’en gardaient jamais aucun parmi eux. C’est peut-être d’Afrique qu’a été importée en Amérique la cynophagie. Les Péruviens élevaient une variété spéciale pour la consommation, Yallcu, mais on ne saurait affirmer que cette coutume leur venait des Berbères africains car les Chinois et d’ailleurs toutes les populations du Nord de l’Asie et de l'Amérique la pratiquent également depuis longtemps. En réalité l’explication de Pline n’est qu’un simple calembour, ce n’est pas du mot canis, que vient le nom des iles Canaries et des Canaris d’Amérique, mais bien du peuple indien des Kanara répandu sur toute la cote de Malabar. Venus en Afrique avec les autres envahisseurs partis de l’Hindoustan, ils ont atteint l’Océan Atlantique. On appelait et on appelle encore chez les Maurès de l’ouest du nom vague de Ganar, le pays saharien qui s’étend le long de l’Atlantique en face des iles Canaries entre le Soudan et l’Atlas. Il existe encore une fraction de Gannara chez les Beni Urdjine de la commune de Morris. Il est possible que le royaume soudanais de Ghana lui doive aussi son nom adouci par la phonétique nègre. Les Kanara indiens sont d’ailleurs un peuple dravidien c’est-a-dire de teint fonce et il est vraisemblable que ce sont eux qui ont peuplé l’Oued Draa. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir le moindre doute sur l’origine des Canari d’Amérique. Ils sont bien venus de Berberie. 21 — GARIANAS Cet ethnique présente une grosse importance car c’est le nom même des célèbres Cariens de l’antiquité qui vivaient en Asie Mineure. En Amérique, ou tout au moins dans l’Amérique du Sud, car ils ne paraissent pas avoir remonté dans le nord, les noms qui peuvent se rattacher a la même racine sont innombrables. En voici quelques uns des plus significatifs Garios du Paraguay, Gariyos, Garayas, Garayos, Garirys du Brésil, Garas du Pérou et de l’Equateur appelés aussi Scyris ou Shiris, Garaibes ou Garaibos bien connu depuis Colomb, Caracas ou Caracos et Caraguas du Venezuela, Garacaras ou Garacaraes du Paraguay, Garabecas et Caracanecas de Bolivie, Garabayas de l’Equateur, Acarianos du Venezuela, Acare de l’Argentine, etc Karaos de Bolivie, Kariris du Brésil, etc. Je compte plus d’une centaine de noms derivés. En Berbère les noms du même genre sont moins nombreux, mais généralement mieux conservés. Je note des Keria au Guergour, a Saint Pierre et Saint Paul et a Rouffach, des Keria et des Keraiche a Ammi Moussa, des Keraiche dans l’Ouarsenis, des Keraia a Msila et Zemmora, des Kerakeria, Keralcha, Kerarcha, Kerarma, etc... Comme en Amérique il y a des formes précédées d’un A préfixe Akara de Barrai et de l’Oued Atlenenia, Akar Nzelca de l’Oued Marsa, Akaroune d’Attia ; d’autres sont précédés de l’article arabe comme les El Karui, El Kariat, El Keria de Palestro, El Kari de Chabet el Leham, El Kerihat des Oulad Sidi Kbaled de Tiaret. Il y a encore des Ait Karraoui chez les Frikat de Dra el Mizane. Au Maroc je ne relève qu’une fraction de Karia à Taghzout chez les Ghomara du Rif. En Tunisie, il n’y a qu’une sous-fraction de Karadmia chez les Ourramma de Medenine ; il est vraisemblable que l'invasion arabe dut les pousser plus loin dans les montagnes d’Algérie et qu’ils étaient mieux représentés autrefois car on y trouvait un évêché de Cariana ou de Casuloe carianenses P. Mesnage II est probable que c’est de Grèce ou de l’Egée que sont venus directement tous les Cariens et qu’ils ne sont pas passés par l’Arabie comme les autres Berbères. Dans mes études sur les Touareg, j’ai relevé les noms des tribus Ilcaraden et Ikarerayen régulièrement berberisés, ce qui n’est pas pour celles d’Algérie, et les noms propres Kari-Kari et Karidenna. Chose curieuse les généalogistes arabo-berbères n’ont pas utilisé cet ethnique, cependant assez abondant, dans leurs travaux. Peut-être que la dispersion de ces Cariens était déjà fort grande lors de leur apparition. Quant aux auteurs anciens leur omission n’a rien que de normal car ils ne se sont jamais beaucoup attachés à connaitre les vrais noms des tribus africaines. Le centre de dispersion et d’émigration des Cariens a été le Turkestan chinois, car il s’y trouve un centre fort ancien de Keria sur le Keria Daria affluent intentionnel du Lobi. C’étaient sans doute des Kouchites ou tout au moins leurs voisins et parents. Dans le réseau hydrographique de la Sibérie, les noms commençant par la même racine sont extrêmement nombreux. Mais il convient de remarquer que, dans tous les dialectes turco-mongols, le mot K ara qui signifie noir est d’un emploi extrêmement fréquent dans une quantité de noms composes, de sorte qu’il est difficile de déterminer le point d’origine de l’ethnique. Le nom le plus rapproché est celui de la Kerya affluent du Vilitn dans le bassin de la Lena. Les Cariens ne paraissent pas avoir laissé de bien profondes traces dans l'Inde ; la racine Kara s’y trouve il est vrai, mais on peut se demander si elle ne date pas des invasions mongoles historiquement connues, pour la plupart des localités qui nous la montrent. Cependant Ptolémée notait des Careoï à l’extrémité du Dekkan et une ville de Cariyé dans la même région. Dans l’Inde, Pline nous indique également des Cariens ce qui permet de croire que certains essaims passèrent par là , mais leur principal établissement fut surement a la pointe sud-ouest de l’Asie Mineure ; c’est là qu’ils se firent une réputation de guerriers vaillants et de marins, et c’est de la je pense par l’Egée et par la Grèce qu’ils pénétrèrent en Berberie. En Europe on trouve des traces de leur passage les Carini de la Grande Bretagne, les Carietes d’Espagne, diverses localités de France comme Carayac, Carcarès, etc ; d’Italie comme Careioe Galera ; de la Grèce Caryum en Laconie et Carystus Karystos en Eubée. Néanmoins la meilleure conservation de leur nom en Afrique semble indiquer que c’est bien par la qu’ils sont passés pour gagner l’Amérique du Sud. Dans le continent Nord on ne trouve aucune trace de leur passage. 22 - GESARES Le nom de cette tribu du Chili est assez énigmatique ; on attribue son origine dit M. Martin à des naufrages européens, ou à des descendants de femmes blanches enlevées par les naturels de la région. Mais le motif qui leur a valu ce nom ne s’en déduit pas très nettement. Peut-être que l’un des naufrages portait le nom de César, fréquent chez les races latines, ou que l’une des blanches captives donna ce même prénom à un de ses enfants. Quoiqu’il en soit je dois rappeler que dans les généalogies Berbères figurent des Caîser tout aussi mystérieux. Ils appartiennent à la famille des Hoouara de la branche des Aurigha. Or précisément nous savons que les Hoouara ont contribue au peuplement des iles Canaries voir Huaies. C’est ce qui m’amène à les comprendre dans cette nomenclature. Ces Caîser Berbères n’ont laisse aucune trace de leur arrivée en Afrique, de leur passage ni de leur disparition. En cherchant d'ou ils auraient, bien pu venir, je remarque qu’il existait au Caucase des Kryser parmi les peuplés dits Lezghiens du Daghestan, d’après la carte ethnographique de Seidlitz Mittheilungen de Petermann 1880. Il y eut aussi un peuple germain du nom de Coeroesi qui habitait entre la Meurthe et la Moselle. Enfin une autre hypothèse est plausible. Les anciens lybiens appelaient les éléphants Kaisar ou Coesa. Il est possible que leurs cornacs aient été appelés du même nom ou d’un nom dérivé. On sait qu’on faisait généralement venir ces conducteurs de l’Inde tant pour les animaux indigènes que pour les elephants importes d’Asie, à ce que nous apprend Polybe III. 46. - V. 81. - X. 1. Ces conducteurs ont pu faire souche en Libye, y créer une petite tribu et émigrer en Amérique, ce qui expliquerait leur présence sur ce continent et leur disparition d’Afrique. Dans l’Inde le nom de Cesara était une des appellations de krichna. Enfin Kaisaras était un nom propre porte en Espagne. Philippon. Ibères, 222. En résumé cette identification appelle toutes sortes de réserves, mais je ne pouvais omettre cette similitude de noms. 23 — CHALCAS Outre les Indiens Chalcas qui vivent au Pérou, on connait au Mexique une province de Ghalcho, habitée par des Ghalcos ou Ghalqueses et ou on trouve des villes comme Ghalchicomula, Chalchihuite, Chalchuapa. Il y a en outre des Ghalchuitas en Nouvelle Grenade, des Chalaques en Floride, des Galchaques en Argentine. Si l’on considère qu’en Asie l’énorme masse des Mongols Orientaux porte le nom de Khalkhas, on est de suite porte à admettre que le nom de ces tribus indiennes est venu de l’ouest, par mer ou par Behring. Mais il y a quelques réserves à faire car il existe en Algérie des Khalcas dans la commune d’Aine Mlila. Chose assez étonnante, ce nom n’apparait pas dans le réseau hydrographique sibérien. Les Mongols le tirent donc d’ailleurs. D’autre part il n’apparait pas davantage dans les généalogies Berbères. L’explication la plus admissible me parait être la suivante. Les Grecs connaissaient l’airain sous le nom de Chalcos ; il est vraisemblable que ce nom était d’origine touranienne et aura servi à dénommer les Mongols descendant des peuplés métallurgistes de l’Altai, de l’autre coté, en Grèce, ce terme est l’origine des nombreuses Chalcis et Clialcédoine qui ceinturent la mer Egée, et il est possible qu’une petite peuplade partie de l'une de ses cotes ait apporté ce nom en Berberie. En tout état de cause je ne pense pas que ce soit de la qu’il est passe en Amérique. 24 — GHIBGHAS Les Ghibchas dont le nom se transcrit aussi Chibechas et Ghipchas et qui sont en outre désignés parfois sous les synonymes de Moscas, Muiscas ou Muyskas, constituent une nation nombreuse qui habite dans l’Amérique centrale, notamment en Colombie et au Venezuela. Lors de la conquête, ils jouissaient d’une civilisation assez avancée. Beucbat. 549. Je les crois originaires de l’Inde. Ils seraient arrivés en Amérique par la Berberie. Je trouve en effet dans cette dernière région des Chibchib aux Rhira de Setif. Cette réduplication semblerait indiquer un passage de ce peuple au travers des régions caucasiennes où elle est assez fréquente. Outre les Chibchib je noie encore des Chiabna dans la région de Tabarca en Tunisie, des Chiab, des Chiba ; en Algérie il y a des Chiebna a La Calle, des Chiabna a Aine Mlila, des Chiaba a Banka, des Chiba a Bois-Sacre, tous noms dont la multiplicité et l’éparpillement indiquent bien qu’il s'agit d’un ethnique et non d’un surnom arabe. Une ville ancienne du littoral de Djidjelli portait le nom de Choba. Je vois dans ces noms une altération de celui d’une branche des Anou de l’Inde, les Siboe ou Sibi d’Arrien dont le nom se transcrit aussi Sivi, Cibi, Chib. Ils ont donné leur nom au Sevastan. Ils prétendaient à ce que disent les auteurs anciens descendre de l’armée d’Hercule, et Alexandre dut les combattre. C’est de leur nom qu’est issu celui du dieu Siva. Sur leur itinéraire se trouvait en Arabie une ville de Sibi que les Grecs appelaient Aputa d’après Pline. Dans l’Inde il y a encore au Cachemire des Chibali voisins des Dogra que j’ai mentionnés et différentes localités nous offrent le même radical. La synonymie du nom des Ghibchas avec celui des Moscas nous offre comme chez nombre d’autres peuplés, l’indice de l’association d’éléments ethniques très différents. Elle explique les constatations importantes faites par divers auteurs Humboldt, Siebold, Malte-Brun, de Paravey etc. Ils ont en effet démontré, très suffisamment a mon avis, que cette nation avait des origines japonaises révélées par la philologie et l’ethnographie. Mais en même temps ils discernent des apports basques et arabes qui cadrent fort bien avec ce que j’ai dit précédemment. Quant aux Basques l’émigration de leurs parents caucasiens, les Abazes voir § I Abades. nous donné la clef de leurs affirmations. Enfin les traditions des indiens Ghibchas apportent un dernier appoint à l'hypothèse de leur origine berbère. Ils auraient été civilisés par un vieillard barbu appelé Bochica, nom qui rappelle celui du dieu lybien dont le culte aurait pu être apporté par des Africains. Le matriarcat qui existe encore chez nos Touareg était en vigueur dans la Société Ghibcha. L'ensemble de tous ces faits confirme l’opinion que j’exprimais au début de cet examen. 25 — GHORTIS Ces Ghortis ou Gholtis sont des Indiens du Guatemala dont le nom se trouve à peine modifie chez les Ghorotes ou Ghorotis de l’Argentine et les Ghorotises du Honduras. Ce nom a figuré longtemps en Berberie, car les généalogistes arabes comprenaient dans leurs nomenclatures une puissante tribu de Cherta. C’était une branche des Sanhadja de la deuxième race, c’est-a-dire des peuples voilés que nous appelons aujourd’hui Touareg. On sait que les Sanhadja des Arabes sont les Berbères Zenaga ; mais ce nom de Zenaga est un simple surnom, signifiant bredouilleurs », inconnu des anciens, qui avait du prendre naissance peu avant l’arrivée des Arabes et que ceux-ci ont conservé et appliqué comme nom ethnique aux Berbères du Sahara. Cela explique que la prétendue généalogie de ces Sanhadja, même pour les auteurs arabes qui sont incapables de s’accorder à leur sujet, que leur division en trois races, dont l'une, celle des voilés est totalement différente comme mœurs et comme habillement des autres, soit un problème insoluble. On comprend dans ces conditions qu’on n’a pas de grandes précisions sur ces Cliertas. Il se présente d’ailleurs à leur sujet une difficulté d’un autre ordre. En réalité leur nom primitif serait Sorta ou Séria c’est-a-dire gens de Sour Tyr ou habitants des Syrtes. On comprenait sans doute sous cette appellation les nomades qui habitaient la cote désertique de la Tripolitaine à l’est de Leptis magna et dont les véritables noms étaient Maces, Psylles, Seli suivant l’époque et les auteurs. Ce sont ces Sorta qui envoyèrent des essaims coloniser la Sardane en lui donnant son nom et qui envoyèrent aussi des colons sur les cotes du Roussillon, les Sordones. Lors de l’apparition des hordes arabe, ou peut-être même avant, lors des terribles luttes qu’ils eurent à soutenir contre les Romains et les Byzantins ils avaient gagne le sud marocain. Ibn Khaldoun en parle si vaguement qu’ils n’avaient plus l’air d’exister à son époque ; mais El Bekri dans sa description de l’Afrique, les signale sur l’Oued Draa et au-delà avec leur vrai nom de Serta. L'altération de leur nom s'est-elle effectuée seulement depuis cette époque au Maroc, ou bien y a-t-il des erreurs, faciles a concevoir, des copistes arabes qui ont embrouillé cette question, il est difficile de le déterminer. Ils ont d'ailleurs disparu. Quoiqu’il en soit la correspondance que j’indique entre les Ghortis américains et les Chertas ou Sertas me parait fort sérieuse ce nom est proprement berbère et ne se retrouve pas ailleurs. Elle est en outre corroborée par l’existence en Amérique de Salhis, Salishes, Selisch qui ont bien l’air de représenter les noms des anciens Psylles et Seli du golfe des Syrtes et je prie le lecteur de se reporter à ce que j'en dis un peu plus loin. 26 - GHUYAS Les Chuyas sont des Indiens des rives du Xingu au Brésil. On peut rapprocher de ce nom celui des Ghayas du Brésil et du Pérou, des Ghayos de des Ghayabitas, Ghayahuitas, Ghayantas, Ghichiques et autres dérivés, des localités comme Chichen-Itza, un archipel des iles Ghonos sur la cote chilienne. Dans le continent nord vivent les grosses tribus des Cheyennes et des Shoshones Chochones dont le nom est voisin des précédents. On remarque tout le long des cotes de la Méditerranée une série de peuplés qui portent des appellations du même genre et qui appartiennent sans doute au même ethnique. Je vais les suivre d’Ouest en Est. Au Maroc il y a des Chaouini au Rif, une ville bien connue de Chechaouen chez les Djebala du Nord, une autre de Chichaouen entre Mogador et Marrakech, des Ait Chao-des Zaian, des Ait bou Chaouen des Ait Tserrouchen de Bou Denib, des Chaouia grande tribu au sud de Casablanca. Avant d'aller plus loin je noterai qu’un petit ilot du groupe des Desertas a Madere porte le nom de Chao, qu’il doit sans doute aux Portugais qui ont chez eux une ville Chao de Maças. Je suppose qu’ils ont apporté cet ethnique de Berberie, car il est isolé dans leur pays et je ne vois pas de sens particulier à ce mot dans la langue de la péninsule. En Algérie on trouve des Chaouia à l’Hillil et a Tenes. Ce nom est aussi donné d’une manière générale à tous les montagnards de l’Aurès et les étymologistes tant musulmans que français, le font dériver du mot arabe chaa mouton. J’ai eu occasion de faire remarquer BSGA. 2e trimestre 1027. Les origines orientales fies Cerbères que par leur qualité même d’habitants des montagnes, ils méritaient beaucoup moins ce nom que les nomades des plaines, sérieux éleveurs de moutons, et qu’il s’agissait évidemment d’un ethnique plus ou moins bien applique. Dans son étude sur la région du Tchad et du Ouadai, parlant des Arabes Choa du Tchad, du Ouadai, du Bornou, M. Carbou fait remarquer I p. 4 et suiv. que ce nom de Choa n’appartient pas à la langue arabe et qu’on ne saurait le rapprocher de celui des pasteurs chaouia de l’Algérie orientale ou du Maroc. Je l’en rapproche au contraire pour lui donner un sens ethnique et lui enlever le sens étymologique impropre qu’on lui attache. C’est en passant en Abyssinie que les Choa arabes du Soudan ont pu prendre cette appellation. Il en est de même de nos Berbères. En Algérie on compte encore des Chouïa aux Beni Salah, à Takitount, à A flou, à Aine Tagrout, à Zemmora Mostaganem des Cheachia, des Chouaïhia et des Chouaïchia des Chouiatc à Orleansville et des Chahou a Takitount. En Tunisie il y a des Chouahia à Souk el Arba, des Chouaïhia aux Madjer de Thala, des Chouiata chez les kroumirs, une grosse tribu de Chihia a Souk el Arba. En Abyssinie il y a des Clioho ou Soho près de Massaouah, et une région importante un peu plus loin est appelée le Choa. Sur la cote opposée de la Mer Rouge, il existait une tribu appelée Chaoui ou Ahl'Chaoui d’après Burckhardt. Au nord il y eut un fleuve appelé Chodspes Kerkhah dans la Suziane ; il portait le même nom qu’un fleuve de l’India intra gangern affluent du Cophen, le Chocispes devenu le Khouar. Deux régions d’Asie l’une dans l’Ariana, l’autre plus a l’est sur la rive droite de l’indus se nommaient Choarène. Notons dans la mer Egée l’ile et la ville de Chio, en Grèce les Chaones de l’Epire qui envoyèrent une colonie de Chônes en Italie sur le golfe de Tarente. Il y avait aussi une ville de Chône du nom de ses habitants et une ville de Chaa dans le Péloponnèse. Tout cela est bien loin des brebis des étymologistes arabes. En réalité le point de départ de cet ethnique existe encore chez les Touraniens. On trouve une Tchouïa dans le bassin de l'Obi et dans le bassin de la Lena une Tschoitïa et une Tschaïa ou Tchaïa. Je suppose que le point initial, du moins aussi haut que nous pouvons remonter, est l’Obi. Dans l’Inde la racine de ce nom se trouve en extrême abondance, suffixée de toutes les manières possibles. Il s’agit sans doute d’un peuple kouchite, ou venu avec les Kouchites et qui a accompli les mêmes migrations. Cet ethnique a du passer non seulement par l’Arabie et l’Abyssinie, mais aussi par la Grèce et le Caucase, ou les Svanes se donnent a eux-mêmes le nom de Chnaou. Il est aussi possible que son introduction en Amérique soit du non seulement aux Berbères, pour les noms du type Chuya, mais aussi au Nord-Ouest et a Behring pour les noms du type Gheyenne et Chochone. Je ne crois pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter du coté de l’Europe. 27 - COLLAS Les Indiens Collas sont des Aymaras du Pérou qui ont émigré dans la République Argentine. Or nous trouvons des Berbères sédentaires Colla habitant un village de ce nom dans les Bibans. Non loin de la, dans la commune d El Milia il y a trois fractions de Koléa et une de Rolaïne ; une petite ville du littoral non loin de Philippeville porte le nom de Collo. Mentionnons encore comme ressortissant a cet ethnique la ville de Coléa a l’Ouest d’Alger et dans la même région les Koulla petite fraction des Foughal de Gouraya, Ces noms paraissent d’origine indienne ; il existe dans l’Hindoustan des Kol Kolariens ou Mounda qui d’après leur nom paraissent des Kouchites. Ils ont du être transportes le long de la cote Méditerranéenne avec les Phéniciens car Collo s’appelait Chullu et parait avoir été une de leurs colonies. L’origine de ce nom se trouve encore chez les Touraniens ou on peut relever une rivière Koul dans le bassin de l’Obi, une Koula dans celui de la Lena, un Koulak au nord de l’Aral etc. Bien des noms de l’Amérique du Nord qui commencent par la même syllabe sont des dérivés de l'ethnique kouchite et ne doivent pas être rapproches du présent nom. 28 — GORAS Il existe une tribu ou un groupe de tribus de ce nom au Mexique ; ils font partie du groupe Opata Pinria. Uue autre tribu Gora vit ou vivait sur le Missouri aux États-Unis. On signale des Gores au Venezuela, des Goris en Colombie, et une quantité de tribus aux noms composés bâtis sur ces mêmes thèmes. Les généalogistes Berbères ont enregistré des Corra qui appartenaient aux Darica Matmata Ibn Khaldoun. I. 246. Ils ne sont plus représentés dans les nomenclatures Berbères ; il existe bien à Biskra une petite fraction de Corra, mais on affirme de la manière la plus nette, avec généalogie à l’appui, ce qui d’ailleurs ne me parait pas une garantie absolue, qu’elle est vraiment d’origine arabe. Comme le nom des Collas, celui des Cor a trahit une origine kouchite bien que l’OU se soit transformé en O. On peut donc avec autant de raisons croire a une origine occidentale qu'a une origine orientale. Il y eut cependant une ville italienne de Cora Cori actuelle d’origine incertaine, dont la présence plaiderait en faveur de l’Orient. 29 — GUNAS Les Indiens Gunas ou Gunacunas habitent l’isthme du Darien. Deniker les signale comme ayant fréquemment des yeux gris et des cheveux châtains. Il convient de rattacher à ce nom ceux des Cunames ou Gunanas et des Gûmes du Nouveau Mexique, et les Goanini du Colorado dans le Nord. Vers le Sud on trouve des Coanaos au Venezuela, des Gunavos, Guniebas ou Gunibas, des Cunuris au Pérou, des Gonibos ou Gonihuas ou Gonivos au Pérou et au Brésil, des Gunéos au Chili. Ce nom est manifestement Kouchite, lui aussi, et on trouve dans le réseau hydraulique sibérien des noms formes sur la même racine, comme la Kuena et le Kounovat affluents de l’Obi mais je ne pense pas qu’il soit venu par l’Ouest. C’est à l'Est sur le pourtour de la Méditerranée que nous les trouvons. On sait en effet par les passages célèbres et discutes d’Hérodote qu’il y avait des Cynètes au de la péninsule ibérique ; l’épigraphie monumentale nous a appris que les Cinithii signales par Tacite occupaient la région de Tunisie ou s’élève le bel amphithéâtre d’El Djem ; enfin Strabon nous apprend qu’il y en avait en Grèce, dans l'Arcadie. On a voulu y voir trois peuples différents ; c’est une subtilité de philologues modernes qui repose sur de simples différences de prononciation ou de transcription des anciens, mais qui ne peut nous donner le change sur leur identité d’origine. La difficulté est seulement de savoir quelle a été la route suivie par eux. J’avais pensé et j’ai écrit que les Cynètes d’Espagne étaient venus sur la petite Syrte parce que je les y retrouvais en compagnie de leurs voisins d’Espagne Celtes et Asturiens. La formation celtique des Touareg mais au fond ce n’est pas une raison péremptoire Ils ont très bien pu venir de Grèce. Il y avait dans le Péloponnèse outre les Cynétiens d’Arcadie et leur ville Cyneta, une autre région peut-être même deux qui portaient le nom de Cynurie. De l’autre cote du golfe de Corinthe, la présence d’une ville de Cynes, marche des Locriens Opuntiens nous assure que ce peuple était venu par le nord. D'autres noms comme Cunéo Coni en Piemont, Konia en Asie Mineure, Cunaxa ville ancienne de Mésopotamie au nord de Babylone jalonnent les autres contrées parcourues par les Kouchites de ce nom. Si nous nous reportons en Berberie, nous trouvons des Kouanine à Sfax et des Kouetena a Gabes, Ces derniers lepresentent peut-être le vestige de l’ancien nom des Cinithii de Tacite. En Algérie, je note des Kouania à Bouinane, des Kouanine à Rebeval, à l’Arbatache et au Telagh, enfin la ville saharienne de Kouinine au Souf. Tout bien considéré les Kunas d’Amérique paraissent être venus de Berberie, ou ils sont encore bien représentés comme on le voit, et où les noms subsistants paraissent plus conformes à la morphologie des noms américains. 30 — DORINS La tribu des Dorins vit au Brésil, mais je rattache au même ethnique les Dorasques et Doraces, les Dariens ou Darienes de Panama, les Dirianas on Dirianos du Nicaragua, les Duries ou Duris et les Duriguas du Venezuela. Entreprenant de montrer que c’est l’ethnique des célèbres Doriens de Grèce qui a pénétré en Amérique, je vais commencer par rechercher si l’on trouve aussi les mêmes tribus secondaires qu’en Grèce. Ils étaient, nous dit Dottin Anciens peuplés de l’Europe. 150 divisés en Ullées, Dumcines et Pamphyloi. Je trouve pour les premiers des Ullalatas en Californie, ainsi que des Ulocas ou Ulucas ; en ce qui concerne les seconds nous avons des Deemananas au Venezuela, des Doymas en Colombie. Pour ce qui est des Pamphyliens on peut à la rigueur placer près de leur nom celui des Pambilchen du Yucatan. Ces tribus ne sont pas éloignées du centre de l’Amérique qui parait avoir été leur point de débarquement général. Ce premier point acquis, d’ou venaient ces Doriens et sont-ils venus par l’Afrique ou par l’Europe. Leur nom se retrouve dans la haute Asie, dans le Syr Daria et l’Amou Daria, les deux grands fleuves tournés vers l’Ouest ; il a été aussi donné à un tas de fleuves de l’Europe beaucoup plus qu’à des peuples. Cependant il y avait en Grande Bretagne des Duroiriyes vivant sur une rivière qui a conservé jusqu’à présent le nom dorien d'Ullie. En Gaule nous avons eu la Druentia Durance et Je Durantius Dordogne, le Mont Dore, dans les Alpes les deux Doria Doires. En Espagne notons le Darius Douro, le fleuve Ulla et une ville d’Ulia. Un autre courant avait conduit cet ethnique vers l’Inde. Dans le Turkestan chinois les cours d’eau portent aussi le nom de Daria Yarkend Daria, Khotan Daria, Keria Daria, Tchertchen-Daria Kachgar Daria etc. Dans l’Hindoustan ce sont des villes qui s’appellent Dora, Doory, Dorazy, Dowrya, Dowry, Durapour, Durajah, Duregapour, Durrampour, Durraneah, Durrole, Durya, Duryapour. Il y avait aussi un fleuve Dorios au-dela du Gange et un Dorias en deca. Il n'est pas impossible que l’on doive rattacher à ce même ethnique les Daradraï. Ptolémée, Dardoe Pline ou Dardaniens des divers auteurs, les Dardis des modernes et avec ces noms celui de Youed Draa au sud du Maroc qui en dérive. En avancant vers l’Ouest nous trouvons, dans la célèbre nomenclature qu’Hérodote nous a laissée des nations de l’empire de Darius, les Darites de de la IIe Satrapie près de la Caspienne, sans compter les Dadicès de la VIIe, qui paraissent être les Indiens précédents. Le même auteur nous a indiqué des Darnêens ou Dardanes en Armenie. De son cote Pline signale une nation de Dorisques en Ariana et une région dite Daritis qui appartenait croit-on à la même satrapie VI. et 4. Niebuhr fait figurer dans sa carte d’Arabie une ville de Dora ; il y avait aussi en Phénicie une Dora Tantura actuelle et une Dorea Dour en Palestine. Tout cela nous amène aux noms que nous trouvons dans la nomenclature berbère actuelle Douiret ville du sud tunisien, Oulad ed Dorri des iles Kerkennah, Douera d’Algérie près d’Alger, Douairs de Relizane, Aine Temouchent, de l’Ouarsenis, de la Stidia, de Berrouaghia et les Douaar d’Aflou. Les étymologistes arabes nous diront que ces noms sont dérivés de Dar maison et de douar campement et il est possible que ce soit exact pour certains, mais ces désignations qui ne sont pas accompagnés de noms patronymiques ni toponymiques peuvent prêter a doute. En tout cas il y a des Dahouara à la Sefia et des Dahourah à Lavarande qui ne semblent pas appeler les mêmes réserves. Je dois encore noter le nom de la famille importante des Dariça des généalogistes Berbères sur laquelle nous ne savons rien. Elle comprenait deux puissantes branches, les Matmata et les Zenata qui vivaient primitivement dans le sud de la Numidie et de la Mauretanie Setifienne et en Tripolitaine. Les Dariça avaient comme ancêtre éponyme un certain Dari fils de Zahik ou Zeddjik ; étant donnée la fantaisie extravagante qui a présidé a l’agencement de ces généalogies je me demande si ce n’est pas l’éponyme de Darius roi de Perse qu'on y a fait entrer, nom qui se rattachait à celui de la nation des Darites. Chez les Touareg Aouliminden du Soudan il y a une tribu serve de Douta et une autre de Daoura. Enfin au sud du Maroc le Daradus des anciens, le Draa des modernes clôt cette série. Dans l’Amérique du Nord, aucun nom se rattachant à cet ethnique ne nous apparait ; il est donc sans doute venu de l’Est, mais le choix reste ouvert entre l’Europe et l'Afrique et je serais plutôt porte à pencher vers la première hypothèse. 31 — FARAONES Les Faraones sont une tribu d'apaches de l’état de Chihuahua au Mexique. D’après le Hand book of American Indians de Hodhe leur vrai nom serait Pharaoh. L’un et l’autre nom paraissent suspects et on ne peut s’empêcher de se demander si ces noms ne cachent pas un caprice des conquérants qui leur auraient donné comme surnom celui des rois d’Égypte. Néanmoins, il m'a semblé préférable de mentionner sommairement ce nom a tout hasard. On sait qu'en Berberie le terme grécise de Pharaoun se retrouve un peu partout dans la toponymie locale, Ksar Pharaoun, Nelchal Pharaoun, Djebel Pharaoun etc. On n’a jamais pu déterminer exactement si l’imagination orientale seule, ou de vieilles traditions relatives au passage des Égyptiens avaient entraine ces dénominations. D’autre part certains monuments et bijoux attestent nettement une influence égyptienne, voir chap. On pourrait donc supposer que des personnages appartenant à une dynastie égyptienne, ou se vantant de cette haute origine, avaient pris part à une expédition ou à un exode qui a transporte des Africains sur l’autre bord de l’Atlantique. A ce point de vue le pectoral de Pachacamac est véritablement impressionnant. Outre les Faraones il y a au Venezuela des Farantes, des Faramaynas, Famanares, dont les noms paraissent découler de la même racine. En résumé je fais toutes mes réserves sur le nom lui-même et sur les hypothèses qu’il peut suggérer. 32 — GABILANES Les Gabilanes habitent le Nouveau Mexique, leur nom est, légèrement altéré, celui de Kapila fils de Kouch et petit-fils de Cham. Les Sémites ont déformé ce nom en Hêvila, Havila, Evita etc, de sorte qu’il n'est pas toujours facile de le suivre dans ses avatars. Les historiens qui ont cherché à identifier les traditions Sémites contenues dans les livres saints, placent les Kouchites sur findus, et les Héviléens, leurs descendants hypothétiques, dans la vallée supérieure et septentrionale de ce même fleuve, sur la rivière de Kaboul Cophen où se trouve une ville de ce nom Cabura des anciens dont le nom est suffisamment significatif On connait le célèbre passage de l’historien juif Josèphe ou il nous apprend que les Eviléens sont les Gétules d'aujourd’hui Antiquités judaïques 1. VI. 134. En constatant que les Kabyles d’aujourd'hui en Arabe Kebail portent le nom même de ces Evileens, quelque peu modifie, il semblerait qu’il n’y ait pas lieu de chercher plus loin les Eviléens et les Gétules. Malheureusement ce rapprochement trop facile parait être assez éloigné de la réalité des faits. Le texte de Josèphe demande à être commenté les Evileens et les Gétules se sont peut-être fondus comme il l’indique, mais ils étaient différents en principe. Les Gétules venus des rives du Danube, voir Aztlantecas sans doute longtemps après les Hevileens, les subjuguèrent, les refoulèrent, les absorbèrent, et il est en l'état actuel assez difficile de reconnaitre la trace respective des uns et des autres. Dans l’antiquité il en était autrement. Pline et Strabon nous signalent en Arabie les Chaviloei. Il y eut en Égypte une localité de Cabalsis sur la route de Berenice à Coptos ou Kene Itinéraire d’Antonin. En Cyrénaïque Hérodote a signalé des Cabales ou Bacales disparus par la suite. Ils avaient poussé jusqu’en Mauritanie car la ville de Ceuta et la montagne qui l’avoisine et qui commande le détroit de ce cote s’appelaient Abila. Ils se sont donc trouvés dans les conditions Voulues pour porter leur nom de l’autre cote de l’Atlantique. Manuel d’Histoire ancienne de l’Orient 111 Livre 8 § Dans les nomenclatures modernes il ne reste plus rien de cet ethnique que le nom vague de Kabyles sur lequel il est extrêmement embarrassant de donner des explications satisfaisantes. D'ou vient ce terme de Kabyles, qui semble bien être le pluriel du mot arabe Kebila tribu dérivé sans doute lui-même de lu constatation faite par les Arabes de cet émiettement en petites subdivisions des Hevileens d’Arabie, terme qu’ils appliquèrent plus tard aux montagnards de la Berberie ou ils retrouvaient ce même fractionnement ? A quelle époque apparut pour la première fois cette désignation de Kabyles? Les anciens ne l’ont pas mentionné ce qui ne veut pas dire qu'il n’ait pas déjà existé, car on sait combien les renseignements qu’ils nous ont légués sont minces et peu sérieux. Les auteurs arabes l’ont employé d’assez bonne heure. On le trouve notamment dans Ibn Khaldoun IV. p. 674. 1275. Divers personnages porterent le nom ethnique d’El Kebaili, sous les Almohades, les Merinides et les Beni Wattas. Il semble que c’était plutôt un surnom qu’une appellation ethnique et par suite nous n’avons pas en tenir compte ici. Mais ce qui importe à notre sujet c'est de voir si pour gagner l’Amérique il n’a pas pu suivre un autre itinéraire. Dans le bassin de l’Obi une rivière Kaba a pu être le point de départ de l'ethnique et il y a au Colorado une tribu de Kabaye Liodge qui le représente, mais sous une forme divergente de celle qui est venue de l’Inde. Cette dernière se retrouvait dans l’antiquité chez les Gabala de Coele-Syrie, de Phenicie, de Medie. Fait significatif la Gabalia ou Cetbalia d’Asie Mineure était arrosée par un fleuve Indus et sa capitale s’appelait Cibyra. Près du Jourdain se trouvait une ville chananeenne d’Abilci qui fut une des etapes des Juifs allant à la conquête de la Palestine. Les célèbres Cabires des anciens, ces mineurs et métallurgistes de la région politique appartenaient sans doute à la même race; c’est du liant Indus ou plutôt du Cophen, de Caboura, qu’ils avaient apporte leurs connaissances spéciales. L’âge de bronze data de leur arrivée. Des Gabalai avaient pousse jusque dans la Gaule Aquitaine Gevaudan.et dans l’Espagne Tarraconnaise ou ils portaient les noms de Gebcila et Gdbalaih. Ils étaient sans doute venus avec l’invasion des peuplés dénommés en bloc Ibères. La question se pose donc de savoir si les Gabilanes du Nouveau Mexique sont venus de Berberie ou d’Iberie, et je dois avouer que je ne trouve aucun élément de décision, tout en pensant qu’il ne saurait y avoir erreur au sujet de l’identification de cette tribu et que d’autre part elle n’est pas venue de l’Ouest. 33 — GERGEGENSENOS Le nom de cette tribu de Californie me plonge dans les mêmes perplexités que celui des Amalecitas et des Faraones. Est-ce une invention des conquérants européens pleins de souvenirs bibliques ou est-ce leur véritable nom ? C’est en effet la transcription espagnole des Gergéséens de la Palestine, c’est-a-dire d’une des tribus Chananeennes qu’eurent à combattre les Hébreux. Ou bien encore est-ce un a peu près sur un nom réellement existant ? Ne trouvant aucune précision à cet égard ni dans mon guide M. Martin, ni dans le Manuel de Hodge je ferai comme si c’était bien un nom authentique. Le fait de l’arrivée des Gergéséens en Afrique est certain ; ils ont donc pu avec d’autres Berbères passer en Amérique. Au témoignage de Procope on sait que les Chananeens, dont ils étaient une tribu, battus et poursuivis par Josué s’enfuirent en Afrique. Il y avait en Palestine une ville de Gergis dont ils tiraient sans doute leur appellation ; or on retrouve le même nom sur la cote des Syrtes près de Djerba ; c’est l’oasis actuelle de Zarzis. La ville palestinienne n’était malheureusement pas la seule de ce nom, car il existait une troisième ville du même nom en Troade. Or on sait par Hérodote que les Maxyes habitants de ces parages se targuaient de venir de la Troade. Quoiqu’il en soit l’arrivée en Berberie des Chananeens et des Gergéséens, de Palestine, cites en particulier par Procope, ne saurait faire de doute, car nous pouvons contrôler son récit en relevant d’autres traces fort convaincantes de l’arrivée de cette émigration. Les Djeraoua Geraoua de l’Aurès qui se rendirent célèbres par leur résistance aux premières invasions arabes représentaient le nom d’une tribu voisine, les Gerrhéens, venus de Gerra en Palestine. Il y avait sur les bords de la Méditerranée orientale cinq villes de ce nom que M. Autran énumère dans son étude sur les Phéniciens p. Nous trouvons encore en Algérie des fractions de Djerali a Palestro et a Berroughia, des Djerrah a la Soummam et a Attia, des Djerara a Mazouna, des Ait Djerrar au Maroc. On croit que les Djeraoua étaient une des tribus juives qui furent dispersées lors de la révolte de la Cyrénaïque en l’an 116 refugiés dans l’Aurès ils en furent encore chassés par l’invasion musulmane a laquelle ils cherchèrent à tenir tête sous la conduite de leur reine, la célèbre Kahena. C’est sans doute dans ce dernier exode qu’ils laissèrent les traces que je viens de relever. Les premiers auteurs arabes nous les montrent établis dans les parages de la basse Moulouia. Une ville considérable sur l’oued Kis, près de son embouchure portait leur nom. Ils prirent part avec ardeur aux luttes politiques et religieuses qui suivirent l'établissement de l’Islam au Maroc, et qui les firent disparaitre en tant que tribu. Les généalogistes Berbères qui n'ont pas relevé le nom des Gergéséens, comptaient les Gerrhéens Djeraoua parmi les Darica, branche des Zenata, famille des Megguen. Une peuplade nègre du Baoutchi à l’ouest du Tchad parle une langue nommée Djaraoua. Le nom même des Chananêens s'est perpétué jusqu’à nos jours chez les Berbères comme en temoignent les Ait Kenana de Dra el Mizane, les Kenana et Kenaïn de Frenda, les Kenancha de Cacherou, les Kenansa de Mascara, les Kenanda de Cassaigne, les Kenanema de Blida, les Khenanccha de l’Ouarsenis et de Tenes, les Khenansa de Renault, etc. On peut, je crois, retrouver le nom des Amorrhéens dans ceux de la grosse confédération des Amraoua de Kabylie et des Amriouane d’El Milia. Je ne parlerai pas des Amour bien que ce soient sans doute leurs parents, car ces derniers seraient seulement venus comme Arabes au Xe siècle, point que je crois très discutable. Une autre tribu chananeenne, celle des Zomzommins est représentée par les Ida ou Zemzen, des Haha du Sous marocain. Il y a aussi un Oued Zem au Maroc, peut-être un dédoublement de ce nom, bien que ce fait soit plus anormal que le contraire. Pline citait en Tripolitaine la ville de Zizama qui a disparu et dont Vivien de Saint Martin reconnaissait avec raison l’emplacement dans l’Oucidi Zemzem au nord de Ghadames. Duveyrier a attaqué fort à tort cette identification en alléguant que ce nom ne pouvait être antérieur à l’invasion des Arabes, ceux-ci seuls ayant pu donner à cet endroit le nom du puits vénéré de la Mecque. On sait que la Mecque et son puits sont bien antérieurs à l’Islam et que bien d’autres invasions ont pu auparavant véhiculer ce nom. Bref il ne manque pas de raison pour admettre que des Gergéséens d'Afrique ont très bien pu passer en Amérique avec les autres Berbères. Ce serait dans les premiers siècles de notre ère. 34 — GES Les Indiens Ges habitent au Brésil. Je place leur point de départ au lac Ghez qu’on trouve dans les solitudes qui s’étendent au sud du Lob Nor. Il y a aussi dans le Turkestan chinois, c'est-a-dire dans cette même région, une tribu de Gez qu’a signalée tout récemment le consul anglais Skrine Illustration du 24 Octobre 1926. Ont-ils émigré par l’Orient ou par l’Occident? Les traces que l’on a relevé vont vers l’Ouest et se divisent comme d’habitude en deux courants. Le courant africain nous montre les Ghez d’Abyssinie ou Geez, Agazi, Agueza, Agaziyan, suivant les peuples qui ont à les désigner. La terre de Gessen à l’entrée de l’Égypte semble relever du même ethnique. Les Ghez d’Abyssinie parlaient une langue que l’on rapproche de l’arabe et qui a survécu comme langue liturgique et savante. La présence de cet ethnique dans la Berberie occidentale semble décelée par les noms des Gnezazna des Braz, des Ghezazla de l’Hillil, des Ghezlia du Gouraya, des Ghazenci de l’Edough, des Ghazlia d’Ammi Moussa, Du cote Nord, malheureusement, pour la solution à donner a notre question nous en trouvons tout autant. Il y avait une ville de Gesoriacum Boulogne, une ville de Gesocribate Brest, un pays de Gex, plusieurs villes de Gez dans les Hautes-Pyrénées, les Gets en Savoie, Gêzoncourt près de Toul etc. On commit le tournoi étymologique auquel se sont livrés les anciens sur le nom des Gesates du pays de Gex. Les uns disaient qu'ils tiraient leur nom du Goesum, la pique dont ils se servaient dans les combats, les autres que ce nom signifiait guerriers mercenaires, servant pour un salaire etc. Tout cela ne nous dit pas s’ils se sont embarqués en Europe ou en Afrique pour gagner le Brésil; nous laisserons donc encore ce point indéterminé. 35 - GUALIS Les Gualis, Guales ou Gualies de Colombie, auxquels on peut adjoindre quelques tribus dont le nom commence par la même racine et qui toutes habitent aussi l’Amérique du Sud, peuvent être rapprochés des Guelciïa du Rif marocain. Ces derniers sont des Berbères arabisés dont le territoire entoure la ville espagnole de Melilla. Quoique bons marins, ils n’ont pas la réputation des pirates Bohkoïa situés plus a l’Ouest sur la cote riffaine. On trouve encore en Berberie des Ghellaïe à Blida, des Gheliate sur le Clielif, des Guelel à Courbet, des Guelnguel aux Bibans. Ce nom parait être venu de Sibérie Guilem, Guiloui en passant par le Caucase ou il y avait des Gèles connus des anciens entre le pays des Amazones et celui des Albanais. On retrouve encore leur nom chez les Galgaï du Daghestan. Mais la synonymie de cette région du Caucase est tellement confuse que je n’insisterai pas bien qu'il y ait quelque chance pour que ce soit le point de départ de cet ethnique. 36 — GUAMARES Les Indiens Guamares habitent la Nouvelle Galicie, c’est-a-dire le Mexique. On trouve aussi des Guaimaros, Guainars, Guamas au Venezuela, des Guairam à en Colombie, des Guaymures ou Aymures au Brésil etc. Il est bien possible que les Aymara de Bolivie et du Pérou doivent être rattaches à ce groupe de noms, qui me parait dériver de celui de File de Gomera aux Canaries et des Ghomara du Rif. Outre les deux derniers noms que je viens de donner, on trouve en Algérie des Ghamra aux Zibans a l’ouest de Biskra, un village de Ghamra dans l’Oued Rhir et une ville de Guemar au Souf. Tous ces noms appartiennent à une race nombreuse à laquelle on prête comme ancêtre éponyme Gomer fils de Japhet. Elle semble avoir pénétré en Afrique par deux ou trois routes différentes Gibraltar, Egee, Mer Rouge. On trouve des traces de ce fractionnement de leurs essaims dans les élucubrations des généalogistes musulmans. Ils distinguaient les Ghomara du Rif qui appartenaient d’après eux au groupe des Masmouda Azdadja des Ghamra du centre de la Berberie qu’ils appelaient Ouaghmert ou Ghamert et qu’ils classaient parmi les Zenata Darica. Ces derniers habitaient alors le Bou Kahil au sud de Bou Saada et en furent chasses par l’invasion hilalienne Il y a encore en Algérie des Ghomara a Aine Bessem, des Oulad, el Goumari a Lalla Marnia, des Ghomeriane ou Ghoumeriane a Mila, à Ghateaudun du Rummel, aux Braz, à la Sefia, à l'Oued Cherf et à Soukharas ; des Guemara aux Chaamba de Metlili, des Guemarat à Aine Fezza près de Tlemcen, des Guemmour aux Madid et à Rouina, des Ghamras à El Ancor et à Bou Tlelis, des El Ghomeri à Perregaux et à l’Hillil, etc. — 287 — Ibn Kaldoun passim... Voir aussi Gt. Cauvet Les Forteresses berbères du Bou Kahil, Armée d’Afrique Aout 1925. En Tunisie il y a des Ghomrassen ou Rhomrassen chez les Ouramma de Talaouine et de Tarzis. On trouve dans le district de Bouda, deux petits villages portant le nom de Ahl el ltomara et de Romariin qui attestent la venue dans ces lointains parages, de descendants de Gomer. On remarquera que cet ethnique va en se déformant de l’ouest vers l’est de sorte qu’on a tout lieu de croire que les porteurs de ce nom sont venus par l’Espagne. En Tripolitaine nous trouvons une autre variante dans le nom de Germa Djerma capitale des Garamantes reconnaissable malgré la métathèse du R. C’est à cette forme que se rattachent en Europe et en Asie les noms des Kimrys, Cimmériens, Cimbres, Germains, Kerman, Caramanie, Ghermon Bender Abbas etc., tous noms dérivés de celui des Germanien Persans d’Hérodote. C’est par la voie de l’Egée, avec les peuples de la mer, qu’ont pénétré les Garamantes apportant avec eux le nom de la Phasanie colchidienne qui fut applique aux oasis du Fezzan. De cette variante dépendent en Algérie les noms du Ksar Djerma fortin romain qui était situé au nord du massif des Aurès, des Djermana des généalogistes Berbères, parfois lus Djedana qui étaient classes parmi les Bouata, des Djermcine des Eulma et des Oulad Daoud de l’Aurès, des Djermema des Oulad Soltane, des Djermouna de Takitount, des Djeramna de Geryville et de Tenira, des Beni Guelmane de Morsott, des Djerabaa de Mascara et de Dalla Marnia et sans doute de Pile de Djerba par suite de la substitution fréquente en Lybie du B au M. J’ai remarqué dans mon étude sur les Origines Caucasiennes des Touareg, que le nom de Djerma avait ee transporte au loin sur le Niger et dans les régions avoisinantes du Soudan ou, sous l’influence des langues nègres, cet ethnique corrompu s’est transformé en Djerma Ganda, Zerma, Zaberma, Saberma, Bagliirmi, Gourma, Gouma, Gouram, Gourmantché, Diermatê, Diermadio, etc. Une autre variante du nom de Gomer apportée peut-être par un troisième essaim, s’est introduite plus à l’Est car il y a en Ethiopie des Ghimirra très mélangés de sang noir. On peut y rattacher le Dar Guimr sur la frontiere anglo-Française qui sépare le Darfour de l’Ouadai et des Goummer chez les Tebou du Tibesti. D’ou venaient tous ces enfants de Gomer ? En nous reportant vers le nord nous trouvons comme point de départ dans le bassin de l’Obi une rivière Gourma et un Gorom. Plus au Sud dans le Badakchan la ville de Djerm peut indiquer le centre de formation des Germanien Persans. Plus au sud encore une bourgade de Gharm est la capitale du Karategine. Dans l’Inde Ptolémée signale sur la cote de Malabar une ville de Komaria avec un cap du même nom. C’est peut-être le cap Comorin que les modernes placent a l’extrémité du Dekkan. Il indique aussi à la pointe sud-est de Ceylan une ile de Glioumara. Les géographes arabes appelaient l’Assam pays de Komar et donnaient d’après lui le nom de Komari à l’aloès qu'ils en rapportaient. D'autre part il y a au Caucase ou le souvenir de la race de Goyner est reste très vivace, une localité de Ghimri chez les Avaro- Andiens. De tout cela il semble qu’on est en droit de conclure que le peuple en question est certainement descendu dans l’Inde pour en repartir dans diverses directions. Mais peut-être avait-il envoyé directement des essaims en Europe, partant des vallées qu’il occupa primitivement à l’ouest du Pamir. Le nom des iles Comorres qui se rattache à notre ethnique peut faire croire soit a des migrations maritimes fort anciennes partant du sud de l’Inde qui a joué autrefois un si grand rôle comme centre de formation et de dispersion des peuplés, soit a l’existence d’un débris de l’antique et hypothétique Lemurie. Mais ces enfants de Gomer sont devenus complètement noirs sous ce climat, tandis que ceux qui avaient séjour ne dans les brouillards du Nord comme l’ont certainement fait les ancêtres des Ghomara du Rif en ont rapporte un teint clair, des yeux bleus et des cheveux blonds. On les retrouve encore chez ces populations marocaines. Ce sont elles qui ont peuplé en partie les iles Canaries et qui de la ont envoyé en Amérique les émigrants volontaires ou involontaires qui sont devenus les Guamares. Cette constatation appuie ce que nous avons déjà dit des Canaris, et ce que nous allons dire des Guanchas et des Hwires autres descendants présumés des anciens peuplés des iles Fortunées. 37 — GUANCHAS Le nom des Guanchas du Paraguay et des nombreuses tribus qui portent une appellation similaire, rapproche de celui des célèbres Guanches des Canaries, suffirait a lui seul pour établir l'immigration des Berbères sur la terre d’Amérique, mais il appelle de sérieuses réserves qui vont m’entrainer a des développements un peu longs. Dans les Langues du Monde, M. Rivet qui ne connait pas de Guanchas mais seulement des Guanas, qui forment tout un groupe de la famille linguistique des Arawak, nous apprend que ces Guanas s’appellent eux-mêmes Tsâne Tchane. Qui donc alors les a nommés Guanas ? Sont-ce les Espagnols conquérants et pourquoi les ont-ils ainsi appelés ? Sont-ce les tribus voisines qui leur ont conserve une vieille appellation ? Il est clair que si elle est d’origine indienne cela n'a pas d’importance ; ce n’est pas la seule population indienne d’Amérique dont le nom comporte des synonymes. Si ce sont les Espagnols qui ont commis sur ce nom un a peu près, amené par la similitude de celui bien connu des Guanches des Canaries, tout l’échafaudage de mon argumentation s’effondre. Il importe donc de voir la chose de près ce qui est assez difficile en l’absence de tout renseignement sur ce point. Je commence par remarquer que les variantes des termes Guanchas ou Guanas sont extrêmement nombreux et s’etendent à peu près sur toute l’Amérique du Sud et même sur l’Amérique centrale. Il parait bien difficile dans ces conditions d’admettre une déformation intentionnelle s'étendant à tant de collectivités et sur une telle étendue. Au surplus voici tous les noms que je rapproche de cet ethnique. En commençant par le nord nous avons en Californie des Guanockos ou Guenockos, au Mexique des Huanchinangos, en Floride des Guancanes, aux Antilles des Guanajes ou Guanaxes de l'ile de Guanaja au nom assez caractéristique qui fut découverte par Colomb au cours de son quatrieme voyage, au Yucatan des Quanches, en Colombie des Guanacas sur le haut Orenoqae, des Guanabianos on Mocuxes des Guanares on Guanaros, des Guanariboes, des Guancuseos, des Guaneros, des Guanes, des Guanitas, des Guanucas on Goconucos, an Venezuela des Guanes Guamocos Guanentaes ou Zenas, des Guanibes, des Guanabucanes, des Guanimaneses. Dans les Guyanes on n’en trouve, pas, mais le nom même de la région parait une derivation de l’ethnique lui-même. Au Brésil on trouve des Guanos, Guanhanaris. Gualchos ou Guaninas, a l’Eqiateur des Guancavilcas ou Guancavellicas ou Huancavilca? Au Pérou des Aguanes ou Aguanos, des Guanacotas, Guancabambas, Guancachupachos, Guancallos, Guancas, Guancayos, Huancas, en Bolivie des Guanas Qtukes, au Paraguay des Guanches, Guanos, ou Guanas, Ghanas, Ghanes Huanas ou Guanes que l’on trouve aussi au Brésil, dans i’i ruguay des Guananas et des Gualalha ou Guanano ou Guaniana. Cette énumération fastidieuse permet de voir malgré l’altération de beaucoup de ces noms qu’ils se rapprochent en grande partie de celui des Guanches des Canaries et que l’intervention des Européens dans leur évolution est peu probable. Je vais passer maintenant aux Guanches des Canaries. Ils nous son t connus par les recherches de divers savants parmi lesquels Sabin Berthelot et Verneau. Ils étaient grands, blonds, ne connaissaient pas les métaux. On les classe dans la race de Gromaguon ; or on sait que cette race a été représentée en Berberie comme le montre le général Faidh.'ibe dans ses Recherches sur les tombeaux néolithiques de RoJcnia Bulletin de l’Académie d’Hippone 1868 nos 4 et 5. Les Guanches et les autres peuples des Canaries doivent être comptes comme Berbères. Ils parlaient d’ailleurs la même langue. Si l’on recherche quelle était l’origine des Guanches on est fort embarrassé, car leur nom ne se retrouve nulle part. Marmol nous a donné la clef de ce mystère. Dans sa description de l'Afrique écrite à la fin du XVI siècle il notait que l’une des cinq grandes confédérations des peuples sahariens voilés était celle des Guanceris ou Zuenziga. Nous avons la l’origine du nom des Guanches dont personne n’avait parle jusque la. C’est la corruption d’un mot berbère, que nous retrouvons dans la fraction targuie des Ouandjeri qui vit encore chez les Touareg Iregenaten du Niger. D’autre part au Nord du Fezzan nous trouvons une localité d’Ouanzerig, située à l’ du Djebel Soda, dans la zone ou s’est formée suivant toutes probabilités la confédération des Touareg. En Berberie il y a un massif montagneux remarquable au SSE d’Orleansville que l’on nommé Ouarsenis, transcrit parfois aussi, Ouaransenis, Ouancherich. En Abyssinie on mentionne un hameau d'Ouanzeghié dans le district de Dosa Combes et Tamisier II 192. Ceci indiquerait une origine orientale. Dans les nomenclatures modernes, les noms qui se rapprochent quelque peu de ceux qui précédent sont ceux des Ouacheria de Renault et du Fondouk, des Beni Ouanèehe de Tizi-Ouzou, des Guenadza d’Aflou, des Guenadzia d’Aine Mlila et de Tenes, des Guenaïnia de Tablat, des Guenzet d’Akbou et du Ouergour, des Kenadsa de la Saoura, du village de Guentis chez les Oulad Sidi Abid de Tebessa. Mais tous ces rapprochements sont bien peu rassurants et il faut convenir que cet ethnique a été fort maltraité aussi bien en Berberie qu’en Amérique. Dans les généalogies Berbères les auteurs arabes énumèrent des Ouandjez et des Outzila ou Outriga ou Ounziga. Les premiers appartenaient, d’après le genealogiste Ibn Hazem, aux Louata Nefzaoua, et d’après l’ecole rivale d’Ibn Sabek, aux Louata de l’Aurès. Ibn Khaldoun IV. 221 Quant au second peuple dont la troisième lecture nous parait la plus vraisemblable, on le classait parmi les Sanhadja voiles du desert. Ce sont peut-être les Guanceris de Marmol. Tout cela, on en conviendra manque de précision. Mais d’autre part c’est précisément le fait de cette déformation locale d’un terme qu’on a retrouvé ainsi altéré qu’aux Canaries et dans l’Amérique du Sud qui nous donne la plus sure garantie d’une émigration des Guanches en Amérique, puisque c’est le seul endroit où on trouve un ethnique qui s’en rapproche quelque peu. Ils n’ont pas pu arriver d’ailleurs. Le point de départ premier de cet ethnique parait être la rivière Wan-Ho dans le nord de la Chine. 38 —GUISNAIS Les Guïsnais sont des Indiens de Bolivie et on trouve dans le Chaco de l’Argentine une tribu de Guisnay dont le nom indique un démembrement d'une seule et même tribu. Je rapproche cet ethnique de celui des Gueznaïa ou Igueznaïen, tribu berbère fortement arabisée du Rif marocain. Elle était mentionnée dans les historiens musulmans comme appartenant à la branche des Nefzaoua des Louata, descendants de Madghes, ce qui implique peut-être une origine orientale. On sait que la région du Nefzaoua dont les généalogistes ont tiré leur éponyme Nefzao est une région basse qui s’étend dans le Sahara au sud du Chott Djerid et a l’ouest de Gabes. C’est un pays de palmiers et ou les habitants sont de teint foncé. Il ne serait pas impossible qu’on doive rattacher cet ethnique a celui des Ges que j’ai examinés précédemment. Quoiqu’il en soit les deux noms marocain et américain concordent entièrement. On remarquera en outre la proportion relativement considérable de tribus du Rif qui apparaissent dans cette nomenclature. 39 —HUARES Les Huares sont des Indiens du Nicaragua établis au Mexique. On peut leur adjoindre les Huayairas du Ghaco de l’Argentine et les Huetares ou Guetares du Nicaragua. Ce nom parait dériver de celui de la célèbre nation berbère des Hoouara ou Haouara ce qui ne surprendra pas si l’on remarque qu’elle avait contribé au peuplement des iles Canaries. L’ancien nom de Palma était Bene Hoare c’est-à -dire Béni N Hoouara Elisee Reclus XII. 98.. L’importance de cette constatation est considérable et j’attire tout spécialement sur elle l’attention du lecteur. Ce nom est absolument propre à l’Afrique et ne se trouve nulle part ailleurs, car c’est une déformation sémitique du nom des Avares dont j’ai déjà parlé, voir Andis et Avavares. Les Hoouara ont joué un très grand rôle dans l’histoire de la Berberie, lors des invasions arabes. Ils sont au nombre des peuples Berbères qui ont tenu tête avec le plus d’acharnement en Tripolitaine et en Numidie aux guerriers musulmans. Ils les ont battus a maintes reprises. Inconnus des auteurs anciens dans cette région, ils ont apparu subitement des les premiers raids des Arabes. J’avais cru que leur éparpillement dans toute l’Afrique du nord datait précisément de cette époque, mais le fait qu’on retrouve leur nom d’abord en Égypte puis aux Canaries et en Amérique m’amène à penser qu’ils ont du déjà à une époque fort antérieure essaimer dans l’Est. J’ai d’ailleurs fait remarquer précédemment qu’on les trouve partout avec les Antes. Quoiqu’il en soit au VIIe siècle, il semble qu’une fraction importante de ce peuple vivait dans le sud Tripolitain. La région du Kaouar leur doit leur nom. On sait en effet que les Touareg ne peuvent prononcer le TI aspiré des Sémites et le prononcent Kh ou K. C’est de la qu’ils sortirent pour prendre la place des populations touareg de la Tripolitaine, alors nommées Garamantes, qui venaient de succomber a leurs longues luttes contre les Byzantins et s’étaient enfuis, a ce que nous affirme Procope dans les contrées les plus reculées de l’Afrique. Les auteurs arabes ont enregistré tout au long leurs démêlés avec les envahisseurs musulmans. C’est en Égypte que nous trouvons des preuves certaines de leur arrivée ancienne. Il existait dans el Eayoum une localité d’Haouara, ou Amenmhet III se fit construire une pyramide. Ce prince appartenait à la XIIe dynastie, antérieure a l’apparition des Hyksos. Ceux-ci, en arrivant dans le delta du Nil, y trouvèrent une autre ville d’Haouarci ou Iiaouarit que les Grecs appelaient Avaris. Ils s’y installèrent en la-restaurant et en firent leur camp retranché. Ce fait n’implique nullement une parenté avec les Avares leurs prédécesseurs, comme je l’avais cru primitivement, quoiqu’il ne soit pas impossible que des contingents d’Aimrrs aient figuré parmi eux. Mais il est possible que par la suite il soit sorti de la, sous le nom d'Haouara des émigrants qui n’avaient de commun avec eux que leur nom, s’il est exact que les Hyksos aient été des Sémites. Cette ville d'Haouara est généralement identifiée avec Péluse. En cherchant encore plus à l’est nous trouvons en Arabie une ville de Haura dans la partie sud-est de l’Hadramaout carte de Ritter. Ces diverses constatations m’amènent à penser qu’il arriva autrefois, sans doute avec les Antes leurs conducteurs habituels, et peut-être d’autres tribus touraniennes inconnues, un essaim d'Avares ou Aivares descendus directement du nord par la voie de l'Arabie et qui au contact des Sémites transforma, son ile en Haouara par l’adjonction de l’H aspirée propre à la phonétique de cette dernière race. On remarquera que d’autres essaims arrives plus tard et sans doute par une autre voie ont vu leur nom modifié d’une manière plus spécifiquement berbère par le remplacement du V ou du W par B comme dans Abara-dira, Abaris, Abaritana. Ceux-là sont sans doute venus par Gibraltar. Dans la suite ininterrompue des noms qui nous montrent bien la progression vers l’Ouest des Haouara, je citerai les suivants. Le nom ancien de Nefta avant l’occupation romaine et avant l’invasion arabe aurait été Kethouar et ferait allusion à l’arrivée des gens de Haouara. On trouve des Aouara à Petit en Algérie, des Aouaarah Guelaa bou Sba, des Aouaoura à Lourmel, des Haouara à Damiette, à Aine el Ksar, au Djendel, aux Rliiras, à Aine Mlila, à Remchi, des Haouaren à Msirda et à Lalla Marnia, des Haouaret à Frenda, des Iioiiaarène aux Iflissen d’Azefioun, des Houara à l’Ouarsenis et à l’Hillil, des Ilaouariche aux Beni Intacen d’Aumale, des Houaraoua à Carnot, des Iiouarra à Palestro, des Oued el Haouari à Lalla Marnia et à Ammi Moussa. Chez les Touareg le nom propre Aouari est employé et en Algérie on trouve celui d'Haouari Haouaria au feminin. Enfin au Maroc il y a des Haouara à Guercif, à Agadir et a Taroudant, qui font le trait d’union avec les Bene Iloare des Canaries. Dans les généalogies Berbères fabriquées après la conquête arabe on classait les Hoouara parmi les Aurigha de la branche des Bernes Ibn Khaldoun. mais certains auteurs les considéraient comme des Iiimyarites de la souche de Kinda. Cette dernière opinion cadre avec ce que j’ai dit plus haut de leur passage probable et d’un séjour dans le sud de l’Arabie. Il ne me semble pas possible de donner une autre origine aux Huares américains. Ce nom est donc très significatif. 40 — ITATAS Les itatas du Chili nous apportent aussi une des meilleures preuves que l’on puisse imaginer des migrations Berbères au Maroc. Ce nom qui est celui des Ait Atta déformé, est en effet également propre au Maroc. Aux Itatas je rattacherai les noms encore plus altérés des Itatines du Paraguay, des Itatinos, Itatianos de Bolivie et du Brésil, des Ites de Bolivie, des Huitotas et Huitotos du Pérou. L’origine de ce nom se trouve dans l’Inde où il existe encore une ville de Tatta fort ancienne au sommet du delta de l’Indus, c’est-a-dire dans le pays des Kouchites. Un essaim parti de cette région est allé au Caucase ou il a donné son nom aux Tates du gouvernement de Bakou qui parlent une langue persane et sont par suite considérés comme Iraniens. J’avais cru d’abord Origines caucasiennes clés Touareg 1924 et 1925 que c'étaient eux qui étaient venus directement dans l’Atlas berbère et qui avaient aussi donné leur nom à certaines fractions des Touareg. Mais on retrouve le nom de Tatta si bien conserve au Maroc dans la région de Taroudant, a cote des Ait Atta bien connus de l’Atlas lui-même, que j’ai été amené à modifier ma manière de voir et à croire plutôt que ce nom et ceux qui le portaient sont venus avec beaucoup d'autres comme les Ait Seri, Iternaten etc, directement du fond de l'Orient. Prenant comme toutes les tribus Berbères des montagnes le titre d’Ait fils de ils ont par raison euphonique pure, supprimé le premier T et leur nom est devenu Ait Atta tandis que les sédentaires Tatta conservaient le leur. Je ne connais pas ces derniers, mais je présume qu’ils sont noirs ou fortement teintes tandis que leurs frères de la montagne sont blancs comme des européens. Lors de leurs luttes contre les Romains, les Byzantins, les Arabes, à une époque que l’on peut préciser, les peuples voilés, pour sauvegarder leur indépendance, se refugièrent temporairement au sud du Maroc et entrainèrent dans leur tourbillonnement saharien une fraction d'Ait Atta dont ils berberiserent le nom, ce qui donna les Ttaitatten. C’est une tribu des Igouadaren Aal Saksib de la boucle du Niger signalée par MM. Mangeot et Marty dans leur étude sur les Touareg de ce pays. et 1918. Les mêmes auteurs nous ont aussi nommé une tribu voisine ou la déformation s’est encore compliquée. C’est celle des Itakaitakaien. Cependant il y a doute pour cette dernière. En effet M. Victor Piquet signale un terme de ltakkat qui a cours dans le sud Marocain pour designer des groupements de 50 ou 00 chefs de famille et comme les noms défigurés abondent dans l’onomastique targuie, on peut se demander si ce n’est pas ce dernier mot qui a donné naissance a ce nom de tribu si complique. Une autre variation qui a disparu de nos nomenclatures actuelles mais que l’on retrouve dans les auteurs arabes est celui des Hintata. C’était une tribu masmoudienne de la région de l’Atlas, peut-être les Ait Atta eux-mêmes dont le nom aura été défiguré par les Sémites. Dans ces conditions, les transformations américaines de ces noms ne doivent pas nous étonner. La plus singulière est peut-être celle des Ites qui est la simplification extrême de cette appellation, puisqu’elle ne comprend plus que le vocable berbère Ait fils de. Il s’est passé d'ailleurs chez les Touareg un fait analogue car le terme Iheaouen descendants de s’y trouve employé tout seul, diversement déformé, mais le plus souvent sans le complément formé d’un eponymique auquel il aurait droit. Cette bizarre appropriation s’est, sans doute produite au début de l’invasion caucasienne avant que les nouveaux arrivants aient eu une pleine possession de la langue berbère. Un fait analogue s’est produit en Amérique pour l’emploi du terme Ait tout seul dénaturé en Ites. L’existence des autres noms de tribus américaines que j’ai citées plus haut, diversement altérés, me parait confirmer cette manière de voir. La présence du nom de Tatta en Amérique précédé du terme essentiellement berbère de Ait, le tout contracte en Itata me parait, on en conviendra fort caractéristique. 41 — JIBAROS C’est le nom même des anciens Ibères, que je reconnais dans les Jibaros, Jeberos, Xibaros ou Xeberos de l’Equateur, de la Colombie et du Chili, dans les Jeberos du Pérou, les Javarès et Javahes du Brésil les Ebirayos de l’Argentine et les Yubéris du Brésil. Leur identification soulève des questions d’une extrême importance. On sait en effet que certains savants estiment les uns que les Ibères étaient des Africains, d’autres des Atlantes émigrés de l’hypothétique Atlantide de Platon, avant la catastrophe qui la fit disparaitre, d’autres même des Américains venus du Nouveau Monde. M. Philippon dans ses études sur les Ibères et sur les Peuples primitifs de l’Europe méridionale a montré qu’ils étaient au contraire bel et bien venus de l’Orient, et qu’ils descendaient des Ibères du Caucase. Dans l’ancien monde les Ibères nous apparaissent à la fois en Afrique, en Espagne et au Caucase. Dans cette dernière région, ils étaient venus sans doute de l'Inde car Ptolémée y trouvait encore de son temps une région dite Abéria ou Abiria au nord-ouest des bouches de l’Indus. C’étaient donc probablement des Chamites ou Kouchites, mélanges de tribus dravidiennes, ce qui explique le teint colore et les cheveux frisés qu’on leur attribuait dans l’antiquité. Il est probable que les Colchidiens dont je parlerai au paragraphe Kutchines faisaient partie de ce peuple. On trouvait aussi des Ibériggai à l’ouest du Gange ; c’était sans doute un essaim détaché des précédents. Enfin je mentionnerai l’existence au Japon dans l’ile d’Hokkaido d’un district Iburi qui décèle une ancienne colonie Ibère. Les Ibères du Caucase ont joué un rôle très important dans la création des races et des peuplés qui se sont formés dans cette région et qui de la ont émigré dans toutes les directions. On en a une première preuve, des plus manifestes, dans l’introduction du nom d’Heber dans les généalogies semititiques. Ce qu’on est convenu d’appeler les Ibères en préhistoire, c’est tout l’ensemble des peuplés du Caucase formes sur le revers sud de cette montagne et qui s’ébranlèrent dans des conditions et à une époque inconnue pour traverser toute l’Europe et aller jusqu’au fond de l’Espagne. Il y avait la sans doute des représentants de nations très différentes comme les Albanais, les Arméniens, les Avaro-Andiens, les Abazes, les Circassiens, les Lezghiens etc... Ils etaient plus ou moins mélangés d’éléments touraniens qui avaient depuis longtemps tourné la Mer Caspienne, ou qui venaient d’arriver, après que l’Ilot des peuples de là Haute Asie, libéré des barrières naturelles qui l’enserraient, put se déverser sur l’Europe. C’est a tort que leur nom a recouvert ceux de toutes les autres tribus caucasiennes venues avec eux. Toutefois il est probable qu’ils partirent en grande quantité. On remarquera en effet que leur nom avait momentanément disparu du Caucase. Au temps d’Hérodote on ne connaissait plus que celui des Colchidiens. Quelques siècles plus tard, ceux d’entre eux qui étaient restés sur place avaient suffisamment reconstitué leur race pour que leur nom figurât dans les nomenclatures de Strabon, de Pline et de Ptolémée. Plus tard il disparut encore par le fractionnement de ses éléments qui formèrent de nouvelles nations Georgie, Mingrelie, Lazistan, Adjarie, Imerethie Gourie, Touchetie, Svanetie, etc., sans compter les noms transitoires qu’ils ont pu porter a diverses époques. Je ne les suivrai pas dans leur parcours européen ; l’enquête nécessaire a été menée tout récemment par M. Philippon avec beaucoup plus de compétence que je ne saurais le faire. Je maintiens toutefois les réserves que je viens de formuler sur l’attribution aux Ibères de quantités de tribus qui marchaient de concert avec eux, mais en étaient sans doute indépendantes. Cette migration par la route du nord eut-elle lieu à la même époque que celle qui en emmena une partie en Afrique? C’est assez probable, mais rien n’autorise à l’affirmer. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg j’ai émis l’opinion que le grand exode des Ibères vers l’Afrique devait être place au moins avant le XVe siècle. Ils ont du voyager par mer, car ils n’ont pas laisse de traces en Grèce comme bien d’autres peuplés ; tout au moins s’ils y ont passé n’ont-ils pas du y stationner longuement. A partir de la Maritza qui portait autrefois le nom d’Hebrus, rien n’indique plus leur passage dans cette direction. Mais en Afrique on retrouve des indices sérieux de leur arrivée; ils ont été des premiers ancêtres des Touareg car ceux-ci ont conservé le souvenir des labbaren ou Djabbaren. C’étaient, disent-ils, des géants des temps anciens et ils montrent comme ayant été laissés par eux, tous les tombeaux préhistoriques des types Choucliet et Bazina qu’on trouve chez eux comme dans toute l’Afrique du Nord, et en outre certaines sépultures en forme de cistés analogues a celles qu’on voit encore au Caucase Duveyrier. Touareg du Nord. p. → et Étant venus sans doute en grand nombre ils ont pris, pour se distinguer les uns des autres, les noms des localités de l’Ibérie caucasienne dont ils provenaient. Le nom d’Æa Tripoli a sans doute été apporte par eux ; le nom du Fezzan certainement, car le Phase Rion actuel traversait en plein leur pays. J’ai aussi noté les noms de Abacha, … janet, Oni sera, Telkata, Zakkèri, etc. Comme tous les peuples du Nord leurs essaims ont du aller assez loin dans le continent noir. On note entre autres la présence d’une tribu Ibara à Madagascar. Chez les Touareg il y a encore des noms de tribus comme Iberekiten, Iberkoré, Iberzaz, Ibeurdianam au Soudan. En Kabylie je relève les Iberagraguène du Guergour, les ïberrakène d’Akbou 2 fractions du même nom, les Iberranêne d’Akbou, les Iberrikéne d’Azeffoun, les Ibezrichéne de la Soummam, les Ibarchouchène d’Azelioune, les Ibarir de Remchi. Au Maroc on signale les Iberkaken de Tiout au Sous si toutefois ce nom ne dérive pas de la racine Barca et les Ihabarn des Zaiane de Kenifra. Ce sont eux, je pense, qui ont apporte dans le Djebel Nefonca et le pays des Matmata la mode de ces curieuses constructions troglodytiques que l’on voit dans la vallée du Rion. Leur langue a du contribuer à modifier et a enrichir l’idiome berbère primitif, tel que les peuples d’origine indienne venus directement d’Orient l’avaient apporté après un long séjour en Arabie. J’ai pu noter, sur une question qui m’intéressait spécialement que le nom berbère du chameau Alrem » était sans doute une altération de l’ibère Aklem » encore usité en Géorgie d’après Klaproth. L’ancien nom berbère de cet animal parait avoir été Amis ou Amnis employé chez les Touareg. Il est possible qu’ils se soient étendus sur les cotes de Berberie en même temps qu’a l’intérieur. Il ressort d’un passage de Pausanias que longtemps avant la guerre de Troie les Ibères parcouraient la Méditerranée sur leurs vaisseaux et envoyaient des colonies sur ses rives, Dotlin. Anciens peuplés de l’Europ. 82. Les Ibères qui sont venus par la voie de terre en Espagne, ont du y arriver longtemps après que leurs frères s’étaient installés en Lybie et sur ses cotes ; il est donc probable que ce sont ces derniers qui ont franchi les premiers le detroit qui separe L’Espagne de l’Afrique, mais par la suite il y eut sans doute des mouvements inverses. Après avoir constaté que le mouvement des Ibères vers l’Occident se produisit à la fois par l’Afrique et par l’Europe, on est obligé de se demander si c’est des cotes d’Espagne ou de celles du Maroc qu’ils gagnèrent l’Amérique et comment ils s’y prirent. Il est clair que le voyage n’est pas plus difficile d’un cote que de l'autre. Les Ibères d’Afrique devaient avoir conservé des habitudes maritimes plus développées que leurs frères devenus des continentaux endurcis, mais l’esprit d’initiative devait être sensiblement le même des deux cotes, bien que des mélanges de sang différents et l’action de climats dissemblables eussent déjà pu amener quelques variations, en faveur des Ibères venus du Nord. Tenant compte de ce que les noms américains que j’ai donnés ne portent pas trace de berberisation et ont plutôt la tournure propre a la langue espagnole, je suis porté à croire que c’est d’Espagne que partirent les Ibères qui allèrent porter leur nom en Amérique. Je rappelle ici succinctement et avec les mêmes réserves que précédemment les autres noms des peuplés espagnols qu’on relève en Amérique et que j’ai déjà donnés précédemment Aragon, Bilbüis, Bibriesca, Calomocho, Estrella, Huesca, Logrono, Malaga, Oceloclurum Zamora, Palma. Rosas, Taragone, Toboso, Tortosa, Zamora. Cette énumération va me permettre de constater que des Ibères d’Afrique ont certainement de leur côté gagné aussi l’Amérique. C'est ainsi que le nom Zamora a du y être introduit par les Berbères d’Afrique, car il est porte maintenant en Espagne par la ville qui s’appelait autrefois Ocelodurum, ville des Oceles qui sont allés en Amérique sous leur propre nom. Les noms des tribus Ibères d’Afrique n’étant pas suffisamment connus dans l’état actuel, on ne peut faire que divagues conjectures à ce sujet. Pour conclure, j’admettrai néanmoins que le passage des Ibères en Amérique eut lieu surtout en partant de l’Espagne. Quant a l’hypothèse d’une arrivée des Ibères en Amérique en sens contraire c’est-a-dire venant d’Amérique en Espagne ou en Afrique je ne trouve aucun motif d’y croire, malgré toutes mes recherches. Je dois même faire remarquer au sujet de l’exemple donné que ni les Zamora ni les Occles ne paraissent être réellement Ibères il semble qu’ils sont venus les uns et les autres directement de l’Inde par le Caucase. En ce qui concerne les moyens employés par les Ibères pour traverser l’Atlantique j’étudierai au chapitre V l’hypothèse du pont Atlantidien de même que pour les autres tribus qu’on retrouve à côté d’eux en Amérique. 42 — KUTAMES Les Kutames sont une tribu du Canada ; il y a dans ces mêmes régions des Cutenes ou Kutenes et des Cutenay qui s’apparentent a cet ethnique d’apparence Kouchite. Je dois dire qu’en vérifiant dans le manuel de Hodge je n’ai pas trouvé le nom de cette tribu, qu’il comprend je crois dans les Kutchines. Ceci ne me parait pas une raison suffisante pour m’abstenir de l’examiner, quoique j’en aie aussi une autre plus grave. En effet par suite de la situation de ces Kutames dans le nord du Nouveau Monde il y a beaucoup de chances, pour que le rapprochement que je vais faire entre leur nom et celui des Kotama ou Rétama de Berberie, n’indique nullement que c’est de ce pays qu’ils sont venus. Je crois au contraire que c’est par le Nord-Ouest qu’ils ont gagné l'emplacement où on les trouve aujourd'hui. Quoiqu’il en soit il y a une parenté tellement nette entre ces deux ethniques que je dois tout au moins à ce titre et par fidélité à mon programme, les examiner sommairement. Le nom des Kotama ou Ketama Berbères semble venir de l’Inde ou il y eut autrefois une tribu de Gaotamci, Gaulama, Gaoutama, qui était considérée dans les traditions védiques comme brahmanique, c’est-a-dire d’essence supérieure, Vivien de Saint Martin. Étude sur la Géographie du Nord Est de l’Inde. Bouddha qui appartenait à cette famille est souvent désigné sous ce nom. Les Rig-Veda mentionnent aussi une rivière de Gomati dont le nom me parait en relation avec notre ethnique. Personnellement j’estime que ce dernier est plutôt d'origine kouchite. On trouve au Japon, dans l’ile d’Hokkaido, un district de Kitami qui semble indiquer qu’il aurait pu se répandre vers le Nord jusqu’en Amérique. En Afrique les anciens connaissaient des Kedamousii qui semblent correspondre aux Keiama des auteurs arabes. Ce dernier peuple joua un grand rôle sous les fatimites et eut à un moment donné la prépondérance sur les autres Berbères de la province de Constantine. L’invasion hilalienne les balaya du Xe au XIVe siècle et les éparpilla jusqu’au fin fond du Maroc. Ils s’étaient fait détester des Arabes qu’ils opprimaient, pendant les premiers siècles de l’occupation musulmane. Ibn Khaldoun les fait figurer comme descendants de Beranes, dans ses généalogies ou je relève ce fait intéressant que deux des tribus de leur confédération qui existent encore, les Oudjana et les Djemila, ont conserve intacts leurs noms indiens. Il est vrai qu’ils comprenaient bien d’autres peuples, notamment des Calden c’est-à -dire des Ghaldeens. Mais l’examen détaillé de leurs tribus nous entrainerait trop loin. Le Colonel Rinn dans ses Origines berbères p. a attiré aussi l’attention sur la provenance indienne des Ketama. Actuellement nous trouvons encore au Maroc des Ketama dans le Rif chez les Sanhadja de Srair. Il y avait au XVIe siècle un Ksar Ketama sur l’Oued Loukkos. En Algérie ce même ethnique a disparu ; les seuls noms qui s’en rapprochent sont ceux des Kedaîma de la commune des Trembles, des Ketounène d’Attia, des Guettanna de Palestro, des Bou Katane d’El Milia, des Bou Katem des chouachi de Bosquet? En Tunisie je trouve des Qemafa à Medjez-el-Bab, Slimane, Sousseet aux Frechiche. Il y a aussi des Kouetena à Gabes. Mais de semblables rapprochements ne peuvent être donnés que sous toutes réserves. En résumé, si ce nom peut encore contribuer à montrer la parenté des Berbères et des Indiens d'Amérique, par contre il ne parait pas avoir été transporté au Nouveau Monde par l’Afrique. 43 — KUTGHINES Le nom des Kutchines de l’Alaska, classés par les linguistes dans le groupe Athapaskan de la famille Na-Dene, étant celui qui se rapproche le plus de l’ethnique kouchite, va me servir pour examiner les tribus de ce nom qui ont rempli de leur descendance l’Afrique et l’Amérique. Ce sont d’ailleurs eux qui sont le plus au Nord du continent américain et qui paraissent être par suite des derniers arrivés. Pour ne pas me répéter, je ne donne pas ici les innombrables noms des tribus américaines dérivées de ce thème. Je vais les énumérer au fur et a mesure de cet examen qu’il importe de faire consciencieusement, parce que si je trouve en Afrique beaucoup d'exemples de cet ethnique, en revanche il n’existe pas de preuve très convaincante du passage de Berberie en Amérique de tribus portant ce nom. Je ne me dissimule pas que j’aborde un sujet scabreux. Le nom des Kouchites a été pendant longtemps l’écueil néfaste de tous les anciens ethnographes ; il exerçait sur les dilettantes une attraction aussi irrésistible ; aujourd’hui on est devenu plus raisonnable » Ed. Meyer. Histoire de l’Antiquité II p. → de la traduction Française. On est même devenu si raisonnable qu’on n’en parle plus du tout, comme s’ils n’avaient jamais existé. Dans les derniers ouvrages publies en France sur l’Inde, leur nom n’est même pas enregistré. On peut s’en rendre compte en lisant le chapitre consacré à ce pays par M. Rene Giousset dans son Histoire de l’Asie et le Tome III de l’Histoire du Monde – Inde Ancienne - de Cavaignac par M. de La Vallée-Poussin. Je n’ai pu trouver quelques renseignements sur eux que dans le Manuel d'Histoire ancienne des Peuples de l’Orient de M. F. Lenormant, ouvrage déjà ancien et dont je ne le partage pas d’ailleurs toutes les idées, et dans une étude sur les Chamites publiee sous le nom de Viewa-Mitra. M. Lenormant suivait à ce qu’il dit lui-même les enseignements d’un autre orientaliste, le baron d’Eckstein. Comme je ne puis pas faire abstraction de l’ethnique Kouchite » il faut bien que je me risque à l’examiner en depit de la sévère condamnation prononcée par M. Meyer. On sait que les Kouchites sont d’après les traditions hébraïques les descendants de Kouch fils de Cham et frère de Chanaan. On les comprend donc parmi les Chamites, mais ils paraissent avoir été plus nombreux et plus, puissants que les autres peuplés de la souche mère. Quant aux Arabes, ils transforment le nom de Kouch en Kais. Je noterai en outre que certains de leurs annalistes au lieu de les regarder comme des chamites font de ce Kais un fils de Japhet qui aurait subjugué et assujetti a un tribut les Chamites, puis les aurait en fin de compte exilés en Afrique Ibn Khaldoun I 182. En réalité toutes ces généalogies et légendes fabriquées par les Sémites n’offrent aucune précision et aucune sécurité. Nous les avons vus, à une époque toute récente, faire le même travail pour les Berbères quand ils ont conquis leur pays et nous sommes fixes sur sa valeur. En suivant a la piste les noms laisses dans le monde entier par les Kouchites il semble que le centre de création et de dispersion de ce peuple a été le Turkestan chinois ou Kachgarie on trouve une ville de Koutcha au nord de Tarim et sur rilli une autre ville de Koultscha ou Kouldja. Il est d’ailleurs assez probable qu’ils venaient de régions situées plus au Nord comme l’indiquent les noms de la Koutchei affluent de l’estuaire de l’Obi et d’autres rivières portant des noms de même formation que l’on retrouve dans tous les pays kouchites, Koul, Koula, Koulah, Koura, Kouria, Koutci, Kouroû, Konrtaia, Kouza, Kot etc. La Sibérie est pleine de ces noms. La Kachgarie renferme outre Koutcha les villes de Kachgar, Khotan, Koufi, Keria, noms caractéristiques que l’on retrouve en bien d’autres points. Dans le bassin de l’Ili, le lac Balhliach nous montre l’ethnique altéré et préfixe, disposition que nous retrouvons en Berberie. L’ethnique Kouchite a eu sa racine diversement modifiée suivant les régions, comme c'est de règle chez les primitifs dépourvus d’écriture, mais qu’il soit devenu Kach, Kech, Kich, Kucli, etc., il reste facilement reconnaissable. Avant de passer en Amérique, je noterai encore dans la partie nord du continent asiatique quelques noms dépendants de cet ethnique villes de Kouznelzk, de Kolyran, d’Iskoutsk, Iakoutsk, L'Okhotsk qui a donné son nom à la mer voisine, rivières d'Issyl-Koul et Toungourska dans le bassin de Flenissei ; ce dernier nom est fortement altéré. Notons encore le lac Koufilskoîe, les iles Kouriles, la Corée et comme peuplés les Yacoutes, les Youkagirs, noms reconnaissables malgré la syllabe préformante et enfin les Tchouktches a la pointe Nord-est du continent asiatique. Le détroit de Behring franchi, les noms des peuples kouchites sont innombrables. On remarque qu’ils vont en s’altérant et en se déformant de plus en plus du nord au sud, au point de devenir méconnaissables en Patagonie. J’emprunte tous ces noms au dictionnaire de M. Gabriel Vergara Martin. Après les Kutchines du Yukon et du Mackensie nous trouvons les Koloches Kolinches, Koljusques ou Koluches de l’Oregon, les Koltschanes de l’Alaska, les Kutchenes du Canada, les Kowitchin, les Koloss ou Tlinguit des États-Unis, les Chutches du détroit de Behring. Ce sont sans doute, bien qu’on n’en ait pas de preuve, ces tribus kouchites qui ont apporte au Canada ce nom d’Accadie qui s’est répandu d'autre part au Caucase, en Mésopotamie, en Grèce et jusqu’au centre de l’Afrique Agades. Un peu plus loin la racine kouch se transforme en coch et nous trouvons des Gochis chez les Apaches, des Cochuas dans le Yucatan, des Cochabamba, Gochabilcas, Gochacajas, Cochimas, Cocheimas7 Gochecinas, Gochavitas, Gochinocas, Cochnewagos et d’autres noms plus altérés encore. Dans les dérivés du même ethnique notons encore les Goloches, Golonches, Gofaches ou Cofachitas, Gofanes, Golimas, Golipas, les célèbres Comanches ou dimanches. Parfois la racine est associée a celle du nom des Atlantes dont j’ai parle plus haut et on trouve des Guchumatlanos, des Colotlanes, des Guitiatecos, des Gohauiltecas. Les iles de Curaçao et de Cuba autrefois Gubanacan portent des noms de formation kouchite la ville de Guzco au Pérou également Les volcans de l’équateur Cotopaxi, Gotocachi, Gorazon sont une autre adaptation de l’ethnique. Mais je reprends l’enumeration des tribus Cornas, Goras, Guchanes, Guchins, Guchis, Cures ou Guricos, Gurinas, Gutènes. Dans certaines régions l’adjonction de la lettre preformante A rend les mêmes noms plus meconna’ssales Acolhuas, Acolhuacas, Acucos, Acoxes, Aculibas, Acurias, etc.. On rencontre aussi le prefixe Tu comme chez les Tukuchés ou Cakchiqueles du Guatemala. Dans l’Amérique du Sud, une modification encore plus sensible nous donne des noms comme Quichuas Quibches, Guechuas ou Kechhuas, Quichoas, Quichicache, Quixos, Quilichaos, Quilvaces etc., et on peut se demander si ce n’est pas une ultime déformation qui prevaut dans certains noms en Gua comme, Guatos, Guaxes, Guaranes, Guaques et jusque chez les Tehuelches de Patagonie. Revenons maintenant en Asie et regardons vers l’Est, c’est-a-dire vers la Chine. Si l’on en croit les recherches de M. Terrien de Lacouperie, les premiers conquérants de la Chine qui subjuguèrent les sauvages qui l’habitaient primitivement, seraient précisément venus de la Kachgarie ; tout au moins ont-ils passé par la. Mais la transcription des noms dans la langue monosyllabique de ce pays ne facilite pas les recherches. Cependant des noms comme celui de la province de Koei-Tcheou, de la ville de Kouang-TcJieou Canton de l’ile de Kioung-Tcheou Hainan de l’ile japonaise de Kiou-Siou, de Kashiro dans l’ile d’Hokkaido, etc., indiquent bien une poussée kouchite dans cette direction. Dans la péninsule indo-chinoise l’influence prépondérante parait être restée aux chamites purs, venus avec eux du Nord de l’Asie, ainsi que je l’ai montré au paragraphe Rampa. On notera cependant dans le golfe de Siam une ile de Kute. Si je passe dans l’Inde je trouve les Kouchites établis sur l’Indus, qui était d’après F. Lenormant le fleuve Phison des Ecritures saintes. Il y a en effet à l’embouchure de l’Indus un golfe et une péninsule de Koutch transcrits suivant les auteurs Cutch, Ketch, Katch un pays de Kcitthyavar, et à sa tête une région de Kachimir. J’ai eu l’occasion de dire que les Héviléens descendants d’un fils de Kouch d’après les généalogistes sémitiques étaient localises a la droite du fleuve, tandis que les chamites étaient au contraire plus a l’Est derrière la barrière de l’Himalaya. M. Lenormant fait venir les Kouchites de Mésopotamie; j’ai dit plus haut que je les croyais venus plutôt de la Haute Asie. J’en trouve une nouvelle preuve sur la carte de Renneli. J’y lis le nom d’une localité de Coultschi dans la haute vallée du Soorjew, tête du Dewak ou Gogra, affluent de gauche du Gange. C’est évidemment une déformation de l’ethnique Kouch et je remarque de plus aux environs de ce point un certain nombre de villages qualifiés Kasch par la même carte. Une invasion de Kouchites est donc descendue par cette voie dans les plaines du Bengale où on trouve d'ailleurs actuellement des Puni Kotch, des Khattya Kumhar, des Khas, des Khloch, des Kciyasth et jusqu’à des Brahmane Kulin. Le fait est si caractérisé que certains auteurs ont cru voir dans Je Gange, le fleuve Phison séjour des Kouchites. Mais cette supposition n’est pas fondée, car les anciens connaissaient dans l’ile de Taprobane, cote à cote, une rivière Gange et une rivière Phasis dont les noms avaient été sans doute apportés la, par des Kouchites passes de l’Indus Phison dans la vallée du Gange et de la dans la grande ile. J’appelle l’attention du lecteur sur ce fleuve Phasis de l’ile de Ceylan signalé par Ptolémée, car le même auteur nous indique non loin de la à la pointe du Dekkan, des Colchi ce qui nous permet de reconnaitre que c’est de là que les noms des Colchi et du Phase ont été transportés au Caucase. Ce nom de Colchi, nouvelle altération du Coultschi du Soorjew ne se trouve plus dans les nomenclatures de l’Inde moderne, mais il y a une localité de Coleche, un peu à l’Est du cap Comorin, et la ville portugaise bien connue de Cochin, sur la cote de Malabar, qui en conservent le souvenir. Nous avons déjà rencontré en Amérique des déformations analogues du nom des Kouchites. J’abuse évidemment de la patience du lecteur en entrant dans d’aussi méprisables détails, mais cette question a été prise de si étrange façon qu’il est indispensable en la revoyant, de l’étudier par le menu. Ptolémée nous signalait aussi dans l’Inde des noms comme Kouta et Kouma. La carte du major Rennell porte encore ce même Kouta et en outre une série de noms similaires Coulam, Coulan, Coutoor, Cutchnor, Cutchubary, Kawtah, Kowrah, Kouratty, peut-être même Calcutta sans compter une quantité d'autres noms altérés, préfixes et suffixes de toutes manières par les peuplés de l’Inde. Dans l’Assam, a l’Est de l’Inde, on trouve un pays de Katchar avec une population de Katchari etc., avant la région occupée par les Chamites. L’ensemble de toutes ces constatations indique que des Kouchites sont descendus du Haut Indus sur le Gange puis de la jusqu’a Ceylan, et qu’ont remonte par l’Ouest pour sortir de la péninsule ; il est fort admissible que des essaims soient aussi arrives par le Nord-Ouest en tournant les Hevileens, mais cela ne détruit pas ce que je viens d'exposer. Je ferai remarquer a ce propos qu'on ne doit pas se laisser induire en erreur par des termes comme Hindou-Kouch la montagne des Hindous Kohistan le pays des montagnes Khouzistan et les innombrables Koh ou Kouh qui figurent sur les cartes de la Perse, car ces termes n’ont rien à voir avec notre ethnique. Le mouvement vers l’Occident des Kouchites a laissé au N. et au S-E. du delta de l’Indus des régions appelées l’une Kotcli Gandawa l’autre Kotch Boudje indiquées sur la carte de Pottinger voyage au Beloutchistan. Les cartes du monde ancien indiquent sans autres détails sur la cote Nord de la mer Erythrée mer d’Oman des Peuples kouchites » dont les Baloutches sont peut-être les successeurs ou le résidu. La cote maritime sans doute plus fertile que de nos jours a du être la principale voie suivie, mais a l’intérieur on trouve les villes de Kouni près de Meched, Kouchk au Nord d’Herat et Kacli au Sud, Kousan a l’Ouest de Merv et Koutchan a l’Est, sans compter la Koktcha affluent de l’Amou Daria dans le Badakchan. Les Brahoui du Beloutchistan sont considérés comme Kouchites. On remarquera que les Kouchites à leur entrée dans l’Inde devaient être une race brachycéphale à téguments clairs et de haute taille et qu’ils en ressortirent fort modifies par le climat et les alliances hétérogènes qu’ils y contractèrent, beaucoup plus foncés de teint, plus courts de taille et plus ou moins dolichocéphales. Je fais cette remarque à propos des Brahouis qui sont restes brachycéphales ce qui tendrait à montrer que leur séjour parmi les dravidiens fut de peu de durée. Les Kouchites pénétrèrent en Mésopotamie soit en franchissant le détroit d’Ormuz soit en suivant la cote orientale du golfe persique. C’est sans doute lors de cet exode ou peut-être lors des migrations antérieures qu’eut lieu l’introduction en Afrique du zebu, de certaines races ovines ou caprines, de la race de dromadaires du Bas-Indus remarquable par l’élévation de son avant-train qui parait avoir donné de son sang à certaines races soudanaises. Arrivées en Mésopotamie elles prirent trois directions principales que je vais examiner successivement, vers le Caucase, vers l’Asie Mineure et la Syrie, et par la suite vers l’Abyssinie et l’Afrique. Les races nouvelles avec lesquelles elles entrèrent en contact étaient d’abord des nègres, peut-être même des négrilles restes dans les basfonds du Cliott el Arab, puis des brachycéphales au teint clair venus du Nord-est qui ont eu sans doute pour type les Accadiens et enfin d’autres brachycéphales d’un type différent descendant directement du Nord, les Finnois dont le mélange avec eux forma le peuple phénicien dans les iles Bahreïn et les cotes voisines. Les Sumériens que l’on trouve en Mésopotamie à une époque reculée semblent être venus de l’Inde et leur nom ethnique indique plutôt un rameau chamite que kouchite. Ils ont d’ailleurs peut-être fait partie des mêmes migrations qui ont sans doute entraine en même temps des tribus dravidiennes. Je ne chercherai pas à déterminer les conditions ni l’époque de ces mouvements de peuples sur lesquels nous n’avons aucune donnée précise. C’est déjà bien assez d’en indiquer les grandes lignes. Pour le Caucase les noms des Colches ou Colchidiens, du Phase, des Sindes, forment un repère sérieux, car il est évident que ces noms sont venus de l’Inde. Avec les Colchi c’est-a-dire avec les Kouchites apparurent aussi tous les noms géographiques spéciaux a leur race. Il suffit de nommer les fleuves Koura Gyrus Kouban, Kouma, Katchine, le lac Khoutchali, les villes de Kouba en Daghestan et Kouta Koutais sur le Phase. Les ouvrages qui concernent la Géographie de ces régions en contiennent beaucoup d’autres. Mais je veux ici attirer l’attention sur divers noms de peuplés que le géographe Ptolémée mentionnait encore dans l’Inde de son temps et dont l’histoire nous apprend la présence au Caucase. Il y avait ainsi des Aioi hindous qui donnérent leur nom aux Aétès du Caucase, a la ville d’Aea de Colchide et aux diverses localités auxquelles on a depuis donné ce nom ; leurs migrations plus au Nord effectuees dans des conditions inconnues, ont forme les Aestii de la Baltique dont le nom à passé aux Estes et aux Esthoniens. Alaba ile au Sud de Ceylan a donné son nom aux Albanais du Caucase, puis aux Albanais des Balkans, et à de nombreuses localités comme Albe, Albani, Albas, Albi etc., disséminées au Caucase et dans toute l’Europe. Les Batoi qu’il place au Dekkan et dont l'on peut rapprocher le nom de celui des Bautae, Scythes en deça de l’Imatis Bouthan actuel ont laissé comme traces au Caucase le peuple des Botliks agrégés aux Avaro-Andiens, les villes de Bataiskaîa, Betani, Batoum ; en Europe on doit noter les Batavie Boetis Guadalquivir et la province à laquelle il a donné son nom. Un autre ethnique voisin de celui-ci et qui en est peut-être dérivé est aussi passe au Caucase ; c’est le nom des Baltes du Baltistan dans l’Himalaya qui a laissé le nom du village de Balta au Nord de la passe de Daria, près de Vladikaukaz, ce qui nous montre la direction de leur route juspu’a la Baltique. Les Botouia Berbères que j’ai étudiés plus haut marquent leur aboutissement africain. Les Varvara ou Barbara qui ont donné leur nom aux Berbères l’ont aussi laisse aux localités de Varavara et Varvarino au Caucase. Les Barousai qui vivaient sur le fleuve Baris ont confié leur ethnique à la localité de Barisakho, chez les Khevsoures, avant d’aller peupler les rives de la Seine et la cote orientale de l’Angleterre. Voir Parisis chap. Pour les Ibères on se reportera à ce que je viens d’en dire un peu plus haut. Les Indoi ou Sincloi étaient les habitants des rives de l’Indus proprement dit. La lettre S a été supprimée dans la phonétique iranienne. J’ai déjà mentionné les Sinti du Caucase et de la Grèce et vais en reparler plus loin au paragraphe Zendales. Il y a beaucoup de chances pour qu’ils aient été de purs Kouchites. Les Kareoi ont aussi transité au Caucase ou ils ont laissé des noms comme celui des Karéliens etc., mais ils ont eu un centre de formation plus important en Asie Mineure. Je les ai déjà étudiés au paragraphe Carianes. Les Salai, habitants de Ceylan qui a conservé cet ethnique déformé, l’ont donné aussi a la ville de Saliani en Transcaucasie, près de l’embouchure du Koura dans la mer Noire. Le nom de Salé père d’Heber dans les généalogies Sémites dit assez l’importance du rôle qu’a joué cet ethnique dans le monde entier. J’en reparle d’ailleurs en parlant des Selich d’Amérique. Les Socmoi étaient un autre peuple de Ceylan que l’on retrouve dans les Svanes du Caucase et auquel furent redevables de leurs noms maintes tribus européennes comme les Suèves ou Suèbes de Germanie, les Suioni et les Suéthans de Scandinavie, les Suardones. Que ces tribus aient été toutes kouchites, je ne puis le dire. II y eut sans doute mélangés avec elles des dravidiens, peut-être des négroïdes ou au contraire d’autres touraniens récemment venus de leurs pays. Mais ce qui semble positif, c’est que les Kouchites furent la majorité et entrainèrent les autres. D’après cette énumération de peuplés, encore connus dans l’Inde au temps de Ptolémée, on peut juger du nombre total de ceux qui durent émigrer ; ceux qui arrivèrent dans la région caucasienne ou leur passage nous est décelé par des noms de peuplés, de villes, de montagnes, de rivières, ne se contentèrent pas d’y laisser des essaims, mais en envoyèrent d’autres dans toute l’Europe, en Grèce, en Asie Mineure, en Afrique, qui se rencontrant avec d’autres tribus arrivées avant eux, formèrent les innombrables nations dont on peut reconnaitre les traces dans l’histoire. Parmi les noms laissés par les Kouchites proprement dits au Nord du Caucase je relèverai encore Kaffa en Tau ride, Kitchinew près d’Odessa, Kola au Nord de la mer Blanche, Kuttainen et Kautolceino dans la région d’Haparanda, les Kachoubes et les Kujaviens polonais. En Herzegovine l’appellation de en Roumanie celle de Koutzo-Valaques, indiquent un mélange de sang kouchite avec des populations différentes. Il y a aussi des Koutchi au Montenegro S. Cvijic. La péninsule balkanique 134. Dans les Balkans on nomme Koutscha les maisons de type dinarique et Koula des donjons défensifs bâtis en pierre, élevés de deux étages et particuliers à cette région. Ce sont des traces vraisemblables du passage des Kouchites. Nous sommes déjà sur la route de la Grèce, que bon nombre de Caucasiens ont traversée pour gagner des climats plus chauds. Les Kouchites sortis des plaines de l’Inde durent être du nombre car les noms de formation kouchite ne manquent pas en Grèce Koubès,' Koukoumarti, Koukoura, Koukouvavares, Kouloumbi, Koulouri, Koumi, Komalios, Kourion, Kourno, Kourounou, Kourtaya, Koutsochero, Koutoumouk, Kynoethe, Kyni etc., que je trouve dans un guide moderne. Les noms des Kittim peuple de Chypre de Cytoeurn crête de l’ile de Cos, de Katchouni et de Khora dans l’ile de Samos, de Cythèrc paraissent aussi relever de l’onomastique kouchite. Vers l’Ouest ces noms deviennent plus rares, plus déformés, partant plus douteux, mais cependant le plus souvent reconnaissables Kustendjeh en Roumanie, Kustendil en Bulgarie, Kusnach et Kustnacht en Suisse, Kurten, Kurenic, Kurtics en Allemagne, Cumes en Italie, des noms français comme Gaumont, Coucy, Courances, Coutances, Corrèze etc. l’ancien nom de la Corse, Cyrnos. Retournons maintenant en Mésopotamie ; dans le bas pays de cette région il y eut autrefois des Koutalla, des Kesh, des Kish, des Kouta. Kish fut le siège de la dynastie importante des Kassites et par la suite il en est sorti de nouveaux noms ethniques Cosséens; Cissites, Cici du Caucase et de Trieste, Cissi Dellys de Berberie. A l'époque actuelle on voit encore la ville de Koweït au Sud de l’embouchure du Chott el Arab, les ruines de Koufa qui fut la capitale de l'empire des Arabes, Kouts el Amcira en aval de Bagdad Khorsabad Khos Rabat Kotcli Tfannès sur le grand Zab, les rivières Koutchouk Tchai et Koubeïssa. Le nom des Kourdes un peu plus au Nord parait relever de notre ethnique. J’ai déjà fait remarquer qu'en Arabie Kouch se transforme en Kaïs ou Qaïs. Gomme ce nom peut se confondre assez facilement avec celui de Cain, une fois transcrit en caractères arabes, il a du en résulter maintes fois des confusions entre Kainites et Kaisites, qui contribuent à embrouiller l’histoire ancienne des Arabes. Les Kouchites, les Chamites, les Héviléens et les autres tribus indiennes qui purent les précéder, les suivre et les accompagner ont joué un rôle considérable, mais encore mal défini dans la formation des peuplés Sémites. Je ne puis que renvoyer au manuel de lenormant pour que le lecteur ait une idée approximative de ce qui s’est passe et du brassage intense de populations qui s’est produit entre la Mer Rouge, la Méditerranée, la Mer Noire, la Caspienne et les Plateaux de la Perse. Ce fut la le creuset d’ou se déversèrent les flots de populations qui envahirent l’Afrique et y formèrent notamment les tribus d’Abyssinie, d’Égypte et de Berberie. On admet que tous ces peuples se séparèrent des Sémites à une époque ou leur langue commune était encore dans une période fort peu avancée de développement. Hovelacque Linguistique 247. On doit en outre croire que certains d’entre eux séjournèrent moins que d’autres dans cette région, peut-être même ne firent que la traverser, conservant mieux leur idiome et leurs coutumes primitifs ce qui explique les différences que l’on constate facilement entre les divers peuples du Nord de l’Afrique. Le passage de leurs convois eut sans doute lieu par les deux bouts de la Mer Rouge par Bab el Mandeb pour l’Abyssinie et par Suez pour l’Égypte. Les Abyssins sont reconnus à peu près unanimement comme des représentants des Kouchites. On retrouve dans l’onomastique de leur pays les noms habituels aux régions peuplées par cette race rivières Kalia, Katchina, Kouara, Kouma, Kollali etc., pays de Koumi, Kourfa. Rien que dans la liste des états Sidama, Soleillet mentionne le Koulla, le Kouta, le Kotcha, le Kaffa. Obock, Choa, Kaffa. de Soleillet. C'est par l’Abyssinie que sont passées bien des tribus qui ont continue à longer les cotes de l’Océan Indien, avant de s’enfoncer dans l’intérieur des terres africaines. Une de leurs principales lignes de pénétration fut par ces états Sidama ou le Père Azais a découvert, en autres monuments anciens, ces nombreuses colonnes phalliques, si caractéristiques de la mentalité des peuplés kouchites et qui nous donnent la vraie signification des pierres levées, des obelisques et des menhirs que l’on trouve ailleurs Kammerer. Essai sur l’Histoire antique d’Abyssinie. A l’intérieur de l'Afrique, nombreux aussi sont les noms kouchites Dar Kouti Ouadai Koutcha Adamaoua, Kouha Bornou, Koukou sur le Niger Gao-Gao Katsena, Koussri etc. Il y a des nègres Kissi dans la Haute Guinee, des Koulango, Kouranlco etc... Les cafres portaient a l’arrivée des européens le nom général de Kousas ou Amakousas Hoefer. Afrique australe. En Égypte tout le monde reconnait qu’il y eut des Kouchites. J’emprunte a M. Edmond Meyer les noms anciens du nom de Kous c’est sur l'emplacement de Kous que s’éleva par la suite la ville du Caire de la ville de Kousoe Gousije actuel des forteresses de Kouban et de Koumane en Nubie. Citons encore le port de Kosseir sur la mer Rouge. Le nom même des Coptes et l’ancienne appellation du Nil Aigouptos, paraissent être derives du nom de Kouch. Maspero nous donné d’après Brugsch quelques noms de tribus kouchites Histoire ancienne p. → de la 12e édition Shemik, Khasa, Sous, Kaâs, Aqin, Anou, Sabiri, Akitit Makisa. Plusieurs d’entre elles sont mentionnées ailleurs dans la présente étude. Je passe maintenant en Berberie. J’y reconnais tout d’abord les noms grécises de Cyrène .Kouren de la Cyrénaïque et de l’oasis de Koufra un peu plus au Sud. En Tunisie au Djerid, la ville de Nefta portait le nom de son pseudo-fondateur Keustheul et toute la région porta le nom de Kashtilia qui ne disparut qu’a l’époque arabe. C’est sans doute l’origine réelle du nom de Castille qui dut être transporté en Espagne par les Berbères. Je note parmi les noms berberises Tkout ksours du Djebel Nefousa et de l’Aurès qui répètent le nom même de Kouta au singulier féminin berbère régulier, les Touareg Ikoutissen masculin pluriel les fractions des Takoucht de Palestro, Takourt de Cassaigne, Takokci de Setif, Takoulca des Bibans, Tekiclia de Lalla Marnia, Tikioucht de Fort National, Tikiouciche de Dellys. Ghez les Touareg du Nord on trouve encore des lkourkoumen ; chez ceux du Sud des Kel Koumedi, Kel Koumerd, Ikoumirdan, Kel N’Kounder, Koubereten, Ikoaclen, Ikoudenancn. Certains noms propres comme Koumati, Kouassia, Koufcita, Kournes, Koufel, Koussa révèlent aussi la persistance de l’imprégnation kouchite chez ce peuple. D’autres noms sont arabisés soit par l’adjonction de l’article, soit par la transformation en pluriel sémite les El Kouachi des Zemoul d’Aine Mlila, El Kouache de Msila, El Khoiiakici d’Arami Moussa etc ; d’autres comme Kouache du Telagh, Kouachi de Pont du Chelif, Kouachia d’Aine Mlila, Kouaïssia de Zemmora et de Cassaigne, Kouaouch de Frenda, Kouaoucha de la Meskiana, Kouchijène de Nedroma gens de Kouch ; c’est le mot grec genos arabise comme dans Barcadjenna, Carthadjenna etc. Koutitane de Medea, Béni Kouffi, de Dra el Mizane, Béni Koulal de Guercif Maroc, Kourimat des Chiadma de Marrakech, sont restes plus près de la forme primitive. Dans un certain nombre de mots comme Sedouikech, Béni Mellikech, Couchéch du Fondouk, Kourirech, l’ethnique, parfois déformé comme dans le dernier sert de suffixe. Au Sahara le nom des Kounta est peut-être kouchite. Cette longue énumération permet de se rendre compte de l’importance qu’a eue ce peuple. Pour l’escamoter comme on le fait actuellement on usé d’un procédé fort simple. Dans le Nord on le comprend parmi les Ibères qui ont en effet remplacé les Colchidiens. Dans le Sud on le fait entrer dans les Chamites. Cham étant le père de Kouch suivant les traditions, la chose parait naturelle de prime abord, mais elle l’est moins lorsque l’on considère la manière dont se font les généalogies Sémites, on ne peut donc se défendre d’un certain doute. En tout cas malgré leur parente et leur voisinage les deux ethniques sont toujours restés bien distincts. Au moment où ils se détachèrent des Sémites pour entrer en Afrique, les Kouchites et les autres tribus qui les accompagnaient en étaient a l’âge de la pierre ; ce sont nos néolithiques africains. Ils avaient avec eux des troupeaux. C’était semble-t-il un peuple de teint brun, de traits réguliers, actif, brave mais cruel et féroce. On s’accorde généralement pour leur attribuer les caractères suivants le système des castes, résultat de leur rencontre dans l’Inde avec des populations noires qu’ils avaient subjuguées et réduites en servage, était en vigueur chez eux ; il en était de même du matriarcat, de la circoncision et même de l’excision dans certaines tribus ; leur culte et leurs rites étaient cruels et obscènes. Les préoccupations sexuelles tenaient une grande place dans leur existence. Le mythe d’Osiris en est une preuve. C’est d’eux que les Abyssins chrétiens ont pris l’habitude, qu’ils avaient conservée jusqu’a notre époque, de couper les parties sexuelles des combattants ennemis, morts ou vifs, tombés en leur pouvoir, pour en faire des trophées les anciens Égyptiens avaient, les mêmes pratiques ; les Berbères musulmans de l’Ouest ont encore conserve l’usage de mutiler les cadavres de leurs ennemis, ce que ne paraissent pas faire les Arabes ni les Touareg Ces derniers bien que classes Berbères sont beaucoup moins imprégnés de sang kouchite. On connait la cruauté, célèbre dans l’histoire, des Assyriens. Il semble que ce soit le mélange avec le sang dravidien qui ait développé chez les Kouchites africains la recherche des rites obscènes, car si je ne me trompe ils n’existent pas, tout au moins aussi fortement, chez les Indiens d’Amérique. D’ailleurs leur passage dans des régions ultra froides ou la recherche de la nourriture est la préoccupation dominante aurait pu modifier leur mentalité à ce point de vue ; mais elle n’a pas diminué leur férocité native qui s’exerçait d’une autre manière, en scalpant les chevelures des ennemis comme trophées de guerre, en préparant et en conservant leurs tètes, à la manière des Jibaros, en sacrifiant solennellement les prisonniers. On remarquera à ce propos que ces sacrifices se faisaient en ouvrant la poitrine de la victime et en retirant ses visceres comme l'ont fait longtemps les peuplés mongols ou l’élément kouchite parait prédominant, Au point de vue social les Kouchites ne paraissent pas avoir jamais pu s’élever beaucoup au-dessus de la conception de la tribu, du village, de la commune, qui remplace chez eux l’idée d’une patrie plus étendue. Lorsqu’ils sentent la nécessité d’unir leurs efforts, c’est sous la forme de confédérations spéciales sof, lef, qu’ils conçoivent ces associations politiques. Malgré sa puissante emprise, qui donné a leur xénophobie la forme de fanatisme religieux, l’islam lui-même n’est pas parvenu à remédier a cette anarchie congénitale. La supériorité qu’ont sur eux les nations européennes, chez lesquelles on retrouve par ailleurs la plupart des éléments constitutifs qui se constatent chez les Berbères, parait due principalement à la proportion beaucoup moins forte de sang kouchite qui coule dans leurs veines, ou plutôt de sang kouchite mélangé à celui des Dravidiens. Pour les Touareg le fait est certain. Pour les Arabes souvent difficiles à distinguer en Afrique des Berbères purs, il est moins nettement établi. Généralement le silence se fait de nos jours sur les faits de ce genre afin de ne pas surexciter les esprits, de provoquer des représailles et d’envenimer des haines de race Je crois néanmoins ne pas me tromper en faisant cette distinction. Après avoir constaté cette existence des Kouchites en forte proportion en Amérique et en Afrique, il ne reste à rechercher s’il y a eu communication directe entre eux. Leur parenté initiale ne saurait faire de doute, mais il n’y a aucune preuve suffisante pour établir que l’ethnique ait été apporté d’Afrique en Amérique ou vice versa. Des deux cotes il est venu de la haute Asie. Il saurait y avoir d’hésitation que pour certains noms des Antilles, mieux conservés que les noms voisins d’Amérique continentale ; on pourrait donc peut-être se demander s’il n’est pas arrivé dans la région centrale avec d’autres Berbères, des individus apportant l’ethnique kouchite moins déformé, pure hypothèse que nous n’avons nul moyen de vérifier. 44 — LACHES Les Indiens Laches vivent en Colombie ; à coté d'eux existe une autre tribu de Leches qui porte surement le même ethnique. Nous le decouvrons encore dans les Lequios des iles de ce nom, les Licanes du Pérou, les Lenkas du Brésil, les Lecos de Bolivie, les Laquediches el les Loquediches du détroit de Magellan, les Lacandons du Yucatan et les Imcayos des iles Lucayes ou Bahama. Outre les tribus indiennes mentionnées par M, Martin qui toutes se trouvent dans le continent du Sud, il existe d’autres collectivités dont les noms sont manifestement dérivés du même ethnique dans le Nord de l’Amérique. Je les trouve énumérées dans le Manuel de Hodge. Comme elles appartiennent a des tribus notoirement venues du Nord de l’Asie, je me contenterai d’en donner la liste pour mémoire, en me contentant d’appeler l’attention sur la différence qui existe entre la formation des mots bâtis sur cet ethnique dans les deux continents jumeaux. Ce sont les Lackawaxen tribu des Algonquins, les Lakweip, tribu des Athabascan, les Lekiuiltok tribu des Kwakiutl et un certain nombre de clans secondaires ou villages dépendant pour la plupart de la tribu des Tsimshian Lakisumme, Lakkulzap, LakVoukst, Lalcseel, Lakskiyeh, Laktiatl, Lakungicla, Lakyebo. Ils ont du arriver directement de Sibérie. Je rapproche ces noms de celui des Lakhs ou Lèkhs des historiens arabes et je vais étudier l’origine et les avatars de ces derniers. Cette recherche est intéressante car ce peuple compte, parmi ceux qui ont montré le plus de vitalité et ont le plus contribué a la formation des races civilisées de l’ancien monde. En recherchant tout d’abord au Nord de l’Asie je constate qu’ils ont du y passer comme la plupart des peuples. La racine de leur nom figure en effet dans ceux de diverses rivières siberiennes Log, Logtclienga, Lekmn, Laktchedo, de l'Obi et Logach et Logachma de la Lena. Mais leurs centres secondaires de formation et de dispersion me paraissent être dans l’Inde, à Ceylan et au Caucase Ceylan s’appelait autrefois Lavgka que l’on prononce Laka Burnouf. Recherches sur la Géographie ancienne de Ceylan 1857. Ses habitants s’appelaient de même. L’onomastique indienne comporte un très grand nombre de noms commençant par la même racine diversement suffixée. J’en compte plus d’une vingtaine dans Rennell et je citerai quelques uns des plus simples Lacki, Lackiuaha, Lechiuar, Luckia, Luckiduar, Lucknow, Luckipour, Luckour etc., Il y eut un clan et une dynastie puissante de Licchavi de La Vallée Poussin 1. c. p. Dans une compilation de Figuier sur les races humaines il est question de Leiks, peuple belliqueux, remarquables par la beauté de leurs visages allonges. Il les cite les premiers parmi les Hindous, mais je n’ai pu trouver aucune mention sur eux dans les auteurs modernes ; ce sont peut-être les Liccavi qui précédent. Ce n’est pas sans raison que je suppose que les Laka de Ceylan sont remontes vers le Nord-Ouest et ont ainsi gagné le Caucase comme les Kouchites. A l’aube de l’histoire nous trouvons en Mésopotamie, sur la route qu’ils durent suivre a leur sortie de l’Inde, des villes de Lagash et de Lakish dont se sont occupés les savants modernes. Elles auraient joué un certain rôle dans l’histoire primitive de cette région. Il existe encore une tribu de Lek ou Louri qui vit dans l’Irak Adjemi près de lvazvine a l’Ouest de Téhéran, et qui est peut-être un débris de ces anciens peuplés. D’autre part sur la route directe de l'Afrique je note les Lexianes et les Lécliiens de Pline et plus loin des Laids sur le lac Zouai en Abyssinie et une ville de Leka. Mais continuons vers le Caucase. La ils ont formé la nation importante des Leks ou Lezghiens qui sont comptés parmi les plus beaux peuples du Caucase et qui ont abondamment essaimé soit en Europe soit en Afrique. Je rappellerai sommairement ce que j’ai dit de cette nation dans mon étude sur les Origines Caucasiennes des Touareg. La racine de leur nom se retrouve dans celui des anciens Lyciens d’Asie Mineure, des Laconiens du Peloponese, des Lélèges d’Asie Mineure et de Grèce, dans ceux de Lacédémone, de Lelcliaon, Lckhonie, de Lakkoï en Crête, du port Lakha de l’ile de Paxo. Il y a des Leks ou Lech à Alessio en Albanie ; la partie Sud-est de la Croatie s’appelle Lika et ses habitants sont les Licani. De Grèce les Leks étaient passés en Italie ou nous trouvons une Lucanie, une Ligurie, des villes de Lecce au Nord d’Otrante, de Lucca Lacques, de Lecco sur le lac de Come, de Lugano, de Lucerne, de Lelex, du Leckipass et du Leckistoclc en Suisse, des Lègues en Provence. Plus au Nord ils furent la souche de la noblesse polonaise ou leur nom se conserve comme patronyme de différentes familles, plus ou moins modifié. On le retrouve aux iles Lofoten dont Y une s’appelle Leko comme je l'ai dit plus haut, et en divers points de Norvege Lecko, Leksand. Parmi les peuples germains Tacite a indiqué des Lygii. Si je passe en France je trouve les noms, que nous ont conservé les auteurs anciens, des de Lisieux, des Lexii, des Ligauni, des Linçjones et surtout des Ligures qui ont peuplé la Gaule à une époque fort ancienne. Il semble que les auteurs qui se sont occupés de rechercher la formation des anciens noms gaulois, aient bien injustement négligé cet ethnique dont l’importance n’est cependant pas douteuse. Je le retrouve dans les noms de Liger Loire, des quatre Lugclunum Lyon, Laon, Leyde, Saint Bertrand de Comminges Liciburgum Luxembourg et d’une multitude d’autres noms qu’il est facile de retrouver dans les nomenclatures françaises. En voici quelques spécimens, sauf erreur toujours possible dans ce genre de recherches Lacq, Lacquy, Lacs, Lagor, Lagos, Lagny, Laix, les Lèches, Lacques, Lect, Lègc, Légua, Lelex, Lcscun, Lesges, Lez, Licey, Licques, Litz, Loex, Locon, Loix, Les Lues, Lugan, Lugos etc… Les Le-ts sont arrivés en Gaule à diverses époques et sous des noms différents. La plus connue de leurs bandes portait le nom Ligures, venue par le Sud, comme l'indique le suffixe ri » qui prouve son passage au milieu des populations touraniennes descendues dans les Balkans Illyriens, Etruriens, Ligures etc. En Espagne des noms analogues comme Lagos, Leganéo, Lexos, Loeches, Luco, Lugo etc. indiquent aussi la présence de ce peuple. Passons maintenant en Afrique. Nous constatons que les Égyptiens ont reconnu leur présence parmi les peuples de la Mer. Le roi des Lybiens Mirmaiou avait dans ses contingents des Leka lorsqu’il attaqua Minephtah de la XXe Dynastie Maspero 300. Les egyptologues identifient ces Leka avec les Lyciens d’Asie Mineure, mais les auteurs arabes nous ont restitué leur vrai nom de Lalchs ou Lekhs comme je vais le montrer. Ce qui a empêché de le reconnaitre, c’est que les auteurs romains et grecs ne parlent pas de ce peuple et nous signalent seulement des Lixites en deux points de la cote marocaine occidentale. Il y en avait d’abord sur le Louklcos auquel ils avaient donné son nom puis plus loin dans le Sahara quelque part sur l’Oued Draa, ce qui semble indiquer l’arrivée de deux essaims distincts a des époques différentes. Dans les généalogies Berbères, les Lakhs étaient un peuple voilé, qui composait avec les Zegen dont je parlerai un peu plus loin voir Zaganes la confédération des Lemta. Ce nom de Lemta corruption de Lebda Leptis Magna port de la Syrte qui dut être l’endroit où ils débarquèrent et leur centre de ravitaillement, sans doute pendant de longues années, est la seule indication que nous ayons sur eux, car l’histoire est muette sur leur compte. Sous la pression des colons Phéniciens, des conquérants romains, des envahisseurs vandales et byzantins ils avaient déjà disparu du Sahara tripolitain quand les Arabes les trouvèrent installés au Sous. Ce sont peut-être les Lixites des anciens et les Lynxamates de Ptolémée. Ibn Kbaldoun nous tient au courant de l’existence de ces Lemta jusque vers le XIVe siècle époque a laquelle leur nom disparut. Il s’était transformé en Lemtouna sous l’influence de la phonétique soudanaise et le peuple qui le portait s’était lui-même modifie entrainant à sa suite des fractions Berbères de l’Atlas. En continuant leur circuit ils se replièrent vers l’Est aux abords du Niger en prenant un nouveau nom, celui d’Aouelimminden qui signifie les enfants de Lemta. Parmi les tribus de cette dernière confédération, on reconnait les débris des Lakhs primitifs sous les noms suivants Logomaten qui sont peut-être, les Lynxnmates, îloukinaten, Iloclian ou Ilokan. Outre ce grand circuit des Lakhs agrégés aux peuples voilés, des essaims ont porte leur nom en divers points du pays nègre ou ils ont été absorbés dans la population ambiante. C’est ainsi que l’on trouve des Lakka au Logone, un pays de Lagos sur la cote de Guinée, des Ba-Lega chez les Bantous Deniker etc… Mais seuls les Lixites peuvent nous intéresser, car ce sont eux qui de la cote marocaine ont gagne l’Amérique. Ceux du Sous ont disparu englobés dans les Haha au doux visage » Doutte qui leur doivent sans doute la beauté de leurs traits. Il en est de même de ceux du Loukkos. Comme trace de leur passage au Maroc on trouve la ville d’Ilegh au Sous, des Ida ou leggane voisins des Tekna Gatell et des Ilektane Quedenfeldt. Il y eut autrefois dans la région de Taza des Lokkaï Ibn Khaldoun. Il reste une fraction de Lemta à Fez. Les migrations premières des Lakhs nous sont indiquées en Berberie par les noms de diverses fractions Illougane de Dellys, Imkhehatna de Khenchela, Lakhessef de Taher, Lakhfidj d’Oued Cherf, Lakhrnak d’EI Milia, Lakta de Takitount, Lekaa N’Tedrart de l’Oued Marsa, Iachana du Zab Dahri de Biskra ; en Tunisie Leqchach de Souk el Arba, et Lqot d’Aine Draham. Bien que les déformations du nom de Lekhs en Europe et en Afrique soient à peu près similaires et ne nous donnent pas grandes indications, je pense cependant que c’est de Berberie que les Laches et autres tribus indiennes d’Amérique sont parties en traversant l’Océan Atlantique. J’ai dit déjà que les Lacandons du Yucatan portent encore la gandoura berbère. En outre, on peut, comme je l'ai fait déjà à propos des Abades, s’assurer que les peuples voisins et alliés des Lezghiens du Caucase sont représentés en Amérique à leurs cotes, ce qui est non pas une preuve absolue mais une présomption de l’ordre le plus sérieux. J’ai déjà examiné ce point pour les Abazes, pour les Andis, pour les Avares et pour différentes fractions de ces peuplés. J’y ajouterai encore d’autres noms par la suite et pour le moment je me contenterai de nommer les Kapotcha ou Kapoutch du Daghestan que je rapproche des Gapuchos du Venezuela, des Gabichi du Brésil, Gapichenes du Pérou et Capechenes de Bolivie ; les Ka-zi Goumonk que l’historien arabe Macoudi appelait Goumik et qui font partie des Lezghiens, identifiables avec les Guamocos de la Colombie ; les Dido que j’ai déjà mentionnes en les confrontant avec les Didue ou Edue de la basse Californie. Les tribus du groupe de Dargho qui occupent la partie orientale du Daghestan comprennent des Aboucha que l’on peut rapprocher des Acucos de la nouvelle Galicie et nous savons par ailleurs que ce groupe a eu des représentants en Berberie où une fraction noble des des Touareg Azdjer porte le nom de lhadanaren ouan Dargo et où une autre fraction des Aouelimminden s’appelle les îderragaguene Richer. Les Kuras du Daghestan pourraient aussi être rapprochesdes Cures du Chili et d’autres tribus dont les noms sont bâtis sur la même racine, et des Kouriet de Fort National etc. d’autre part, mais ces noms d’origine kouchite sont trop répandus pour être bien probants. Quoiqu’il en soit la somme de ces constatations me parait bien de nature à justifier ma proposition. Je ne serais pas complet si je ne faisais remarquer qu’on a parfois essaye de substituer au nom des Leks caucasiens celui des Lybiens ce qui amène à un bouleversement, radical de la Géographie ancienne. Cette conception qui est celle de Moreau de Jonnes et de M. A. de Paniagua repose sur une indication sommaire de Pline relative aux Lubiens voisins des Silvi du Caucase VI. XI. I et sur la mention d’une Lybia supra Colcbos » due a Suidas auteur du Xe siècle de notre ère et inserée accessoirement dans un article sur les macrocephale, dans son Lexique historique, biographique et littéraire. Je ne verrais pour ma part aucun inconvénient à ce que les Lybiens, que je vais étudier au paragraphe suivant, aient traversé le Caucase et y aient séjourné ; le fait est possible et vraisemblable, mais dans la circonstance je crois plus simplement qu’il s’agit d’une erreur de lecture ou de copie, car tons les auteurs anciens ont place dans cette région non pas des Lybii mais bien des Lygii qui sont les Leks ou Lezyhiens de nos jours. 45 — LIPIS Je crois trouver dans le nom des Indiens Lipis de Bolivie, et des Lipanes du Texas, l’ethnique même des célèbres Lybiens de l’antiquité, mais ce nom a subi au cours des temps de telles déformations que je ne puis faire ce rapprochement que sous les plus grandes réserves. La substitution du P au B, assez fréquente dans les idiomes américains, n’a rien de bien anormal ; ce qui l’est davantage c’est que ce nom soit isolé, ce qui enlève forcement quelque confiance dans cette proposition. Il y a bien au Pérou des iles Lobos mais ce nom signifiant loup eu espagnol, doit-être naturellement suspecte. Il en est de même du nom de la tribu Paconee des Lobos ou Skidis aux États-Unis, qui a peut-être aussi cette signification. Je noterai encore une ville de Lebu au Chili. Les Lybiens des auteurs anciens sont les Libou des Égyptiens qui apparaissent des la fin de la XIXe dynastie. Moret et Davy des Clans aux Entres p. Ils étaient grands et forts ; leur peau claire, leurs yeux bleus et leurs cheveux blonds trahissaient, tout au moins pour certains d’entre eux, une origine septentrionale. Nous allons voir un peu plus loin ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Mais pour le moment je remonte dans le Nord pour chercher leur pays d’origine. C’est encore dans la vallée de l’Obi que je puis remonter le plus haut sur leurs traces ; il y a une Loba affluent de la Toura, une Lobva et une Lobouga. Mais je crois que c’est un peu plus au Sud, en plein Turkestan chinois, sur les bords du lac Lob, le célèbre Lob Nor qu’a été leur véritable centre de formation et de dispersion. De ce point l’ethnique se répandit vers l’Ouest, peut-être entraine dans l’exode des peuplés de l’Amour. Il ne parait pas qu’ils soient allés droit au Sud car on ne retrouve pas leurs traces dans l’Inde tandis qu’elles abondent dans l’Europe septentrionale, en Asie Mineure, en Syrie et en Afrique. Je citerai un peu au hasard la ville de Lob sur la cote norvégienne près des iles Lofoten, les iles Loppen un peu plus au Sud, Lobau et l’ile Lobau près de Vienne où l’O de l'ethnique s’est conservé, puis des noms où il s’est transforme en E ou I comme dans la rivière Leba a l’Est de Dantzig et Lepel en Russie. Dans le même pays il y a des Libctu, Lioubim, Lipetz, Lipno, Lipovetz ; en Prusse des Lebus, Liebau, Lubz, Luben, Leubnitz, La Liv et les Livoniens, peut-être aussi la Litva et les Lithuaniens dérivent-ils de ce même ethnique ? Plus bas nous trouvons Lippïk, Liptan, Lippa, transformations analogues à celle que j’étudie en Amérique, puis Lieben, Leybach, toujours sous réserve d’une etymologie meilleure. Le cas est plus net pour les tribus italiennes des Lepontii, des Levi des Libeci ou Lebeci de Verceil, des Libui que Tacite plaçait entre Padda et l’Adige, des Liburni d’Hlyrie, de la ville de Livourne dont le nom se retrouve en France sur la Dordogne a Libourne. En France encore, certains noms comme Lebiez, Lèves semblent avoir même origine ; le mot lupus loup est regardé par les étymologistes comme ayant fourni la racine de beaucoup de désignations de localités francaises comme Lubbo, Lubey, Lubine etc., dont certains pourraient au contraire se rattacher a notre ethnique, Il y avait des Levaci en Belgique. En Espagne nous trouvons des Lubienses sur l’Ebre Pline des Lobetes, des villes comme Libia, Libisosa, Liburna, Libunca, Libusta, Lobesa, etc… Au Caucase Pline cite des Lubieni en Albanie, près des Silves et des Didures et un autre auteur de basse époque y place aussi des Libyi Suidas mais comme on ne leur voit pas mentionner par contre les Ligyi qui sont les Leks ou Lezghiens actuels, on est en droit de se demander s’il n’y a pas eu quelque confusion, ou quelque erreur de transcription. Cependant on trouve encore en Géorgie dans la région de Pachanaouri line localité de Libda Klaproth I. 490 qui se rattache peut-être à notre ethnique et a pu donner son nom aux trois Lebda ou Leptis des Syrtes d'Afrique et d’Andalousie, et une rivière Laba affluent du Kouban. Un manuel alphabétique des noms caucasiens analogue à celui de Hodge pour les les tribus indiennes du Nord de l’Amérique rendrait les plus précieux services à l’ethnographie. En Palestine nous retrouvons des traces manifestes du passage des tribus du Lob. Les noms de Libb a l’Est de la Mer Morte entre Madeba et Kerak, des deux Libna dont l’un Tell es Safiye a l’Ouest de Jérusalem, l’autre au Sud de Naplouse qui porte encore le nom d'El Loubban, peut-être aussi de Lifta un peu au nord de Jérusalem, enfin du Mont Liban sont assez significatifs. Les Hébreux appelaient les Lybiens Lebahim ou Laabim et les considéraient comme des chamites descendants de Mesraim. Mais c'est surtout en Afrique que les Labou ou Lebon connus des Égyptiens prirent un tel accroissement que la région Nord de ce pays fut pendant longtemps appelée Libye de leur nom. Avant de rechercher ce qu’il en reste sur place, je vais examiner les essaims qu’ils ont dirige en pays nègre car leur invasion y a laissé des traces nombreuses et durables. La plus significative est la présence d’un peuple de Lebon à la pointe ouest de l’Afrique près de Dakar, qui a conservé intégralement l’ethnique tel qu’il était connu des Égyptiens ce sont des nègres fétichistes et animistes, plus laids que tous les peuplés voisins, mais chose curieuse, ils ont gardé l’habitude égyptienne d’embaumer leurs morts avant de les mettre en terre, et autrefois leurs chefs étaient accompagnes dans leur tombe, d'amis, de femmes et de serviteurs, Peyrissac- Aux ruines des grandes cites soudanaises. Chez leurs voisins, les Oulofs ou Yolofs et les Feloups, la dernière partie du nom seule évoque l’ethnique, mais par contre le type physique, peut-être encore revivifié par de nouveaux apports venus du Nord, s’est mieux conservé car ce sont de beaux hommes, de haute taille, aux traits réguliers et plus intelligents que les noirs purs. Une autre tribu, les Laobé ou Labbé est fortement imprégnée de sang peut, et formé dans les tribus Peules une caste à part inferieure. Plus à l’Est sur la Haute Volta vit le peuple Lobi sur lequel a donné de nombreux détails dans dans ses divers ouvrages ils ont conserve le matriarcat avec un certain nombre d’autres coutumes primitives notamment celle des cheveux tresses et de l’étui phallique qui dans les peintures égyptiennes sont si caractéristiques des anciens lybiens ; ils se bâtissent des sortes de châteaux forts au lieu de se contenter des huttes des autres nègres, sont fort indépendants et ont toujours lutté contre l'introduction de l’islamisme chez eux. Je pense qu’ils constituent un des premiers essaims, qu’ils sont peut-être même arrivés directement sans presque s’arrêter en Égypte. Comme tous les envahisseurs du Nord ils ont vu leur sang altéré par les races conquises au point de devenir physiquement presque semblables à elles. Ce qui m’intéresse plus particulièrement est la bonne conservation de leur ethnique. J’ai omis de donner l’origine de ces Louata d’après les Arabes. Ils ont créé pour eux un ancêtre Loua, des Madghes, et ont entassé dans sa descendance une quantité de tribus hétérogènes, notamment des populations auxquelles ils pretaient une origine copte ou Tripolitaine ; mais comme elles étaient trop nombreuses, ils ont fait comme pour Sanhadj l’aïeul suppose des Sanhadja et ont créé un autre Loua dit Loua le jeune. Ces fantaisies eponymiques ne nous apprennent d’ailleurs rien. Je ne m’attacherai pas davantage à examiner l’opinion du Colonel Rinn Origines berbères p. il estime que les migrations des Lebou pourraient provenir de la province ligurienne d’Alava en Espagne. Tout semble démontrer qu’ils sont au contraire venus de l’Est... Il est vraisemblable qu’il en est passé quelques uns de l'Afrique en Espagne et que d’autre part ce pays en a reçu d’Europe. Mais pour ce qui est du nom d’Alavct, il ne se rattache pas à l’ethnique des Libyens, mais bien a celui des Albanais qui étaient voisins et peut-être parents des Leks caucasiens, ancêtres des Ligures mais non partie intégrante de ceux-ci. En résumé, je dois reconnaitre que pour ce qui est de la filiation des Lipis d’Amérique aux Libyens d’Afrique, elle ne repose que sur une base des plus tenue et trouve son principal soutien dans l’ensemble des autres constatations que j’ai déjà faites et qui me restent à faire. 46 — MACAS Les Macas sont des Indiens de l’Equateur, dont je prends le nom comme le type le plus simple d’un ethnique qui a été très diversement modifie dans le Nouveau Monde comme dans l’ancien, tantôt durci en Maka, tantôt adouci jusqu’a donner Maya. Le type moyen et le plus commun nous est donné par les Maces de Berberie dont le nom peut aussi s’écrire Mats, racine fréquente en Asie et en Europe. Pour ne parler que du Nouveau-Monde je citerai parmi les nombreux noms qui se rattachent à cet ethnique les Maca ou Macos ou Makos de Colombie et du Venezuela, les Macagoas du Venezuela, les Macasis de la Guyane, les Macaxos du Brésil, les Macucos de Colombie, les Machais de l’Equateur, les Machiris de Bolivie, les Maiscas de Colombie, les Mayas du Yucatan et les Mayos de Colombie. Il y a plus d'une soixantaine de noms établis sur ce thème rien que dans l’Amérique du Sud. Mais il y a aussi dans l’Amérique du Nord de nombreuses collectivités que l’on peut rattacher au même ethnique, notamment une tribu de Makah ou Makash chez les Nutkas de la Colombie Britannique, des Massachuset et des Mattabesec tribus algonquines que je trouve dans l’hodge, avec de nombreux noms de villages ou clans. Il y a aussi une tribu de Mayos appartenant aux Opata Pima de Californie dont le nom se rattaché manifestement a celui des Mayas du Yucatan. On s'accorde pour croire que le nom des Mayas du Yucatan n’est pas un ethnique, mais on ne s’entend pas sur la vraie signification. M. Vergara Martin pense que c’est un terme géographique indiquant un lieu sec et aride tandis que MM. Genet et Chelbatz dans leur récente Histoire des Peuples Mayas-Quichés p. disent que c’est un surnom donné aux Itza peuple du Yucatan que l’on appelait aussi Macehual. Le premier signifie efféminés » et le second paysans ». L'existence des Mayos de Californie et de Colombie m’amène à croire que ces étymologies ne doivent pas être prises au sérieux et que Maya était peut-être bien l’ethnique réel de cette nation. Je pense que tous ces noms doivent être rattachés en dépit de leurs déformations à celui des anciens Maces de la Berberie. Je me suis efforcé ailleurs Les origines caucasiennes des Touareg de montrer que ces Maces n’étaient autres que les Arméniens donnés par Salluste comme une des souches dont sont sortis les Africains du Nord. En raison de l’importance de cette question tant pour l’Afrique que pour l’Amérique je vais essayer de suivre leurs migrations en détail. Je place le point de départ des Maces dans l’Inde. Il y avait la, trois millénaires environ avant notre ère, une nation de Malsyas qui joue un grand rôle dans les récits hindous relatifs a l’installation des Aryas dans les régions de l’Indus et du Gange. Ils sont aussi mentionnés dans le recueil des Lois de Manou. Nous sommes donc assurés de leur existence, mais ils ont disparu des nomenclatures plus récentes ; leur nom primitif qui signifiait les poissons » est un exemple de nom ethnique dérivé d’un nom de clan, sans doute d’un clan kouchite. On les représente en effet comme des Kouchites organisés, peuplé de savants et d’astronomes qui naviguait sur les grands fleuves de l'Inde et cultivait leurs rives. F. Lenormant III 425 etc. Ils durent émigrer au cours des guerres que se livrerent entre eux les peuples de l’Inde. Arrien ne connaissait plus qu’un peuple de Matliéens concentre sur un des affluents du Gange, et il était sans doute peu considérable car un siècle plus tard, Ptolémée ne signale plus ce nom dans sa Géographie. On remarquera déjà ce durcissement de leur nom. Dans le catalogue géographique des Yaksa traduit par M. Silvain Levi 1913. p. → a on trouve des Masati et Masitika qui semblent représenter une autre dérivation de ce même ethnique. Enfin dans les listes modernes de l’Inde des noms comme Masan, Math? Mathepour etc. vont en s’écartant de plus en plus de l’ethnique primitif. L'écart est encore plus grand avec les Maka que nous révèle l’inscription de Bisoutoun Oppert Les Modes 115. Ils formaient la 23e satrapie de l’empire de Darius et vivaient à cheval sur le détroit d’Ormudz. Le promontoire appelé aujourd’hui ras Mesandum était alors le cap Maceta. A l’époque actuelle on relève encore, des deux cotes du détroit, des noms comme Makran, Mascate, Matrah, Macnan, Makniyat, Mazim qui semblent des variations diverses sur ce même thème. J’imagine aussi que Mekka la Mecque autrefois Macorabci et Moka sont aussi de lointains dérivés, provenant du mélange d’essaims des Matsyas primitifs avec les peuples qui les avaient précédés dans cette région, car ailleurs ils surent garder leur nom presque intact. A partir de leur arrivée dans l’Asie antérieure ils se fractionnent et on suit leurs traces dans les diverses directions que j’ai déjà indiquées pour les migrations kouchites. Commençons par le Nord. En Chaldée il existait, a ce que nous apprend Maspero, un pays fabuleux connu sous le nom de Mas. En Arménie ils formèrent une nation nombreuse que nous trouvons diversement placée et nommée suivant le flux et le reflux des invasions qui ballottaient les peuplés de cette région L’Ararat portait le nom de Massis ou Masios qu’il leur dut sans doute. De même le lac d’Urrmia s’appelait le lac Matianos. Les Gètes qui vinrent, habiter cette région, y prirent le nom de Massagètes, de même qu’ailleurs ils avaient pris les noms de Indigètes, Morgetes, Samogetes, Tbyssagetes, Tyragetes » d’après les pays où ils s’étaient établis. Les Mats ou Matsyas sont les Proto-arméniens. Les Égyptiens qui lutterent contre eux les connaissaient sous le nom de Mittani et la science moderne s’en est fort occupé dans ces dernières années. Pour les Grecs c’étaient des Mattiani, qui avaient fait partie au temps de Darius de la satrapie Hérodote. Ils étaient armés comme les autres peuples d’Asie Mineure, venus ainsi qu’eux de l’Inde, de petits boucliers ronds, de piques courtes, de haches et de poignards ; ils portaient des casques avec des mailles de fer et leurs chaussures montaient jusqu’a mi-jambe. D’autres noms marquent encore leur passage, comme la ville ancienne de Mazaca Césarée au Sud de l’Halys, et le Mazanderan Pays des Maza au Sud de la Caspienne. Une ville de Colchide s’appelait Matium. A l’époque des grandes migrations qui poussèrent les Ibères, les Albanais et autres peuples du Caucase à quitter cette région pour gagner l’Occident, événement considérable mais sur lequel nous n’avons aucune donnée positive, les Mats ou Matienes partirent comme eux et parfois avec eux. Certains d’entre eux avaient peut-être poussé jusqu’au Caucase même car on y trouve les noms de Mestia, Meztia, Mizkliert, Mtzketa, une rivière Maka voisine de Routais. En Asie Mineure, je note encore Masoeos en Cilicie, Maslya en Paphlagonie, et un peuple de Mysiens. C’est en franchissant le Bosphore qu’ils entrèrent en Europe ou ils laissèrent leur nom a une Mésie qui s'étendait le long du Danube qui porta lui-même d’après Etienne de Byzance le nom de Matons, a une autre région dite Emathie qui plus tard se transforma en Macédoine le pays des Maces à laquelle les Grecs attribuèrent l’éponymie de Macédon descendant de Deucalion, par un procédé analogue a celui que nous voyons employer par les Sémites dans leurs généalogies. Il y avait une ville de Malcistos sur la cote d’Epire, des Messapiens en Iliyrie. Ceux d’entre les Arméniens qui avaient accompagne les Albanais dans la portion des Balkans ou ils se sont fixés donnèrent le nom de Mastyl à une de ses rivières, et il y a encore en Albanie balkanique une petite fraction de Mats ou Matsia. Par le Danube, un courant d’émigration se porta vers l’Ouest et il y eut en Germanie des Mattiani ou Mattiaci Wiesbaden et une ville de Mattium, capitale des Chatti, nom qui parait une altération de celui des Gètes voisins des Matsya dans l’Inde et sur le Danube. En France et en Belgique la foule compacte des émigrants proto-arméniens, ce que les anciens appelaient l’armée d’Hercule, a laisse d’innombrables traces de son passage. Les noms comme Maasland, Maasluis, Maas, Metz, Matz, Meuse, Moselle, Messincourt, Messempré, Matîsco Macon, Mazeray, Mazaye, Mazières, Le Mazis, Mazeyrat et autres sont trop nombreux pour être énumérés ici. En Espagne les vestiges laisses par eux sont moins nombreux, ou ont été plus altérés ; cependant on relève le nom de Mastieni ou Mastietes qui occupaient remplacement de Carthagène. Mais pour ceux-là on est en droit de se demander s’ils sont venus avec le courant du Nord en franchissant les Pyrénées ou si au contraire on doit les rattacher aux proto-arméniens qui se sont répandus sur les rives de la Méditerranée et qui me restent à voir. Cette question vient d’être étudiée dernièrement par M. L. Guignard qui rattaché les Mastieni aux Ibères et adopte la solution de leur arrivée par l’Afrique Les Ibéro-Mastiènes en Gaule et Tartessos en Aquitaine. La différence de déformation des noms en Espagne et en Libye me fait hésiter à accepter franchement ce rattachement des Mastiènes d’Espagne à ceux du littoral africain. Mais je reprends le courant méridional sur les rives de l’Egée ou il s’est encore divisé en deux branches, l’une par la Grèce et la Sicile, l’autre par l’Asie Mineure et la Palestine. Dans le Péloponnèse on trouvait les villes de Mycènes et de Macistum, deux ports l’un à Messa l’autre à Methone à l’extrémité de la péninsule, un mont Mathia, une ville de Messène et un peuple de Messéniens. C’est sans doute de la que partirent les émigrants qui allèrent former le peuple Macé des Syrtes africaines que nous allons retrouver un peu plus loin, mais en tout cas ce fut certainement la que s’embarquèrent les colonies qui gagnèrent l’Italie et la Sicile. Dans cette ile on trouvait les villes de Messine et de Mazara ; sur la cote occidentale d’Italie il y avait plusieurs Massa, une Mystia dans le Brutium, au mont Massique au Sud du Latium. Une des tribus de la Rome primitive s'appelait Moecia et il y avait à la pointe Sud de l’Italie des Messapiens, sans doute une colonie de ceux d’Ulyrie. C’est peut-être d’Italie ou de Sicile qu’auraient pu gagner l’Iberie les Mastiènes de la Bétique. Du coté de l’Egée on appelait Macarici l’ensemble des iles de Lesbos, Chypre et Rhodes. D’après Pline elles devaient ce nom à un certain Macareus, fils d’Eole suivant les uns, de Jason et de Medée suivant d’autres, ou encore à un centaure, voir a un compagnon d’Ulysse de ce nom. Bref on n’était pas très fixe sur l’origine de ce nom. La Crête avait aussi porté le nom de Macaronesos et on y voyait une ville de Matium. Une autre petite ile de l'Egée s’appelait Machia. En Judée on trouvait une ville de Massada, et en Arabie une ville de Massala. Pline signalait de son temps en Arabie des Mathatéens qui ont peut-être franchi la mer et passe en Ethiopie ou nous les retrouverons. On voit encore en face de la péninsule arabique une tribu de nomades arabes, fort affaiblie, du nom de Mnazi ou Maaz Buckhardt qui habitent entre Suez et Koceir et qui en dérivent. Une autre tribu de Mézeiné divague entre le Sinaï et Médine et il y a sur la cote du Yemen des Béni Matta indiqués par Niebuhr. Il Il me parait en vérité difficile de méconnaitre après cela l’existence d’un peuple dont le nom ethnique Mats diversement prononcé et transcrit, s’est conservé dans l’antiquité en dépit de toutes les déformations subies par lui ; ce peuple a eu comme foyer principal de dispersion l’Arménie ou il a été depuis remplace tout au moins en partie par d’autres peuples. Si nous recherchons ses traces en Afrique, nous les trouvons encore plus abondantes qu’en Europe et sa force d’expansion a été telle que son nom s’est répandu jusqu’au milieu des populations noires les plus éloignées. En Abyssinie il a du passer avec les autres Kouchites, car Ptolémée y signalait au Sud d’Axoum une ville de Masta et des Maüitoe qui disparurent plus tard et qui étaient peut-être les Matathéens d’Arabie de Pline. Sur la cote existe encore le port de Massaouah, puis on trouve les Maazeh que je viens de nommer plus haut. Peut-on les identifier avec les Mazaiou des Égyptiens ? Il est vraisemblable que des essaims différents appartenant à ce même peuple sont arrives à diverses époques venant de directions variées, suivant les itinéraires qu’ils suivirent et c’est ce qui rend assez difficile de s’y reconnaitre. Tout d’abord, sur le Haut Nil, les Égyptiens combattirent et subjuguèrent, sous la XVIe dynastie des Maza ou Mazoi qui étaient considérés comme nègres, mais qui étaient en réalité des Kouchites, ancêtres des populations actuelles de la Nubie arrivées du Sud de l’Arabie en Abyssinie et de la sur le fleuve après s’être quelque peu mélangées de sang nègre. Plus tard du coté de la Lybie, sous la XIIe, la XIXe et la XXe dynastie, les Pharaons luttèrent contre des Mazaiou ou Maziou Lybiens, puis contre des Mashouasha également Lybiens, ensuite contre des Mashaken. J’emprunte ces transcriptions à Maspero car elles différent suivant les égyptologues. Les derniers, venus récemment du Nord avec les Peuplés de la Mer, étaient contrairement aux précédents, plus blancs que les Égyptiens par suite d’un séjour de plusieurs millénaires ou peut-être d’une modification de leur sang acquise dans le Nord d’ou ils étaient venus récemment vers la région des Syrtes. Les auteurs grecs les ont surtout connus sous le nom de Maces. Je crois que c’est a cet ethnique que l’on doit rapporter, comme l’indique Diodore de Suède, les diverses modifications locales subies par ce nom dans le temps et dans l’espace Maxyes, Machlyes ou Machryes, Mazi, Mazaiou, Mazax, Mazices, Mashouashas, Maeatoutes, Machourèbes, Macanites etc… Ce sont les descendants des Arméniens signales par Salluste d’après ses informateurs africains. Dans mon étude sur les Origines caucasiennes des Touareg j’ai fait remarquer qu’on devait encore attribuer à cet ethnique les noms des Massai du Kenia, des Makoi d’Anjouan, des Makoas de Madagascar, des Malcei du Gabon et de l’Ogooue, des Massalit du Darfour, des Mashena du Tchad, des Macena de Sokoto, des Macina du Niger, des Maka, Magha, Marka, des Mas sala, Mass assis, Massarès du peuple Bambara. J’ajouterai dans l’Afrique du Sud les Matouana, les Makatisses, Makhazanes, Makaschlas, Makalolos, Makalakas, Mashonas, populations aux noms variant infiniment suivant les explorateurs qui les rapportent, mais qui paraissent bien néanmoins avoir reçu autrefois des apports de sang kouchite. J’arrive maintenant à la Berberie proprement dite. Comme les Ibères du Caucase, les Mats d’Arménie ayant aborde en fort grand nombre aux rives africaines, durent pour se distinguer entre eux, prendre les noms des lieux d'où ils arrivaient; j'en ai cité pour les Touareg un certain nombre comme les Anigara, Aniker, Aralcounou, Lissaoucme, Maltach etc... J’ai fait remarquer qu’ils avaient souvent conserve, chose extraordinaire pour des berbérophones, le pluriel arménien en K pour bon nombre de noms de tribus, au lieu d’adopter le pluriel berbère. Ce fait montre combien l’apport; de la langue arménienne a du être important dans la formation de la langue berbère, après l’invasion des peuplés de la mer. A l'époque romaine je ne vois a signaler comme nom se rapportant a notre ethnique que celui d’un évêché non identifie de la Berberie orientale, Mattiana signale par le Père Mesnage. Dans les généalogies Berbères, l’ethnique dont je m’occupe est particulièrement difficile a reconnaitre, parce que dans la formation des mots, il peut-être confondu avec le terme Mas mes, mis qui en berbère a la signification de maitre de ». Voici néanmoins quelques dérivés modernes qui peuvent y être rapportes d’une manière à peu près sure Béni Mazir fraction de Ghadames, Béni Mazen des Khroumirs tunisiens, Matia du Guergour, de nombreuses localités portant le nom de Mazer Oued Rir, Gouraya, Dellys etc.. les Mazari d’Aine Temouchent, les Mazazgha de Mascara, les Makeni de Geryville, la ville de Mazounaavec sa fraction de Bou Mata, les Bou Mati de Dellys, les Makna d’El Aricha et de M’Sila, les Maaeen d’Ammi Moussa, les Maacha de Khenchela. Le nom de Maziri est encore usité comme nom propre dans certaines familles et celui d'Imaziren est le nom générique reconnu des Berbères du Maroc et des Touareg du Sud. On trouve encore au Maroc oriental les Mehaia déformation qui se rapproche fort de celle des Mayas du Yucatan et au Maroc occidental des Ait Mazigh a Azilai ; enfin une ville du Sous au bord de l’Océan porte celui de Massa tout comme les villes italiennes. C’était peut-être sa population que Pline désignait sous le nom de Masates. Elle a en tout cas donné son nom à la rivière voisine l’Oued Massa. Il ne sera pas inutile après cette longue nomenclature de donner une idée des tribus indo américaines homonymes, en particulier des Mayas qui sont les plus connus en raison du degré de culture qu’ils avaient su acquérir. Ces peuples qui composent le groupe Maya, écrit Deniker p. 616 paraissent être venus aux temps post-quaternaires par mer et a l’état de civilisation déjà assez avancée dans la presqu’ile du Yucatan. De la ils se répandirent dans le Guatemala et les régions environnantes du Salvador et du Honduras où ils forment encore aujourd’hui a la masse principale de la population. L’ancienne civilisation Maya ressemblait à celle du Mexico que sauf les cultes sanguinaires ; l’écriture du type hiéroglyphique parfait. Ailleurs Deniker signale parmi les tribus du groupe Maya les Tsendals ou Tchontales du Mexique et les Chorti de Copan. Je consacre précisément à ces deux tribus des paragraphes speciaux où je rapproche les premiers des Zentane de la Tripolitaine Gindane d’Hérodote et les seconds des Chorta des généalogies arabes qui devaient leur nom à leur habitat sur la rive des Syrtes ce sont bien la des noms dq tribus qui devaient faire partie des Maces de la Tripolitaine tels que nous les indiquent les auteurs anciens. Au Yucatan les Mayas se trouvent voisins ou mélangés aux Lacandones où je retrouve également le nom déformé des Lakhs des Lemta Berbères, leurs voisins d’Afrique voir § Laches. J’ai déjà dit au chapitre III quelques mots de leur écriture et de sa ressemblance avec celle de l’Égypte pré pharaonique. On a pu noter en outre que la langue berbère avait de singulières affinités avec le Quiehua langue parlée jadis parles Mayas dont Je groupe est désigne pour cette raison par les américanistes sous le nom de Maya-Quiche Levistre. Contribution aux études Berbères Bulletin de l’Académie d'Hippone. 1899-1900 n°30. On sait que le crane des Maya, de forme ronce, établit fort nettement l’origine touranienne principale de ce peuple mais la présence sur leurs monuments de représentations d’un type a crane allonge de forme berbère, indique qu’ils ont reçu de l’Est des apports peut-être peu nombreux mais influents ; enfin leur architecture et la décoration artistique de leurs monuments indiquent encore un partage d’influence entre les civilisations égéenne et égyptienne d’une part et la culture du Sud de la Chine d’autre part. Ces apports orientaux sont niés par les américanistes, mais alors d’où pouvaient bien venir les prêtres de Chichen Itza ? J’estime que les Maces ont été parmi les principaux intermédiaires Berbères, qui ont transmis aux populations de l’Amérique centrale quelques bribes de la civilisation égyptienne. Mais livrés à eux-mêmes et incapables comme tous les autres peuples Berbères, de reproduire graphiquement des êtres animés, ils n’auraient pu édifier les monuments trouvés au Yucatan sans le concours d’autres civilisés de race indochinoise plus artistes qu’eux et dont les monuments de Copan par exemple nous attestent la présence et l’intervention. Cette civilisation qui commençait à sortir des limbes a été brusquement arrêtée dans son essor il y a quelques siècles. Il n’est pas interdit d’espérer qu’elle pourra refleurir quelque jour sous une nouvelle impulsion étrangère en dépit de ce temps d’arrêt. 47 — MAHUES Les Indiens Mahues sont une tribu brésilienne appartenant à la grande famille des Tupis. On peut rattacher a ce nom ceux des Maguès et Maguas de la même région. On retrouve leur nom dans les généalogies Berbères. Elles comprenaient une tribu de Maones qui appartenaient à la grande branche de Maggher des Aurigha. Il y avait aussi des Maoueten qui faisaient partie des Ketama. Cette double descendance parait indiquer qu’ils venaient de l’Inde, si toutefois il est possible de tirer quelque déduction de cet amas confus de données extravagantes qui constituent ces nomenclatures. De fait il y a dans l’Inde un fleuve Mahi Mais des Anciens d’après le périple de la mer Erythrée qui se jette dans le golfe de Cambaye et qui a pu être l’origine de ce nom. Actuellement on trouve en Algérie des Mahouandans la commune de plein exercice d’El Ouricia Constantine des Malioune à Palestro, des Ait Maouche à Dra el Mizane, des Béni Mahouch au Guergour, des Béni Mcihoussen aux Braz. Malgré le peu d’importance de cette similitude elle est néanmoins assez marquée pour venir s’ajouter a l’ensemble de celles qui établissent l’arrivée des Berbères en Amérique. Il ne serait pas impossible toutefois que cet ethnique doive être rattaché au précédent. 48 — MAQUELCHELES Depuis longtemps l’attention des savants Américains Powers s’est portée sur cette tribu californienne qui diffère complètement des peuplés qui l’entourent et que l’on considère comme de race blanche. Ils transcrivent son nom Makhelchels. De Quatrefages 1. c. 463. J’ai déjà montré dans mes études sur les Touareg que ce sont des Berbères. Rarth, Je lieutenant Jean, Mangeot et Marty, ont signale sur le Niger et dans l’Air quatre tribus qui portent Je nom de Imakelkalen Immakelkalen ou Imekelkalen. Elles appartiennent respectivement; deux aux Jregenaten du Niger, une aux Immidideren et la quatrième venue peut-être des précédentes, aux Kel Ferouane de bAir. En éliminant le préformant et la terminaison EN qui sont les éléments constitutifs du pluriel berbère, on a exactement le nom américain et ce détail prouve qu’ils ont été entraines en Amérique avant d’entrer dans l’orbe des confédérations voilées. Leur passage dans Je Nord est marque par le nom du village de Melklilakhel aux Makatla de la commune de Sedrata près Mdaouroucb Constantine. La réduplication de la dernière syllabe de leur nom semble en outre indiquer qu’elles ont passé dans un milieu caucasien arménien ou géorgien ; Cela a d’ailleurs pu se faire simplement au milieu des Berbères qui regorgent de ces éléments. L’origine première de cette population parait être dans l’Inde. Le Karna Parva du Mahabharata cite des Mekalas au teint de cuivre, aux flèches empoisonnées ». C’étaient des Anou, peuple kouchite qui venait sans doute des régions septentrionales de l’Asie et qui émigra de la en Égypte ou les monuments de ce pays ont livré leur nom aux égyptologues. Mais il y en eut qui passèrent au Caucase, car Klaproth signale parmi les tribus Kistes appartenant à l’ensemble des montagnards Tchétchènes une tribu de Makal ou Moukil. C'est de la, je pense, qu’ils vinrent en Afrique. Les anciens en ont connu dans le Sud tunisien sous le nom de Mecales Corippus de Metxala ou Mechal Pline. Il existe encore dans l’Arad et à Djerba quelques Béni Maqel, mais ces derniers viennent peut être des Maïcil arabes qui ont sans doute d’ailleurs la même origine. On trouve sur la cote de l’Hadramount une localité de Mekalla. Dans les généalogies Berbères on trouve les noms de Macela et Maghila ; les derniers appartenaient aux Dariça ce qui ne nous apprend pas grand chose. Le passage des Maquelcheles par la Berberie est établi par la réduplication de la dernière syllabe qui ne se serait pas produit s’ils étaient venus directement d’Asie, sans doute leur première patrie, car il y a une Mcikaltzi dans le bassin de l’Amour. 49 — MAQUIRITARIS Le nom de cette tribu indienne est des plus incertain car on le transcrit Maquiritaris, Maquiritares, Maquinitaris, Maquiritanis, Maquitares, Makiritare, Mariquistares. Mais on s’accorde sur ce point qu’ils habitent au Venezuela et en Colombie et qu’ils constituent une population nombreuse et presque blanche. Je les rapproche eux aussi comme les précédents de tribus targuies connues sous le nom d’immakitane, débris des anciens Micatanes Berbères qui étaient voisins de Carthage et qui furent refoules peu à peu dans le Sahara par les envahisseurs Phéniciens d’abord, puis par les Romains et leurs successeurs. Ce sont eux qui sont désignés par d’autres auteurs sous les noms de Macanites, Maxitains ; ce sont sans doute aussi les Maxyes d’Hérodote. Actuellement les Immakitane forment un groupe assez considérable de tribus nobles des Kel Oui d’Agades LL Jean. J’at dit à l’article Maca que leur nom devait être vraisemblablement considéré comme dérivé de l’ethnique Mace, c'est-a-dire qu’ils avaient une origine armenienne. L’affirmation d’Hérodote que les Maxyes s’attribuaient une origine troyenne s’accorde assez bien avec ce fait, car les Maces sont arrivés en Afrique par diverses voies. Le teint blanc des tribus indiennes considérées et leur habitat dans les régions de l’Amérique du Sud qui ont du recevoir les émigrants Berbères viennent confirmer les données précédentes. 50 — MATEMATES Les Maternâtes sont des esquimaux du Groenland. La Berberie comprend des Matmata en abondance. Les généalogistes Berbères en avaient formé une importante branche des Darica Beni Faten. Dispersés lors de l’invasion arabe, on en trouve encore une grosse tribu dans les montagnes du sud tunisien, à l’Est du Nefzaoua vivant dans des habitations troglodytes, mais il y en a aussi en Algérie dans les communes mixtes d’Ammi Moussa et du Djendel, et au Maroc chez les Riata de Taza. Je suppose, qu’en Algérie tout au moins, ce nom est une déformation du nom des Macés produite par la reduplication habituelle ibéro-arménienne à une époque relativement récente, car les auteurs anciens n’ont jamais donné ce nom significatif. Son apparition simultanée chez les Berbères et chez les Esquimaux est une énigme ! Faut-il pour une fois évoquer l’intervention du dieu Hasard? J’y répugne toujours. Peut-on supposer une migration exceptionnelle qui aurait poussé quelques Berbères Matmata, débarqués en Amérique, jusque dans les régions hyperboréennes, où un groupement d’Innuit aurait adopté leur nom, ou au contraire un fractionnement avec déplacement dans deux directions diamétralement opposées d’une population primitivement formée en Asie ? Faut-il voir dans les tribus homonymes vivant en Berberie et au Groenland deux branches ou plutôt deux débris d’une tribu primitive de l’âge du renne, portant ce même nom, qui lors de sa dispersion aurait envoyé des éléments des deux cotes. On sait que beaucoup de préhistoriens admettent l’identité absolue des Esquimaux du Groenland et de l’homme de Chancelade. On se reportera notamment à ce qu’en dit Boule Hommes fossiles, p. etc. 83 Ces diverses hypothèses sont aussi difficiles à adopter l’une que l’autre. Cette coïncidence anormale de noms devait être néanmoins signalée dans cette étude qui a pour but de relever tous les cas de ce genre. 51 — MAZAHUAS Les Mazahuas ou Mazehuis sont des Indiens Otomis du Mexique qui habitent la région de Mazahuacan. Il y a aussi des Mazanes dans la région de l’Equateur, des Mazapili au Mexique, des Mazatecos dans la même région, des Mazatas au Venezuela et des Mazques en Colombie. Ces divers noms sont à rapprocher de celui des Mashuasha lybiens nommés dans les annales égyptiennes comme je l’ai mentionné au paragraphe Macas, des Mazices des auteurs anciens, des Imaziren et Imochar qui sont les Touareg de nos jours. Comme j’estime que tous ces noms sont dérivés de celui des anciens Maces de la Berberie, je me permettrai de renvoyer le lecteur à la discussion que j’ai consacrée à l’origine de ces Macas. Le nom même des Otomis est venu assurément de l’ouest car on le trouve au Japon sous la forme Otomo. 52 - MERIONES Les Meriones sont une tribu indienne de la Colombie équatoriale. A leur nom peut se rattacher celui des Meregotos ou Merigotos du Venezuela. Il s’agit d’un ethnique extrêmement répandu dans l’Ancien monde et notamment en Berberie. Je vais le suivre dans ses migrations et ses variations. Dans le bassin de l’Amour il y a une rivière Merine. Ce nom est venu directement en Afrique sans déformation avec les migrations touraniennes qui s’enfoncèrent au cœur du continent noir. On sait que les Béni Merine comptés par les auteurs arabes parmi les Zenata Beni Ouacine créèrent une dynastie berbère célèbre du XIIIe au XVIe siècle. Les moutons Berbères dits mérinos qu’ils importèrent dans la péninsule ibérique ont laissé une trace durable de leur passage après la disparition de leur nom. Mais je crois que c’est surtout par l’Inde ou ils étaient descendus qu’ils transitèrent avant de passer en Occident et cela a une époque très ancienne. Le Mont Mérou est devenu la montagne sacrée des Hindous, mais son emplacement comme celui des lieux sacrés de ce genre n’est pas fixe car certains le plaçaient au-dessus de la ville de Nyza célèbre dans l’histoire de Bacchus et d’Hercule, d'autres au-dessus des sources du Gange. Les migrations indiennes ont transporté d’ailleurs ce nom en Afrique ou on trouve un autre Mont Mérou à l’Est du Kilimandjaro. On signale encore chez les Ghonds du Mont Aravali une tribu de Meras F. Lenormant III. 408 et l’onomastique indienne conserve des noms comme Merjapour, Merjee, Mérindapally, Merritch, Merlom qui se rattachent peut-être a cet ethnique. On appetait Meriak a une époque récente les victimes humaines, capturées ou élevées spécialement après achat, que les populations Khonds du Dekkan sacrifiaient solennellement. Ce nom devenu technique était peut-être celui de la population primitive sur laquelle ses féroces ennemis avaient l’habitude de prélever leurs victimes. A la sortie de l'Inde, au Beloutchistan, il y a une tribu de Marri. En passant dans l’Asie antérieure nous trouvons d’abord sur le moyen Euphrate une ville fort-ancienne de Mari. En Arabie, Pline nous signale une ville de Mariaba chez les Atramites et les traditions hébraïques une ville de Mara dans l’Arabie Pétrée. En remontant vers le Nord nous trouvons mention chez les Mittani de guerriers presumes Aryens appelés Merianou. Ces mercenaires appartenaient peut-être à la même migration que nos Béni Merine de Berberie. Au Caucase l’ethnique en question a laissé les localités de Marabda près de Tifiis et de Maradidi près de Batoum. Plus au Nord les Tcheremisses s’appellent eux-mêmes Mari ; ce sont peut-être les Mérens que Jornandes comprenait parmi les peuples qui furent subjugués par Ermanaric roi des Goths. En tout cas il y a encore des Mériens qui occupent en Bussie une région à cheval sur le fleuve Volga aux environs de Rostof. On y trouve bon nombre de noms significatifs comme Merinovo, Merevkino, Merinovka Comte Ouvaroff. Les Mériens. Les anciens Morini de Flandre étaient sans doute un essaim de ces peuples et l’ethnique s’est conservé en Gaule dans nombre de noms tels que Mériel, Mérignac, Merindol, Morienval, les rivières des Grand et Petit Morin. En Italie la ville de Merinum Santa Maria di Merino et peut-être le peuple des Marsi, en Espagne Merobrigct Santiago de Gacem et Merida, en Grèce la Morêe sont sans doute des témoignages de la dispersion de ce peuple ou de ceux qui en emmenaient les débris. En Afrique les traces qu’il a laissées ne sont pas moins nombreuses. En Égypte nous avons Mciriout qui s’appelait Marea avant le passage des Sémites. Tout à fait au Sud les Hova de Madagascar portent en réalité le nom de Mérina et appellent leur pays Imerina. Los généalogistes musulmans faisaient entrer dans leurs compositions plusieurs tribus dont le nom ressort à cet ethnique ; les Béni Meracen qu’ils classaient parmi les peuples Sanhadjiens, les Béni Merouane, Masmouda de l’Atlas marocain sans compter les Béni Merine que j’ai nommés au début. Dans les nomenclatures actuelles de la Berberie on relèvera diverses collectivités qui ont encore conservé ce même ethnique. Tels sont les Meraouna de Morsott, les Merrat de Takitount, les Menane d’EI Milia, les Merinat de Mecheria, les Mérinda de Randon, les Mérioua et Meriouat d’Aine Mlila, les Merriouts de Chateaudun-du-Rhummel, les Mériouts des Maadid, les Merouana de l’Edough et des Rirha, les Meroudj de La Calle, du Guergour et d’Attia. Il y a aussi en Tunisie des Merouana et des Beni Merrouane aux Ouarain du Maroc qui étaient prétend-on autrefois chrétiens. On voit donc que les Meriones d’Amérique peuvent venir de Berberie. Mais qui nous dit qu’ils ne viennent pas de la vallée du Merine Amourien. Je ne puis rien formuler de précis contre cette objection et le seul argument qu’on puisse mettre en avant dans la circonstance est que nous trouvons ces Meriones établis dans la partie de l’Amérique équatoriale ou ont du aborder les Berbères, tandis pie dans le Nord de l’Amérique on ne trouve que les Mariâmes et les Mariposa dont les noms, qui viennent sans doute du même ethnique, sont beaucoup moins comparables que ceux des tribus Berbères à l’ethnique envisagé. 53 — MORXOAS Outre les Morioas indiens du Brésil, diverses tribus de l’Amérique méridionale portent des noms formés sur le même thème plus ou moins diversifié Morocotos et Morocotas de Bolivie, Morochocos ou Morochucos et Morotoas du Pérou, Morongos de Colombie, Moronomis du Venezuela, Moronas du Pérou et de l’Equateur, Mayorunas des mêmes régions, Mayurinas du Brésil, etc… Je rapproche ces appellations de celles des Maurès de l’antiquité qui donnèrent leur nom a la Maurétanie c’est-à -dire à toute la partie occidentale de la Berberie. On sait que d’après Strabon les Maures étaient venus de l'Inde avec l’armée d’Hercule. De longs débats ont eu lieu sur ce nom et je ne vais pas les rappeler ici, car on avait absolument négligé de vérifier les assertions de Strabon et de rechercher l’origine de ce nom. Il y a une rivière Moura affluent de l’Ienisseï et c’est d’elle, je pense, que la nation indienne et plus tard la dynastie des Mauriya tirèrent leur nom. Jouveau -Dubreuil. Histoire ancienne du Dekkan 10. La Vallée Poussin l. c. 233. La dynastie des Mauriya, gouvernait encore tout le Dekkan plusieurs siècles avant notre ère. La tribu dont elle était issue devait être fort ancienne et il n’est pas surprenant que ce peuple qui était dravidien ait émigré avec les autres peuples indiens. Beaucoup de localités indiennes ont des noms composés sur la même racine Mauripacloo, Moorbad et Morabad, Moordampour, Moorecih, Moorgong, Mo or gui, Moorkya, Moorshedabad, Moorson, Moorude, Moradgunge, Moranker, Mort, Mormal, la rivière Moro etc.. IL y a aussi des Mauriya en Birmanie. En Afrique le nom en question, outre la désignation générale des Maurétanies que les anciens n’ont certainement pas inventé purement et simplement, n’apparait que dans deux évêchés non identifies de la Mauritanie césarienne, l’un Maura qui devait son nom a une peuplade de Mauri, l’autre Mauriana. Il est probable que ce peuple s’était enfonce de bonne heure dans le Sud ou il a disparu ne laissant comme trace de son passage que le nom du Dallol Maori, vaste dépression, sans doute l’ancien lit d’un fleuve quaternaire sur la rive gauche du Bas Niger. Il y a aussi des Moronou chez les Agni de la Cote d’ivoire. Il est donc permis de croire d’après ces quelques vestiges que les Maurusii des anciens étaient bien une entité ethnique et non pas seulement une appellation vague. C’est ce que nous avons déjà constaté pour le nom des Berbères et c’est ce que nous verrons encore un peu plus loin pour les Numides. Comme cet ethnique ne se trouve pas dans l’Amérique du Nord, ni en Europe il est certain que c’est de la Berberie qu’il a gagné l’Amérique. Il ne saurait y avoir de doute que du coté de l’Océanie ou on sait qu’il a existé des populations Maories, mais cette constatation tout en augmentant notre croyance à la réalité de cet ethnique ne nous apporte aucune raison valable de croire à un apport venant de l’Occident. Il est très possible que cet ethnique doive être rattaché au précédent, leurs racines étant les mêmes. Son importance historique m’a amené à le traiter a part. 54 — MUSGOS Les noms que l’on peut rattacher à cet ethnique offrent cette particularité qu’ils se présentent à peu près en égale quantité dans le Continent Nord et dans le Continent Sud de sorte qu’on peut se demander s’il n’en est pas arrivé a la fois par le Nord de l’Asie et par l’Afrique. Dans l’Amérique du Nord on trouve d’abord les Musgos du Mexique dont le nom se transcrit aussi Amugos, Amusgos, Amuxcos, Amuzgos, puis les Muscoguis, Muxkags ou Muschogees appartenant aux Creeks de l’Alabama dans les États-Unis du Nord, les Musquakkies de l’Iowa, et les Muskokis ou Muskotis du Mexique, les Xoctan Muscoyi, pueblos du Nouveau Mexique, peut-être même les Mokis des confins du Mexique et des États-Unis. Du cote du Sud, il y a des Muscovis ou Machicuis, Indiens Guaranis de la République Argentine, des Mosquitos ou Moscos au Guatemala, des Mosgones ou Mosgonas au Paraguay, des Moxes en Bolivie, des Moxos ou Mojos au Brésil, des Moscas, Moscos, ou Moxcas qui appartiennent au groupe des Chibchas de la Colombie et du Venezuela, etc.. Dans le vieux monde, c’est au Nord et au Sud du Caucase que nous trouvons les Moslces ou Moschiens ancêtres présumés de ce peuple. On les comptait parmi les peuples Scythes et je les crois Touraniens. On ne trouve de traces de leur nom ni dans la Haute Asie ni dans l’Inde, soit que les lieux qui leur ont donné naissance aient changé d’appellation, soit que leur nom ait une provenance eponymique ou autre spontanée. Il semble que leurs migrations en Europe se soient bornées à un circuit autour de la Mer Noire. M. J. de Morgan dans sa mission au Caucase II. 84. et 148 a essayé de reconstituer leur itinéraire et de noter les progrès de leurs migrations en Asie Mineure à l’époque où ils se dirigeaient de la Cappadoce vers le Caucase sous la pression d’autres peuplés. On ne sait quand ni comment ils franchirent cette haute barrière et vinrent s’arrêter sur la rivière de Russie qui prit leur nom, la Moskowa, et sur les bords de laquelle s’éleva Moscou. Dans une autre hypothèse ces lieux seraient au contraire le point de départ d’essaims qui, au cours de leur périple, furent pris dans le grand mouvement de migration qui entraina les peuples caucasiens en Lybie ou nous les retrouvons. Au Nord de l’Arménie, ils avaient laissé leur nom à la chaine dite des monts Moschiens qui court au Sud de Batoum. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg, j’ai attiré l’attention sur leur singulière aventure en Afrique. Ils s’y sont partagés en deux lots bien distincts, l’un devenu berbère, l’autre devenu nègre. Les premiers sont les Mosgou ou Kel Azaoua qui font partie de la confédération des Aouelimminden et qui habitent l’Azaoua région desertique peu connue située entre le Niger et l’Air. Chudeau seul les a signalés dans son Sahara soudanais p. Quant aux seconds qu’a fait connaitre le premier Barth, ils sont encore plus curieux. Ils habitent des cases élégantes en argile de la forme d’un obus qu’ont encore vu les derniers explorateurs de la région du Logone Bruneau de Laborie du Cameroun au Caire p. On les appelle actuellement Massa Mosgou. Barth a noté qu'ils avaient conservé comme coiffure le diadème de plumes que portaient autrefois certains peuples d’Asie Mineure comme les Lyciens et les Philistins et qu’ils avaient comme fétiche une épée en forme de javelot fichée en terre, comme les Scythes au dire d’Hérodote. On ne découvre aucune autre trace de leur passage en Afrique. Néanmoins il parait vraisemblable que ce sont eux qui à une époque reculée ont pris part à un exode berbère vers l’Amérique. Une fois rendus dans l’Amérique centrale ils se sont séparés en bandes qui ont tiré les unes vers le Nord, les autres vers le Sud, ce que l’on ne peut que conjecturer, car contrairement à bien d’autres peuples, ils ne paraissent pas avoir séjourné en cours de route, ni fondé d’établissements intermédiaires, ni laissé de trainards pour perpétuer leur nom sur le chemin qu’ils ont suivi. 55 — MUTSUNES Les Mutsunes sont une tribu indienne qui habite la Californie dans la région de Monterey. Une de leurs fractions porte le nom de Mutsos qui parait dérivé de l’ethnique primitif. J’estime qu’ils sont venus de Berberie. Une des rares tribus dont les Romains nous aient laissé le nom authentique était celle des Musunii. Ils habitaient la Tunisie actuelle entre Thelepte Medinet el Khedima et Cillium Kasserine à proximité des Musulames. Une inscription trouvée à Hassi Cheraga nous assure de leur nom et de leur existence. Un peu plus au Nord-Ouest on trouvait des Musonés, peut-être un démembrement des précédents, que la table de Peutinger place entre Setif et Ad Oculum Marinum. L’origine de ces noms n’apparait pas ailleurs et il est probable qu’ils se soient formés sur place. Dans les nomenclatures actuelles on trouve dans le Sud tunisien au de Sfax c’est-a-dire non loin de la région ou vivaient les Micsunu une Aine Mezouna et un Bled Mezouna que l’on identifie avec l’ancien évêché de Marazanoe Regioe. En Algérie la petite ville indigène de Mazouna de la commune mixte de Renault et la tribu qui porte ce même nom rappellent ce même ethnique. On peut encore en rapprocher avec quelques réserves les Msouna d’El Arrouch, les Massoume de Blida et les Masouma de Chebli. Ces noms sont peut-être dérivés de celui des Maces. Les Musunü de l’ancienne Byzacene ont du faire partie des Garamantes, ou des Gétules, fort mélangés avec les précédents dans cette région, mais ils ne paraissent pas avoir laisse de traces dans l’onomastique des tribus touareg il est donc probable que leur glissement vers l’Ouest avait précédé la dispersion de ces nomades. 56 — NAPOTOAS C’est dans la région de l’Equateur qu’habitent les Napotoas Napotaes ou Napos qui vivent sur le Rio Napo et comptent dans le groupe des Quichua. Cet ethnique s’est répandu vers le Nord où on trouve des Napuats au Nouveau Mexique, des Napas en Californie avec une localité du même nom au Nord de San Francisco, des Navajos chez les Apaches du Mexique et d’autre part vers le Sud Nantipas ou Antipas du Pérou, Napeca nomades en Bolivie, Napunas dans le Chaco, Naparus ou Naparues dans l’Argentine. L’ethnique qui a donné naissance à ces noms parait bien être la Nepa affluent de l’Angara, émissaire du lac Baikal. Il a laissé de fortes traces sur les deux rives de la Méditerranée, surtout au Sud, et c’est à ce titre que je n’ai pu le passer sous silence. En procédant par ordre nous trouvons dans l’Arabie Pétrée des Nabatoei dont le nom se retrouve peut-être chez les Oulad Nabet classes comme Athbedj et venus lors de l’invasion hilalienne en Afrique. Les Arabes n’ont pas manqué de forger un éponyme Ncibat ou Nabit, mais ne s’entendent pas sur sa généalogie exacte et le font descendre tantôt de Sem Macoudi tantôt de Kham Makrizi. Il y a aussi un Nabaroth fils d'Israël auquel on reporte l’honneur de leur ascendance, et le nom de Nabet existe encore comme patronyme. C’est probablement un de leurs essaims qui avait fondé autrefois sur le Haut Nil la ville de Napata en aval de la 4e cataracte au croisement des routes de caravanes venues de la Libye et du golfe arabique. Elle eut une grosse importance comme capitale des rois d’Ethiopie qui y introduisirent une civilisation se rapprochant de celle des Égyptiens. Il est à croire que le nom des Nubiens appelés aussi autrefois Nobales, Nobades, Noubades est issu de ce même ethnique. Plus à l’Ouest une importante oasis du Djerid, Neftci appelée autrefois Nefte ou Nepta, des évêchés non identifiés de la Maurétanie césarienne, Noba et Ncibala, sont un rappel du nom de Napata et nous assurent que cet ethnique a cheminé vers l’Ouest comme tous les noms et tous les peuples du Nord de l’Afrique. Quelle relation existe-t-il entre les noms de Neptune, dieu de la Mer, Nephtys déesse égyptienne des Morts et sœur d’Osiris et notre ethnique ? Elle parait certaine, mais j’ignore quelle en est la nature… Sur l’autre rive de la Méditerranée en Italie il y a eu aussi une ville de Nepet ou Nepete devenue Nepi. Malgré l’insuffisance de ces vestiges il m’a semblé nécessaire de mentionner cet ethnique, en raison du rôle considérable que joue le nom de Neptune dans toutes les questions relatives a la partie ouest du Nord de l’Afrique dans l’antiquité. Bien que le nom des Napotoas ait pu venir du Nord de l’Asie, cependant sa formation le rapproche davantage de noms comme Nabatéens, Napata, Neptune et il y a présomptions pour qu’il ait pu venir des rives africaines. Il convient de se rappeler que les Navajos ont une religion monothéiste accompagnée de divers rites et traditions qui ressemblent tellement a ceux des Sémites qu’on a voulu voir en eux une tribu perdue d’Israël. Je pense qu’il s’agirait plutôt d’un essaim des Nabatéens passés à une époque très ancienne par la Berberie. 57 — OBAYAS Les Obayas sont une tribu indienne du Mexique dont le nom est manifestement dérivé de celui même du fleuve Obi dont la vallée a fourni des contingents d’émigrés si considérables au Nouveau Monde. Mais est-ce bien par le Nord-Ouest qu’il est arrive dans la région du Mexique et n’a-t-il pas pu venir plutôt des rives de la Méditerranée. On sait que de très bonne heure des populations venues des bords de l’Obi sur la mer Noire y créèrent un centre qui par suite d’une légère déformation de l’ethnique prit le nom d'Olbia. La prospérité de cette ville commerçante devint telle que son nom se répandit dans toutes les parties du monde habitable à cette époque. Outre l’Olbia de Sarmatie qui parait être la ville actuelle de Nikolaiew, il y avait des stations du même nom en Lycie, en Cilicie, en Sardaigne, en Provence Eoubes ou Hyeres. En Betique il y avait une ville d’Oba. En Afrique il y a encore un sultanat d’Obbia sur la cote de la mer Rouge dans la Somalie italienne, avec une peuplade d’Obo. Dans la proconsulaire il y avait une ville d’Obba ou Orba près de Laribus et dans la Maurétanie césarienne une ville d’Obbi. P. Mesnage 1. c. 498. Cet ethnique s’est aussi répandu dans l’Inde mais je ne pense pas qu’il soit venu en Afrique par cette voie, car il y a subi une déformation spéciale par la suppression du B Ollya, Olliapour. On ne la retrouve pas en Afrique sous cette forme tandis qu’au contraire a l’Ouest de celle-ci, la lettre L qu'y avaient introduit les Grecs a disparu et l’ethnique a repris sa forme normale. La raison qui pourrait faire croire qu’il est venu en Amérique, par l’Est plutôt que par l’Ouest, est celle-ci. La région de l’Obi a déversé sur l’Amérique de tels flots de populations que pour se distinguer entre-elles, celles-ci ont du prendre des noms tirés de ses divers affluents ; nous avons vu un fait semblable pour les Ibères arrivés en Afrique. Au contraire dans le bassin mediterraneen, l’ethnique, tiré du nom principal de la vallée, parait être arrive isolement et il a eu un succès extraordinaire. Je reconnais néanmoins que cette raison n’est peut-être pas péremptoire, mais je ne pouvais passer sous silence ce nom puisqu’il est commun à l’Amérique et à l’Afrique. 58 — OUTAOUATS Comme la précédente, cette tribu n'est mentionnée ici que pour ordre, car il parait tout à fait probable qu’elle n’est pas venue d’Afrique bien que le même ethnique y figure. C’est en effet au Canada qu’habitent les Outtaouats, les Outtoavets et les Ottawas ou Ottaways. Dans l’Amérique du Sud on trouve bien des Uatata appelés aussi Batata, Guatata, mais cette synonymie laisse quelques doutes sur leur véritable nom. En Afrique les annales égyptiennes nous révèlent l’existence d’un certain peuple d’Ouaouat ou Ouaouaitou. C’étaient des noirs qui habitaient au delà de la première cataracte et contre lesquels les Pharaons soutinrent de longues luttes. Des la douzième dynastie, c’est-a-dire environ deux mille ans avant notre ère, leur pays formait déjà une province égyptienne et il est vraisemblable qu’ils s’allièrent aux Kouchites leurs voisins et se civilisèrent d’assez bonne heure. Comme beaucoup d’autres peuples venus en Afrique, les Ouaouat glissèrent vers l’Ouest. Duveyrier a signalé au Fezzan des ruines appelées Kecir el Ouatouat ce que l’on traduit par le Château fort des Chauves-Souris ». Peut-être aussi que le nom des Béni Wattas que les historiens de la Berberie classaient parmi les Maghraoua, peuple Zenatien, et qui ont donné une dynastie au Maroc dérivé de ce même ethnique. Il semble toutefois que c’est surtout vers le Sud que se répandirent les Ouaouat c’est-a-dire dans une direction qui ne favorisait pas leur participation à un exode pour l’Amérique. Les Ouatouta de la région des grands lacs en sont sans doute une trace. On trouve aussi une ville d’Oaoua dans la province de Kano de la Nigeria, des Ouaousis à l’Ouest du lac Bangouelo V. Giraud. Cet ethnique parait bien être venu du Nord de l'Asie. On se rappellera qu’il y a dans le bassin de l ’Obi plusieurs rivières Oui, que ce même nom est porté par une province importante du Tibet et que c’est de la a mon avis que les Touareg Kel Oui l’ont apporté en Afrique. Ces Kel-Oui sont voisins des Tebous du Tibesti auxquels je donné aussi une origine tibetaine. Les oasis d’Ouaou el Kebir et Ouaou el Srir situées entre le Fezzan et le Tibesti tirent sans doute aussi leur origine de la même migration. La déformation Ouaouat serait postérieure. Tout bien pesé, il semble que c’est plutôt par l'Ouest que ce nom a du parvenir dans l’Amérique du Nord. 59 — PARISIS Les Parisis, Parecis ou Parexis sont une tribu d’indiens Nu-Aruak qui vivent au Brésil dans l’état de Matto Grosso. Je joins à leur nom ceux qui en sont vraisemblablement dérivés des Parechis ou Parekos, Parecas ou Paravanes, Pariagotos ou Parias du Venezuela, des Pariquis du Brésil, des Parixas du Pérou etc. On sait qu’en Europe il est venu en Gaule des Parmi qui se sont établis sur la Seine. Ils ont laissé leur nom a notre capitale primitivement nommée Lutecia ou plutôt Loukotecia du nom de ses premiers fondateurs, les Leks venus du Caucase. D’autres Parisii allèrent en Angleterre peupler la région qui a formé plus tard le comte d’York. Ces deux essaims d’un même peuple venaient sans doute du Caucase, car on y trouve encore une localité de Barizakho chez les Khevsoures Odette Keun. Au pays de la Toison d’or p. et une autre appelée Pari dans la Souanetie libre Mourier, Guide au Caucase p. Ces Parisii étaient sans doute des Kouchites venus de l’Inde. Ptolémée nous signale dans ce pays le fleuve Baris qui prenait sa source dans le mont Bithigo et se jetait dans le golfe de Cambaye. Dans cette même région il y avait une ville commerçante dite Barygaza Broach actuel. Les iles Nicobar s’appelaient alors Barussoe Insuloe. Ces noms ont disparu actuellement, mais sur les cartes modernes on trouvé Barri a l’Est des Ghats au de Goa et d’autres villes comme Barilla, Barrihna, Bareatz, Barriconda, Paridroad ou Paridsong qui répondent au même ethnique. Sur la route de l’Inde au Caucase il y avait en Gedrosie la ville de et en Asie Mineure dans la région de Tralle une ville de Bargaza. Comme pour tous les peuples importants issus de l’Inde, des essaims avaient longé les deux rives méditerranéennes. Un affluent de l’Ister s’appelait le Parisus Maros actuel. En Italie, Veretrum porta d’abord le nom de Baris et Bari celui de Barium. En Tarraconnaise il y avait aussi une Baria Vera. Il est vraisemblable que les Parisii firent partie des contingents Ibères. En Berberie nous trouvons dans le Hodna la ville de Barilta sur l’oued du même nom. Elle a remplacé l’évêché romain appelé de Baricis Père Mesnage. 1. c. 405 ce qui semble indiquer l'existence d’une peuplade de ce nom. En Tunisie on trouve une autre localité de Barika chez les Amdoum de Beja. Dans le département de Constantine il y a une fraction de Barèche dans la commune mixte d’Oum el Bouaghi. Dans celle du Fondouk près d’Alger il y a aussi des Barek qn'on doit rattacher au même ethnique. Enfin en Kabylie il y a des Ibarissen à la Soummam, des Ibahrizène à Azeffoun et à Dra el Mizane et des lbarichène a Tizi-Ouzou. Notons toutefois qu’on peut voir dans ces derniers le nom des Ibères berberisé. Au Maroc on ne trouve rien. Il semble certain que cet ethnique n’est pas venu en Amérique par l’Ouest ; il n’y a de doute que pour savoir si ceux qui le portaient se sont embarqués en Europe, ou, comme je le crois en Berberie. 60 — SABAGUIS Cette tribu appartient à la famille des Indiens Pimas du Nouveau-Mexique. On trouve encore au Mexique des Sabaîbos. Il y a une ile de Saba entre la Guadeloupe et Porto-Rico mais j’ignore si c’est bien son nom primitif. Dans le continent méridional l’ethnique Saba est représente par les Sabaneros du Venezuela, les Saboyas ou Saboyaes de Colombie, les Sabujas ou Sabuyas du Brésil, les Sabriles du Venezuela. Ces noms viennent de l’Extrême Orient. Ptolémée désignait sous le nom de Sahariens sinus le golfe actuel de Martaban à l’Est de l’embouchure de l'Iraouaddy. Il y plaçait aussi une nation de Sabarai. Dans la mer voisine il signalait des iles habitées par les Sabadihai anthropophages, que l’on identifie avec les iles Bangka et Blitong de l’Océan Indien, mais qui sont peut-être plutôt les iles Andaman. Il est vraisemblable que ces populations originaires de l’Inde en avaient été chassées par une cause quelconque, car dans cette même direction une région de l’ile Borneo porte le nom de Saba ou Sabak, tandis qu’a l’extrémité opposée de l’Inde en Gedrosie nous trouvons un fleuve Sabarus. C’est ce dernier courant que nous allons suivre. En Arabie l’ethnique Sab prit un grand développement. Les Sémites avaient fait entrer dans leurs généalogies un Saba jectanide, descendant de Sem, puis un Sabakan fils d ’Abraham et de Chetura, et enfin un Sabatha fils de Kouch et par suite Chamite. Il y avait naturellement, correspondant à ces noms qui sans doute étaient tires d’elles, une ville de Saba et une ville de Sabatha Sawa. Il n’est personne qui n’ait entendu parler de la célèbre reine de Saba et du peuple des Sabéens. Ils finirent par être subjugués et absorbés par leurs voisins les Himyarites, mais la descendance de la reine de Saba gouverne l’Abyssinie jusqu'à nos jours. Il y avait aussi des Sabéens en Abyssinie et des Sabarat. Avant de m’engager en Afrique occidentale, je dois suivre cet ethnique vers le Nord. Au Caucase on trouve des noms comme Sabadouri, Saba-Tsmida, Saberio, preuves de son passage. Un affluent du Danube est la Save en Italie il y avait deux fleuves Sabatus avec deux villes Sabatia, une de Sabati, un lac Sabatin qui avait donné son nom a une tribu de Rome et la célèbre nation des Sabins etc… En Gaule Belgique la Sambre a porté le nom de Sabis et en Angleterre la Severn celui de Sabrina. En retournant en Afrique je trouve une ancienne ville de Saba qui existait un peu au Nord du Massaoua actuel. A l’intérieur non loin du Nilvivaient des Sapoei et un peu plus bas des Sefcridoe que mentionne Ptolémée. Sur la rive gauche du Nil, un peu au-dessous de Dakhe se voient encore les ruines considérables de la ville de Sabagoura. Plus bas aux environs de Louqsor se trouve une localité de Sabahiye. On se rappellera que parmi les tribus kouchites de l’Égypte Maspero a mentionne des Sabiri. En Berberie je ne sais si on peut rattacher à cet ethnique la ville de Sabrata aujourd’hui Zouara qui rappelait la ville de Sabata d’Arabie. Ptolémée indique aussi une ville de Saboe sur la route du Fezzan à Aea Tripoli. En raison de l’homophonie de plusieurs termes de la langue arabe avec notre ethnique et de la disposition des Arabes à faire des à peu près toponymiques, il est devenu difficile de déceler les termes qui sont réellement du domaine de notre ethnique. Je crois toutefois qu’on peut y comprendre des collectivités comme les Sbeah d’Orleansville qui renferment une fraction de Sobah, les Saab de Tenes, les Seba des Beni Salah et de la Galle, les Sebaat de Teniet el Haad et de Rouiba, les Sebabat de Tiaret, le nom du fleuve Sebaou et une dizaine d’autres fractions berbères du même genre. Les traces que je viens de suivre indiquent assez nettement une marche vers l’Ouest en Berberie et il est possible que l’ethnique Saba ou Sab ait passé en Amérique avec d’autres contingents Berbères. Rien n’indique qu’il ait pu prendre de préférence une autre voie, mais néanmoins on n’en a aucune certitude. 61 — SAGAGAS C’est avec toutes sortes de réserves que j’inscris en tête de ce paragraphe ce nom qui correspond a l’ethnique Sacoe Saces si connu dans l’antiquité car c’est surement en Berberie qu’il a laissé le moins de traces. Les Sacacas vivent au Pérou sur le Maranon et il y a plus au Sud, dans la Terre de Feu, des Sacanacas. Dans l'Amérique du Nord il y a aux États-Unis des Sacos appelés aussi Sacs, Sakis ou Sakes, des Socoas en Californie, et plus au Nord dans la région de Vancouver des Sokos, etc… On sait que les Saces étaient des nomades de l’Asie centrale qui parcouraient les steppes actuellement habitées par les Kirghiz qui ont sans doute conservé de leur sang. Ils émigrèrent dans des conditions restées inconnues, sans doute au début de l’ère chrétienne, et devinrent les Saxons actuels Grimm. Mais ils n’ont pas seulement occupé la Saxe. Leurs essaims ont été beaucoup plus loin. En Grande Bretagne les comtes d’Essex, de Middlesex, de Sussex, l’ancien royaume de Wessex leur devait leur nom. On a remarqué que les désignations toponymiques, dans les endroits où ils étaient nombreux, étaient formées sur des patronymes, ce qui explique la rareté relative des noms ou figure l'ethnique lui-même de ce peuple. Cependant en France on relève des noms comme Sace, Sacey, Sache, Sachy, Saccourvielle, Sacquenay, le Sacq, Sassetot, Sassogne, Sassoigne, Sissonne, Saxel, Saxon-Sion, en Espagne, des Sax, Sacavem, Sacédon etc., qui évoquent le passage des Saces. Voir Longnon p. 539 Dauzat p, Indépendamment de l’émigration du gros de leur peuple vers l’Europe, des contingents d’émigrants durent aussi passer vers l’Est et vers le Sud. Comme la plupart des autres peuples asiatiques ils venaient de régions plus boréales et nous trouvons une rivière Saksagar dans la vallée de l’Obi, une Sakmara dans l’Oural, un Sok affluent du fleuve Volga, une Soka. Il est vraisemblable que les Sokos de Vancouver et les autres tribus de l’Amérique septentrionale sont venues directement et antérieurement au départ du reste des Saces. La transformation de la voyelle O en A qui distingue le groupe occidental se serait surtout effectué plus tard. Du cote du Sud nous avons la preuve de leur passage au Caucase ou existe une localité de Saka dans le Daghestan, au Tibet où se trouve une ville de Sok. Chez les Touareg nous connaissons l’existence de tout un groupe particulier de populations appelées les Issakamaren qui portent le nom de la rivière Sakamara berberisé. Elles sont classées à part et ne sont considérées ni comme nobles ni comme serves ; il semble qu’elles se soient agrégées tardivement aux Touareg du Hoggar et elles se distinguent fréquemment par le port du litham blanc au lieu du voile noir habituel. C’est un des seuls groupements touareg que les anciens auteurs arabes aient compris dans leurs nomenclatures comme Berbères ordinaires et non comme voiles. Sous le nom de Béni Saghmar ils les rattachaient aux Demmer de la branche des Darica. En Tripolitaine il existait aussi une ville de Sohna et une population d'Isoknaten imrad des nobles touareg Taitoq, dont une partie s’est refugiée au Tidikelt et s’est sédentarisée sous le nom d’Oulad Sokna. Chez les Touareg du Sud le nom de Sakaoui s’est conserve comme nom propre et tribu des Igouadaren du Niger se subdivise en deux fractions appelées d’après leurs chefs des noms assez significatifs d’Ahl Sakaoui et Ahl Saksib. Dans la Berberie du Nord c’est peut-être la trace du même ethnique que l'on retrouve dans les noms des Sakina et Sokina d’Aine Khial, des Sekarna de Saint Lucien, d’Aine Fezza et de Mekerra, des Sekhaïa d’Ammi Moussa, des Sekhalia de Zemmora, des Sekhara de Collo, des Sekhaïria de Tablat, des Sekkaka du Chelif, des Sokor d’Aine Bessem etc,... Comme je l’ai dit plus haut les Saees ont, comme les Arabes, employé les appellations patronymiques ce qui diminue les chances de découvrir les marques de leur passage. En définitive tout en constatant que des Saces sont bien venus en Berberie, il n’y a aucune preuve décisive qui permette de discerner si les Sacacas du Pérou sont venus des cotes africaines, ou d'Europe voire même du Nord de l’Asie. 62 — SALHIS Les Salhis sont une tribu du Pérou. On trouve aussi en Californie sur la cote du Nord-Ouest des Selich ou Selish, et dans la Colombie des Salishes ou Salish qui sont sans doute les frères de ces derniers. On doit en outre rattacher à ces noms ceux des Salibas, Salivas ou Cabares de l’Orénoque, des Salakies ou Tsalakies, tribu Cherokee des États-Unis, des Salinas de Californie, des Salineros du Mexique et des Saltenos de la République Argentine. L'ethnique dont dérivent tous ces noms est évidemment le même que celui de Salé père d’Heber et ancêtre des Hébreux, qui a eu comme centre de dispersion, d’après les traditions Sémites, la région comprise entre le Mont Ararat et la mer Caspienne. Mais on peut remonter plus loin pour découvrir sa vraie provenance. Je ne m’arrêterai pas à rechercher les origines nordiques de ce nom ; il y a en Sibérie une rivière Seliah et un Salim dans le bassin de l’Obi ; le Syr Daria a porte primitivement le nom de Sillis ; enfin une Sela est un affluent de la Lena. Mais le peuple qui a véhiculé cet ethnique parait avoir été Kouchite ou parent des Kouchites et a gagne avec eux le Sud avant de venir s’installer dans la Transcaucasie pour y prendre essor. Ptolémée nous apprend que le véritable nom de l’ile de Ceylan est Saliké et que ses habitants sont appelés Salai. J’ai dit plus haut toute l’importance qu’avait eue autrefois toute cette région, un des plus importants foyers de dispersion de l’humanité qui ait existe. On trouve encore dans Inde moderne des noms comme Sali, Salli, Saliom, Salimpour, Selimpour, Sellee, SU ah, Silcolu, Silhet, Solo, Sollapour, Sollagur. Salyan près de l’embouchure du Koura dans la mer Caspienne marque la région dont partirent les Hébreux. On sait que les Hellènes primitifs s'appelaient Selloi et que c’est la chute de la première consonne qui amena la formation du nom sous lequel on les connut plus tard. Les prêtres de Jupiter au temple de Dodone avaient conserve ce nom. D'innombrables rivières, villes, peuples de l’Europe témoignent de la puissance des tribus qui ont transporte cet ethnique ; mais il importe de départager ce qui revient a l’étymologie sal sel. Je me contenterai de citer ici pour l’Europe les Francs Saliens, les Salassi des Alpes, les Salluvii, Sallyes ou Salyes voisins de Marseille et les Sallomaci de la Gironde. Les Silures de l’Angleterre venus croiton d’Espagne avaient vu leur nom modifié au passage des Balkans par le suffixe UR d’origine touranienne, qui a d’ailleurs dans les mêmes conditions transforme l’ethnique Leks en Ligures, etc. Comme je l’ai indiqué plus haut. En Afrique l’ethnique que j’étudie, avait été dénaturé par les Grecs d’une manière encore plus extraordinaire, car les célèbres Psylles n’étaient autres que les Seli des Syrtes qui s’y trouvaient encore et y avaient des villes comme Msellata et Macomades Selorum Mersah Zafran à l’époque romaine. Je pense que ces Seli devaient faire le fonds des Sorta ou Chorta des généalogistes Berbères, qui les classaient comme peuple Sanhadjiens. Ils avaient dans leurs nomenclatures, relevant de cet ethnique, des Seliiyen qui étaient des Darica Matmata et des Siline qui étaient des Ketama. Ces deux peuplades étaient peut-être les habitants, les uns d'une région de Siliana ville à l’Est du Kef en Tunisie, les autres de la Respublica Silentium qui était située entre Constantine et l'Aine Beida actuelle. C’étaient les Massyliens qui nous sont connus par les écrits des auteurs romains ; Cela veut dire tout simplement les gens de Sila ou plus littéralement les maitres de Outre cette ville de Sila parfaitement identifiée avec Bordj el Ksar à 32 kms de Constantine, il y avait en Tunisie deux évêchés dont l’emplacement n’a pas pu être déterminé et appelés l’un Silili, l’autre Scillium P. Mesnage passim. Dans les listes actuelles de commandement figurent une fraction de Seliana à La Calle, des Selib à Aine Mlila, des Siliana à Grarem, des Sillat à l’Oued Zenati, des Silène aux Beni Salah, etc. Au Maroc il y avait sur la cote atlantique une ville de Sala qui est la ville de Salé actuelle ; elle était sur une rivière du même nom le Bou Regreg dont les bords, à ce que nous assure Pline, étaient infestés par les troupeaux d’éléphants, récit merveilleux et qui aurait mérité d’être confirmé par d’autres auteurs. Au-delà on trouvait aussi un peuple de Selatites. Enfin les Romains donnaient le nom de Massesyliens à un peuple qui se trouvait dans l’Oranie actuelle, mais je pense que ce nom résulte de quelque grossière erreur des premiers conquérants ; ils disparurent d’ailleurs aussi subitement qu’ils étaient venus, a moins que leur nom ne soit en rapport avec l’existence des Salassii ou Salamysii que Ptolémée plaçait entre le Chelif et le Hodna dans la Mauretanie cesarienne. 1 Le nom de Massilia Marseille étant identique, semble avoir été formé dans les mêmes conditions, ce qui suppose d’abord que l’on parlait la langue punique ou lybienne a Marseille et de plus qu’avant d'être colonie phocéenne elle avait été lybienne. En admettant même que les deux derniers noms doivent être rayés de cette nomenclature il n’en reste pas moins acquis que les Seli ou Sali avaient tenu une grande place en Berberie et s’étaient avancés jusqu’a l’Océan Atlantique ou ils ont pu s’embarquer, Cette impression s’accentue si on remarque qu’ils se sont étendus en profondeur jusqu’au Soudan, Du Sénégal à la frontière d’Égypte les Sele, Sela, Silla, Sillabé, Sellé se succèdent en pays noir. Chez les Touareg du Hoggar il y a une petite oasis actuellement ruinée qui porte le nom de Silet. Une tribu de Touareg du Soudan porte le nom d’Issellen ou Dag Icelen ou Oulad Silla, mais elle parait s’être agrégée tardivement au peuple des voilés. La difficulté pour cet ethnique est précisément qu’il est trop répandu, ce qui rend incertaine la détermination du trajet qu’il a pu tenir pour gagner l’Amérique. L’Espagne renferme aussi des Silla, Silleda, Siles, une rivière Sella ; en outre l’ethnique comme nous l’avons vu plus haut y a revêtu un suffixe UR qui ne figure pas en Amérique. On peut hésiter entre des migrations venues directement de l’Ouest puisqu’il y a des tribus de Selish sur la cote occidentale de l’Amérique du Nord, et des contingents africains, mais je suis porté personnellement à croire plutôt à une provenance africaine en raison de la grande diffusion de cet ethnique dans cette partie du monde. 63 — SAMAGOTOS Au chapitre III j’ai déjà été amené à rapprocher le nom des Caraibes Samagotos de celui des Samogètes et Samoïèdes. Comme on trouve en Afrique et en Berberie des traces de ce même ethnique, je suis amené à l’examiner en y adjoignant celui d’autres tribus de l’Amérique du Sud Pérou, Samucos Samucues ou Zamucos du Paraguay. L’ethnique Sam est fort répandu dans le monde et il semble que par une disposition peu fréquente il s’étend autant en longitude qu’en latitude. L’hydrographie sibérienne nous montre, dans le réseau entier, des rivières dont le nom commence par la racine SM Semara, Sim, Sima, Soum, etc... Tout au Nord de la Sibérie et de la Russie, nous trouvons le peuple des Samoïèdes, fort dégradé par suite de ses conditions d’existence dans le pays ingrat ou il s’est trouvé refoulé. Il est considéré comme de souche finnoise et il semble qu’il est frère des Samogètes ou Samogitiens du Samland dont il porte le nom légèrement altéré. Les Lapons se nomment eux-mêmes Sami ou Sahmelad et appellent les Finnois Suomi. En descendant vers le Sud je note les localités de Samozero en Russie et de Samokovo en Bulgarie et surtout la rivière Samara affluent important du fleuve Volga. Il semble que ce nom est en étroite relation avec celui du peuple des Sarmates de l’antiquité qui avait du se former sur ses rives et qui dans ses migrations vers l’occident l’a transporté avec lui. Dans la région égéenne nous avons encore les iles célèbres de Samos et de Samothrace, une ville de Samé sur la cote occidentale de l’ile de Gephalonie qui s’appelait elle-même autrefois Same ou Samé, dans le Péloponnèse une ville de Samicum. Hérodote nous dit que des Samiens appartenant à la tribu Oeschrionienne, avaient émigré en Afrique dans l'oasis de Jupiter Ammon Siouah en Libye. Ils durent aller plus loin car nous trouvons des Samos au Soudan. Le Lieutenant Desplagnes Plateau nigérien 663 note ce détail qu’ils donnent un chien à leur fiancée, coutume venant peut-être du Nord, et qu'ils s'interdisent de manger certains poissons, autre tradition particulière a l’Égypte, celle-là , et qui permet de croire que ce sont bien des descendants des Samiens de Siouah. Desplagnes interprète ce fait comme une preuve de leur alliance aux clans nigritiens des poissons, ce qui ne s’explique pas très bien car dans les conceptions totémiques soudanaises, les clans des poissons sont désignés par la syllabe préformante MA, tandis que SA désigne les clans des serpents. Le nom des Somali des cotes de la mer Rouge dépend du même ethnique qui s’est d’ailleurs répandu jusqu’a l’extrémité de l’Afrique. Mais la comme dans le Nord, les peuples qui le portent ont été refoulés par les nègres Bantous qui les environnent jusque dans les déserts de l’Afrique australe. Ce sont les peuplades des Boschimans qui se donnent a elles-mêmes le nom de Sam ou par corruption de Sab. Elles appartiennent à la race jaune et non à la race noire pure. Les Hottentots qui les avoisinent sont d’ailleurs de ce même type moins dégradé, dont on retrouve aussi des spécimens dans différentes populations plus au Nord. A ce développement en latitude opposons maintenant celui qu’a pris cet ethnique dans le sens de la longitude. Il y a en Océanie un archipel des Samoa, et dans celui des Philippines on trouve une ile Samar. Sur la cote de Corée au milieu de la baie de Samora se trouve une ville du même nom ; sur celle du Cambodge dans le golfe du Siam une ville de Samit ; dans l’Inde des localités comme Samulcotta, Sami Averam, Sami Issuram, sur la cote du Beloutchistan une région de Sami qui tirait peut-être son nom du fleuve Samydaces ; plus au Nord la ville célèbre de Samarcande; en Palestine la région et la cite de Samarie ; une seconde ville du même nom se trouvait au Nord de la Judée, etc. Du cote de l’Occident on pense que l’Europe a été peuplée de Finnois avant l’arrivée des autres peuples venant de l’Asie et l’anthropologie en trouve des preuves même dans les populations actuelles, mais il est assez difficile d’avoir des données positives a ce sujet, aucun peuple n’admettant qu’il a pu avoir parmi ses ascendants des types considérés actuellement comme inferieurs. Il est d’ailleurs juste de reconnaitre que les mélanges de sang ultérieurs n’en ont sans doute pas laissé subsister beaucoup de spécimens purs. En tout cas des noms qui constituent une trace bien nette de leur passage subsistent encore. Citons Samsô, ile du Danemark, Samsou ville d’Autriche. En France nous avons des Samer, Sames, Samoens, Samognat, Samois, Samonac, Sambourg etc., deux rivières Samara Somme et Sambre sur l’une desquelles se trouvait Samarobriva Amiens. Je noterai que la Sambre avait vu son nom de Samara converti en Sabis ce qui montre bien l’equivalence de la racine Sam avec sa variante Sab cette observation s’applique surtout a l’Afrique. En Berberie les fractions des Samara de Tablat, des Samma de Msila, des Sammoud de Bordj bou Arreridj, des Samamra de l’Edough légitiment la présence de cet ethnique dans notre nomenclature, mais néanmoins je ne pense pas que ce soit des cotes africaines qu'il est alle dans l’Amérique du Sud. C’est plutôt de l’Europe. 64 — SERIS Les Seris dont le nom se transcrit aussi Geris ou Jeris sont des Indiens de la cote occidentale du Mexique et de l’ile Tiburon ce qui les fait appeler aussi Tiburones. Je range à cote d’eux des noms de même racine comme les Scyris ou Garas du Pérou, qui auraient fonde suivant M. Gabriel Vergara Martin une dynastie d’incas Caran- Scyris, puis les Sirionés de Bolivie, les Siriniris du Pérou, les Siri cuines de la Guyane brésilienne, les Siriminches ou Piros du Pérou. Le nom des Séres ou Seri était célèbre dans l’antiquité car c’était de leur pays qu’était venue la soie dite Sericum. Ils habitaient la Kachgarie et les régions qui l’avoisinent au Nord. Ils ont contribué pour une grande part à la formation de la nation chinoise et généralement on les confond avec ce peuple. Or les migrations asiatiques ont entrainé un essaim de leurs tribus en Berberie et l'on trouve aujourd’hui dans l’Atlas une forte tribu d’Aït Sert qui a conservé son nom sans la moindre modification. Mais avant de m’occuper d’eux, je dois d'abord rechercher les origines de leur nom vers le Nord, comme d’habitude, et ensuite les routes qu’ils ont pu suivre. Dans le bassin de l’Obi il y a une rivière Sira et en outre il subsiste encore dans la région de l’Oural sur les bords de l’Océan glacial une population altaïque appelée les Sirieni ou Zyriene. Ils sont actuellement fort métissés de sang russe et appartiennent au groupe des peuples Permiens, fort voisins des Finnois. Le gouvernement des Soviets en a formé un district sépare en leur attribuant le nom de Kuomi, celui de Zyrienes étant parait-il, pour une raison que j’ignore, considéré comme péjoratif. Ce nom ainsi disqualifié parait cependant bien être le même que celui des Syriens de Syrie quelque étrange que puisse paraitre cette proposition au premier abord. Les deux peuples sont également brachycéphales. Les Syriens du Mont Hermon passent même pour les plus brachoides des hommes. Il n’y a donc rien de surprenant a les rapprocher des Seri de la Chine et des Sirieni du Nord. Dans leur descente vers le Sud les Sirieni ont donné le nom de Sijr Daria au fleuve que les anciens appelaient l’Iaxarte. Outre cette route suivie à peu près directement vers le Sud il y eut une migration par la voie orientale que nous indiquent d’abord les Seri du Turkestan, puis un certain nombre de noms de l’Hindoustan qui révèlent leur passage dans cette région Sira, Sera, Serinagur, Sirinagur, Serineah, Seringham, Seringapatam, Siriagully, Sirian. Ptolémée note aussi un fleuve Serus qui se jetait dans le golfe du Bengale à l’Est de l’Iraouaddy actuel. C’est probablement de la que les Seri ont gagné l’Afrique. Vers l’Occident nous suivons une autre piste ; il y eut en Germanie des Sciri. Sur les deux rives de l’Egée dans le Péloponnèse et en Asie Mineure il y avait des régions appelées Sciritis. En Italie il existait dans le golfe de Tarente un fleuve et une ville de Siris. En France des noms comme Sère, Séréconrt, Sérez, Sérignnc, Sêrigné, Sèrigny, se rattachent sans doute à notre ethnique. Passons maintenant en Afrique. En Tunisie la tribu des Bou Seriana du Kef a pour centre une localité de ce nom. Une oasis du Zab voisine de. Biskra le porte aussi, ainsi qu’une autre localité plus au Nord devenue le village de Pasteur. Enfin dans l’Atlas marocain les Au Seri que nous avons précédemment nommés, clôturent la succession des noms africains dus a cet ethnique. Il faudrait peut-être cependant y ajouter les Séréres du Sénégal dont certaines coutumes telles que les estrades funéraires décèlent l’origine touraniemie. Une de leurs divisions porte le nom de Sine qui est assez significatif. Après avoir constaté cette diffusion de l’ethnique Seri des deux cotes de la Méditerranée, on est fort empêché pour discerner si c’est bien par l’Afrique ou l’Europe qu’ils sont venus. D’autre part la localisation des Seris dans l’ile de Tiburon, dans une région ou ont souvent abordé des naufrages venus des pays jaunes permet de croire que pour ceux-ci l’arrivée se serait produite par l’Ouest. Au contraire pour les Siriones et autres noms de l’Amérique du Sud on pourrait admettre une provenance africaine, mais en somme si nous avons une certitude absolue de l’origine asiatique des populations qui ont apporté cet ethnique, nous ne pouvons rien affirmer sur leur passage par la Berberie. Il me reste à faire une remarque sur le synonyme de Garas porte par les Scyris du Pérou. Au paragraphe Garianos j’ai constaté que la ville de Kerya point de départ des Cariens et autres peuples de noms similaires était dans le Turkestan chinois, c’est-a-dire dans le pays des anciens Seri. Cette double dénomination ne peut donc nous surprendre. 65 — SUSALES Les Indiens Susales tribu du Yucatan, avec les Suscoles et les Suisunes de Californie représentent l’ethnique Sous, qui est celui d’une des anciennes tribus kouchites connues dans le Sud de l’Égypte Maspero 1. c. 124. Comme les autres Kouchites, ils sont partis de l’Hindoustan, ou Ptolémée indiquait une ville de Sousouara. Les cartes modernes donnent encore les noms de Suseapour et de Susan. En suivant la piste que nous connaissons, nous rencontrons l’ancienne Susiane et les ruines de SusaSuze qui fut capitale de l'Elam. Un peu plus au Nord au pied des monts Masdoranus Muzderan il existait dans l’Asie centrale une autre ville de Susici. La-Mésopotamie et l’Arabie franchies, l’entrée de l’Égypte est jalonnée par la célèbre ville de Suez, l’antique Soues qui a donné son nom à l'isthme et au canal qui marquent la séparation de l’Asie et de l’Afrique. De la il faut gagner la cote occidentale des Syrtes en Tunisie pour trouver le port de Soussa ou Sousse, l’ancienne Uadrumete qui a changé de nom a diverses reprises avant de recouvrer son appellation primitive. Après un nouveau bond nous atteignons, dans le Sud Marocain, l’Oued Sous et la région à laquelle il a donné son nom sur la cote Atlantique. Se rattachant à cet ethnique nous trouvons a l’intérieur des Souciche aux Rirha, des Sisua à Collo, des Sousnane a El Miliah et des Souslah ou Soualah aux Eulma. Nous pourrions, si c’était nécessaire, nous prevaloir de cette dernière synonymie pour noter, encore une dizaine d’autres fractions de Souala ou Soualah dans diverses régions de l’Algérie. Enfin dans l'Afrique occidentale nous trouvons une tribu de nègres Mandes qui porte le nom de Soussou ou Sossi et qui habite la Guinée Française. Il y a au Cameroun des Sos qui paraissent être venus des bords du Tchad. Passons maintenant au Nord de la Méditerranée. Au Caucase nous ne voyons pas de traces de l’ethnique Sous, mais en Palestine près du lac de Tiberiade il y a une ville de Sousiye l’ancienne Hippos de la Decapole près de Kalaat el Hossen. En Italie nous trouvons à noter la ville de Suze en Piemont, une ville de Suzzara, une Suessula Cancello actuel et deux Suessa. L’une Suessa Arauca est la ville de Sessa actuelle, l’autre Suessa Pometia dont l’emplacement n’est pas déterminé, fut la capitale des Volsques d’Italie. On peut se demander si ce sont ceux-ci c’est-a-dire un peuple Pelasge qui avait créé cette ville et par suite importe cet ethnique, mais il me parait vraisemblable qu’elle existait avant leur arrivée. En Gaule Belgique il y eut des Suessiones Soissons et des Sotiates à Sos en Aquitaine. Il y a encore en France deux villes de Suze l’une dans la Sarthe et l’autre dans la Drome, des localités portant les noms de Soussac, Soussans, Soussey, Sousville, Souzay, Souzy, etc… L’Espagne eut des Suessetani ou Suessetes dont la capitale était Suesse et dans les nomenclatures actuelles on y trouve une rivière Sosa, une ville de Sueca près de Valence et une autre de Souzellas près de Coimbre. Cette dernière appellation se rapproche assez du nom des Susales américains pour qu’on soit porte à croire que c’est de la péninsule que ce nom a été porte en Amérique. L’ethnique Sou vient de l’Extrême Orient. Le Sou est un affluent du Fleuve bleu. Dans la vallée de l’Amour on trouve un village golde de Sousou et de nombreux fleuves commençant par la même syllabe. Mais il semble, que le même fait s’est produit que nous constatons pour l’Amour, et que l’émigration des peuplades qui le portaient s’est produit vers le Sud-ouest non vers l’Orient. En résumé il parait bien que c’est de l'Est que cet ethnique a été porte au Nouveau Monde, mais la même indécision que pour plusieurs autres noms qui sont dans le même cas, s’impose lorsqu’il s’agit de choisir entre l’Europe et l’Afrique. 66 — TAMES En Colombie on trouve des Indiens Tames des Tammez et des au Venezuela des Tamas qui habitent aussi le Brésil ; enfin dans cette dernière région des Tamois ou Tamoyos. Notons encore des Tamiches en Patagonie et des nomades Tamudes au Venezuela. Dans l’Amérique du Nord il y a des Tamos qui paraissent être des émigrants venus du Sud au Nouveau Mexique. Je passe sous silence beaucoup d’autres noms dérivés des précédents. La ressemblance du nom des Tamudes avec celui des célèbres Thémouditcs mentionnés par le Koran, que la colère d’Allah détruisit en raison de leur impiété, est des plus intéressantes et elle parait bien procéder d’une communauté d’origine. J’aurais peut-être pu les traiter a part mais il m’a semble préférable d’envisager a la fois tous les noms similaires. La racine TM revêt une importance extraordinaire dans la toponymie des touraniens et des peuplés qui en dérivent. Il y a au Nord de la Sibérie une presqu’ile, une ile, une rivière et un lac de Taimir sur le littoral de l’Océan glacial entre l’Ienisseï et la Lena. Dans la vallée de l’Obi, des rivières Tim, Tom, Toumana, dans celle de l’Ienisseï une Tourma et une l'amer, cette dernière près de ses sources, en sont une preuve suffisante. Les dérivés de ces noms se rencontrent dans le monde entier. Dans l’Inde, une des grandes races indigènes de la péninsule, les Tamouls ou Tamils, encore fort nombreux et que l’on classe comme dravidiens ou Melano-indiens D. 493 mais dans lesquels je crois voir aussi des Kouchites mélangés à un élément noir préexistant, me paraissent porter un nom qui dérive de cet ethnique. Un essaim qu’ils envoyèrent en Arabie devint les Thémoudites dont je parlais plus haut. Pline les connaissait sous le nom de Thémoudéens, ce qui prouve qu’ils n’avaient pas complètement disparu a son époque, et que c’est dans les premiers siècles de notre ère qu’ils disparurent de l'Arabie. On leur attribue à ce que dit Burckhardt Voyages en Arabie IL 240, les restes de vastes constructions grossières et ruinées qu’on trouve au Nedjed et à l’Est du Hauran. Mais déjà longtemps avant cette époque les Thémoudites avaient essaimé en Afrique, car les auteurs anciens nous signalent près de Tanger une ville de Tamouda, qui est le Tetouan moderne, sans compter d’autres localités qui peuvent avoir la même provenance. C’est de la que peuvent venir les Tamudes du Venezuela. Il est difficile pour ne pas dire impossible de distinguer les différentes invasions qui ont peuplé l’Afrique; je vais donc donner en bloc les traces de notre ethnique dans ce continent. Comme peuples nous avons à noter d’abord des Lybiens Tamar Maspero 1. c. 313. Ils apparaissent dans l’histoire la 5e année du règne de Ramses III sous la XXe dynastie, mélangés a d'autres Berbères et à des contingents des peuples de la mer. Ils étaient donc installes en Afrique plus d’un millénaire avant notre ère. Un autre peuple berbère est celui des Tetmotarak des Kel Gheress de l’Air. On reconnait dans leur nom les Tmutorokan que Niederle classe parmi les peuples slaves et qui étaient venus du Caucase avec les Ibères et autres nations voisines. L’Eglise romaine nous a conservé les noms d’un certain nombre d’anciens évêchés, dont plusieurs ont été identifies, qui montrent combien cet ethnique était répandu en Berberie. En partant de la Byzacene dans l’Est nous trouvons Tamalluma au Nefzaoua, Turris Tamalleni entre la ville précédente et Gabes, Tamerza que les listes chrétiennes nommént Ad Turres, ville située dans les montagnes au Nord-Ouest du Djerid, Tamateni, deux Thimida, Timisua Henchir Tezm'a, Temuniana, Tamallula Tocqueville, Tamascani Cerez, Timedoul dans le Bou Taleb dont le nom romain est inconnu, Thamugadi Timgad ; au Maroc Thamusida, Tamusiga, Mogador et Tamouda Tetouan précédemment nommée. Dans les généalogies Berbères on trouve à rattacher a notre ethnique les Temzit et les Béni Toumert comptes parmi les Darica. Naturellement ils n’y ont pas introduit les Tamouda de Tetouan qui devaient encore exister à l’arrivée des Arabes. Le prophète ayant déclaré dans le Koran qu’Allah les avait complètement extermines il aurait été fort malséant d’en faire revivre quelques uns. Dans les nomenclatures actuelles de la Berberie, les noms ressortant a notre ethnique sont nombreux, mais doivent être accueillis avec quelques réserves, car le préfixe berbère Ta fort fréquent peut parfois donner le change. Voici néanmoins ceux qui sont acceptables en Tunisie Ksar de Tamerzu au Nord-Ouest de Nefta, ancien évêché nommé précédemment, Ksar de Tamezert chez les Matmata, Enchir Timezrat dans la région de Nabeul ; en Algérie oasis et Ksour de Tamerna, de Temcicine et de Tamelhalt dans l’Oued Rir, de Tamentit au Touat, fractions de Tamest au Guergour, Tamessilet à Takitount, Tamda du Haut Sebaou et de St Pierre et St Paul, Tamdine d’El Milia, Tanuila de Sidi Renif, Tamedda d’Attia, Tamedjarèt et Tamedjart de Takitount, Tameklout de Taher, Tameksalet de Sebdou, les T amène de Takitount et les nombreux Tamelldhat et Tamelhalt qu’on trouve en pays berbère, si toutefois ce nom n’a pas une signification spéciale. On peut aussi malgré leur étiquette arabe y joindre les Oulad Tamène ou Tamine des Eulma et d’Aine Mlila et les Oulad Tamane des Ghomeriane de Feidj Mzala. Enfin les Béni Tamou ou Tamoun de Cavaignac et de l’Oued el Alleug viennent nous rappeler le nom spécial des Thémoudites. Ghez les Touareg Hoggar je relève le ksar de Tamanrasset dont le nom comme celui de plusieurs des collectivités précédentes rappelle celui de la péninsule de Taman au Caucase. Enfin au Maroc on rencontre des Tomeslouth, des Tamelelt et des Tamesguelf aux Ahmar Guicli de Merrakech, Tumegroxit sur l’Oued Draa, etc… Les peuplés porteurs de cet ethnique touranien ont en outre laissé des traces a l’intérieur du continent noir où on trouve notamment des Tomal forgerons des Sotnali considérés par eux comme d’une race inferieure, les Tombas ou H abbes du Humbori, les Tama nègres du Ouadai, les Timenes peuple Mande voisins des Nalous et Landoumans de la basse Guinée, des Tournoie voisins et parents des Sara du Logone et du Chari. Certains de ces peuplés portent comme je l'ai dit précédemment des traces irrécusables d’une empreinte touranienne produite par une migration dirigée vers la Guinée. Je n’oublierai pas Tamatave à Madagascar. Dans cet expose, j’ai négligé à peu près de tenir compte des migrations qui ont pu avoir lieu a l’Ouest el a l’Est, et j’ai fait comme si elles avaient eu lieu en ligne droite des contrées touranien nés en Afrique. Voici quelques indications sur les traces qu’elles ont laissées à droite et a gauche et surtout au bout de l’Europe ou j’aboutis souvent à un terminus dangereux pour mes recherches et à un empêchement d’émettre des conclusions définitives en ce qui concerne l’Afrique. Dans l’Inde Ptolémée signalait un fleuve Témoins Iraouaddy, une ville de Temala ou Tamala et un peuple de Tamalites. Les géographes modernes y signalent des Tamane, Tamegan, Tamachabad, Timerxy, Timoorgudda, Toomry etc., en Océanie une ile de Timor, au Japon les villes de Tamasima et Tomioka dans l’ile de Nippon, de Tomiye, de Tamsoul. Sur la route centrale signalons au Caucase les villes de Taman et de Temrouk a la pointe occidentale de la chaine ; dans son milieu, le nom eponymique de la reine Tamara qui parait dériver de notre ethnique a servi à designer un certain nombre de lieux. En Syrie le dieu Tammouz Adonis a joué un grand rôle dans les religions orientales. Le Tamyras est devenu le Nahr ed Damoar, la ville de Tamar, Tadmor ou Palmyre, suivant ses dominateurs, qui paraissent avoir fait un calembour sur son nom. Il y a une localité de Temnxn entre Damas et Baalbek. En Arménie une ville de Tomisa et en Lydie une ville de Temnus nous sont indiquées par les géographes anciens. De l’autre côté de la mer Egée il y avait une Taminoe en Eubée, un Temenium en Argolide. A Chypre il y avait une ville de Tamassus. En Égypte notons le lac Timsah, Temé village sur le Nil en aval des ruines d’Antoeopolis et dans le Delta la ville d’Horus, Timé n’Hor. Sur la route occidentale je relève en Finlande Tammerfors ou Temparé, en Russie Tomakovka, en Pologne Tomachou et Tomaszow, en Hongrie une rivière Ternes et des villes de Tamasi, Tamas, Temesvar. Un affluent du Danube s’appelait le Timacus Timok actuel et à l’embouchure de Lister lui-même il y avait une ville de Tomi Kostanza. Il n’est pas surprenant de trouver ces vocables touraniens en Hongrie, mais on est en droit de se demander s’ils datent de la dernière invasion toute récente qui a amené le peuple madgyar. On constate qu’il n’en est rien et que ces noms sont beaucoup plus anciens comme nous allons le voir. En effet en Belgique nous trouvons les villes de Tamines et de Tamise et en Angleterre la rivière bien connue sous le nom de Tamise autrefois Thames, une autre rivière la Tamer de Plymouth, ancien Tamarus, une ancienne ville de Tameria, une rivière Tamé du comte de Warwick avec une ville de Tamworth. En France nous avons des noms comme Tamerville, Tamnay, Tamnies, Thaims, Thémines, Theminetle, Thêmericourt, Thimory, Thomery, Thomirey, Tomino de Corse, qui rappellent les noms que nous avons vus en Orient. En Espagne nous trouvons aussi une ancienne rivière Tamar ou Tamara, la Tambre actuelle et une ville de Tomino en Galice, les villes de Tamel et de Thomar en en Portugal, la rivière Tameya dans la région de Porto, etc… On remarquera qu’en Europe, la racine que j’étudie n’a pas donné naissance à des noms de peuplés, mais seulement à des appellations de fleuves ou de villes. Quel est donc le peuple qui a apporté cet ethnique avec lui ? M. Philippon classe ces noms comme ibères, mais ainsi que je l'ai dit précédemment je les considère comme touraniens et je ne puis par suite partager son opinion. En fin de compte je crois que cet ethnique a été véhiculé par les Pelasges dont le nom s’est transformé en Belges dans l’Europe occidentale. Cette même considération, jointe à ce fait que les villes Berbères de Tamoucla Tetouan et Tamusiga Mogador sont des formes communes à l’Afrique et à l’Amérique et ne se trouvent pas en Europe, m’amène à croire que c’est bien de Berberie qu’est parti cet ethnique. Néanmoins il est admissible qu’il ait pu en venir par l’Espagne. Enfin il y a beaucoup de chances pour que certains éléments soient arrives directement du Nord de l’Asie par l’Ouest. Dans son Manuel, Hodge signale un assez grand nombre de villages, colonies, fractions voire même tribus dont le nom est forme sur la racine TM, surtout en Californie. Le fait n’aurait rien d’étonnant d’après tout ce que j’ai dit précédemment. 67 — TAPANTOS Je rappelle ici pour mémoire le nom des Tapantos du Venezuela, car au paragraphe Abades j’ai déjà eu occasion de montrer que cette tribu correspondait aux Tapanitai lybiens signales par Ptolémée, qui furent les représentants en Afrique des Tapanta, fraction orientale des Abazes du Caucase émigrés dans le continent noir. Je n’ai rien à ajouter à ce que j’en ai dit. 68 — TECAMACHALCOS La même observation que pour les Tapantos s’applique aux Tecamachalcos du Mexique, aux Tamales de Californie aux Tamalameques du Venezuela qui représentent le nom des Tchamalales fractions des Andis du Caucase. Mais ce n’est pas dans les auteurs anciens que nous pouvons trouver la trace de leur passage par la Berberie. C’est dans les nomenclatures actuelles que nous trouvons les fractions Berbères des Chemalil de Sle Barbe du Tlelat et de Tablat, des Chemaala d’Haussonvillerset des Chemala de Duperre. Ce rapprochement et ceux que j’ai étudiés à propos des Antis s’étayent mutuellement. Je n’hésite donc pas à le donner ici car il vient augmenter le nombre des collectivités américaines qui semblent être passées par la Berberie. 69 — TEGUIMAS Les Teguimas sont une tribu indienne du Mexique ; ou peut leur adjoindre les Tehamas ou Tehnamas de la Californie centrale. Je rapproche leur nom des Tegama ou Tagama, touareg du Sud que Barth a signalés le premier. Il y en a deux tribus distinctes. Les premiers sont des Tetmotarak appartenant aux Kel Gheres de Tahoua ; les autres, nobles également, sont des Iguellad de l’Ouest. On retrouve leur nom dans la Géographie de Ptolémée, mais la situation qu’il leur attribuait est des plus incertaines et ne cadre pas avec celle qu’ils occupent aujourd’hui. Enfin le docteur Richer dans son livre sur les Oulimminden signale des Tiguirmat nobles appartenant au groupe des Kel Dinnik. Chez les Berbères du Tell il y a des Taghamet ou Tacamet chez les ujermouna de Takitount, et des Taghalat chez les Beni Mellikecli d’Akbou. Ce nom aurait donc pu passer par la Berberie il y est arrive venant du Caucase ou il y a une localité qui s’appelle Thargama. En outre les traditions locales signalent un Thargamos, fils de Gomer suivant les uns, et suivant les, autres fils de Tharchis lils d’Araxan et en tout cas descendant de Japhet. On le considère comme la souche commune des Georgiens et des Arméniens et je l'ai mentionné dans mon étude sur les Origines caucasiennes des Touareg. Mais ce que j’ai omis de dite c’est que ce nom est venu de la Haute Asie. La montagne élevée qui domine la partie orientale du Pamir est célèbre sons le nom de Tagharma. Ce nom est-il arrivé au Mexique et en Californie par la Berberie ? C’est ce qu’on ne saurait affirmer. On trouve en effet au Japon une ville de Takamats dans l’ile de Sikok, ce qui indique que cet ethnique a pu aussi bien passer par l’Ouest que par l’Est. 70 — TXMMIMINOS Plus significatif est le cas des Timmiminos et des Tummimiois qui sont compris parmi les Tupis du Brésil. La racine d’ou leur nom dérivé est manifestement le nom de la rivière Tim affluent de l’Obi. Mais la déformation de ce nom parait spécifiquement berbère. Nous avons en effet dans le Sud Algérien au Gourara une ville et une oasis de Timmimoun ; une autre oasis voisine se nommé Timmi, ce qui accentue bien la provenance que je viens d’indiquer. Peut-on admettre que la ressemblance des noms américains et Berbères, soit due à un simple hasard ? Un certain nombre d’autres noms ethniques Berbères dans le Tell Algérien commencent également par Timi, mais sont très diversement suffixés de sorte que je les négligerai et me contenterai de faire remarquer qu’ils sont des traces de cette grande invasion touranienne que j’ai signalée. On remarquera que Timmimoun et Timmi sont des oasis comprises dans ces régions de basfonds à palmiers ou la race noire seule peut réellement résister. Aussi les habitants sont-ils noirs, avec quelques familles de conquérants arabes ou Berbères blancs récemment venues du Maroc et qui se fondent peu à peu dans l’élément noir ambiant. Ces régions ont été peuplées de juifs émigrés a la suite de leur révolte en Cyrénaïque au début du IIe siècle. Convertis de force à l’islamisme ils ont été également absorbés dans la population noire. Sans doute ont-ils été plus sérieusement persécutés que leurs frères de Touggourt; les Mehadjeria qui malgré leur islamisation ont trouve le moyen de conserver les caractères de la race blanche. Quoiqu’il en soit le cas des Timmiminos me parait assez net d’autant mieux qu’ils sont localisés dans l’Amérique du Sud. 71 — TOBA Le nom de Toba est très répandu dans le monde entier. En Amérique il est localisé dans la partie orientale du continent Sud ce qui constitue déjà une présomption pour que les Toba d’Amérique soient venus par l’Afrique. Les Toba sont des Guaranis de la République Argentine. Le même ethnique diversement modifie se trouve chez les Tobajares, Topayos, Topinacos du Brésil et les Tapuros du Venezuela. Je leur rattache aussi tous les Tupis du Brésil et les noms dérivés du leur ; il y en a neuf au Brésil, un en Colombie et un au Venezuela. Une étude complète sur la civilisation matérielle des tribus Tupi-Guarani due à M. Metraux vient de paraitre tout récemment. L’origine de leur nom est touranienne et parait être en relation avec celui du fleuve Obi, dont les plaines ont vu passer tant de peuples qui se sont répandus dans toutes les directions. Il y a un affluent de l’Ienisseï qui s’appelle Touba. L'histoire nous signale un peuple Tartare de Tobas nommés aussi Wei, qui eurent longtemps le commandement, de la Chine du Nord Rene Grousset, Histoire de l’Asie II. 105. Ce sont peut-être les mêmes que ces Tombas actuels de l’Ienissei qui suivant Deniker ont des affinités avec les Finnois et les Samoiedes. Les Tobas sibériens avaient envoyé de& migrations dans le Sud le pays du Tibet leur doit sans doute ce nom, peu connu d’ailleurs sur place. Le peuple Abaze du Caucase compte une tribu de Toubi. En Arabie une dynastie célèbre du Yémen portait le nom de Tobba titre dérivé sans doute de l’ethnique de la tribu a laquelle ils appartenaient primitivement. Il y a encore en Syrie les ruines d'un Ksar et Touba Muzil, Arabie Pétrée. En Berberie on en trouve aussi bien chez les Berbères que chez les Arabes arrivés après l’islamisme. Pour les premiers nous pouvons citer un évêché de Toubia, que le Père Mesnage identifie avec Henclur Toubia ou Tabla actuel sur l’Oued Chellal au Nord-Ouest du Chott el Hodna Afrique chrétienne 474. Il est probable que le nom de la ville ancienne de Tubunoe Tobna à l’extrémité diamétralement opposée du Hodna est une déformation de ce même nom, car on retrouve encore non loin de la des Toaba dans l’Aurès. Il y a encore en Algérie des Touba dans la commune mixte de l’Edough, des Touhabet a Dellys, des Touabuia a la Meskiana, puis des quantités de Touabet à Remchi, à Dellys, au Chelif, à Aine Mlila, à Barika et deux fractions différentes à Zemmora. Pour ce qui est de la part des Arabes, nous avons des Oulad Toaba aux Oulad Nails à Djelfa et à Mesad et des Oulad Toubi à la Sefia. Je ne garantirai pas que cette répartition entre Arabes et Berbères soit rigoureusement exacte ; il y a même des chances pour qu’elle ne le soit pas tant est grand l’enchevetrement des deux éléments dans la Berberie. On sait seulement qu’il y avait des Touba chez les Doreid appartenant aux Athbedj de l’invasion hilalienne et je suppose qu’une petite enquête permettrait d’élucider cette question mais elle m’écarterait de mon sujet qui est de montrer qu’il y a eu des avant l’islam des Tobas en Berberie. Au Kanem il y a eu des Toubba qui se disaient venus d’Arabie. Je rattache aussi à ce nom ceux du Tibesti d’Afrique, des Tebou ses habitants et de Tïbati au Cameroun. Mais il n’y en a pas eu qu’en Afrique ; il y a une trainée de traces allant de la Malaisie au bout de l’Océanie lac Toba au Nord de Sumatra, Ile Obi des Moluques, archipel Toubouaï au Sud des iles de la Sonde. Ils auraient donc pu par cette voie gagner l’Amérique du Sud. Dans l’Amérique du Nord, il y a peu de noms qui se rapprochent de notre racine. Tout bien considéré j’espère pour l’origine berbère. 72 — TULAS Les Tulas sont des Indiens de la Floride dont je prends le nom comme type de cet ethnique parce que c’est le moins déformé ; on trouve aussi des Tularenos ou Tulares, des Tulomos des Tolenos, des Tolowas en Californie, des Tullanos ou Toltecas qui tiraient leur nom de la ville de Tulla et qui sont célèbres dans les fastes du Mexique, des Tultecas ou Toltèques au Nicaragua, des Tultuscios au Yucatan, des Tolores, Tolues on Tolus avec une ville de Tolu en Colombie, des Tolores au Venezuela, des Tulianos, des Tilianos ou Tilias en Argentine. En somme les peuples qui ont conservé cet ethnique sont groupés surtout au pourtour de la mer des Antilles où ont pu arriver des Africains. Dans le vieux monde cet ethnique se trouve en plus grande abondance encore et y revet des formes aussi variées mais reste néanmoins assez mystérieux. Son origine orientale est fort nette. La Tola est un affluent de l’Ourga qui se jette dans le Bailtal ; un tas de noms de rivières sibériennes sont plus ou moins dérivés de la. Il en est de même en Europe, ou beaucoup de villes portent aussi des noms bâtis sur la même racine, mais sans qu’on sache bien exactement quelle était la nation qui semait ces noms sur son passage, car aucune tribu connue ne le portait. Je vais commencer mon examen par l’Afrique du Nord ; mais la il est assez difficile de dépister col ethnique confondu ou masque souvent par divers termes arabes ou Berbères homophones comme Tala source, Tailla mimosa, Touil long, Tleta trois qui prêtent a des a peu près bien susceptible de dérouter celui qui les examine. Au Maroc il y a des Tonal a Outat sur la Moulouya. Pourquoi ces Berbères et ceux que je vais examiner porteraient-ils cette appellation de longs qui ne peut pas servir à les distinguer de leurs voisins généralement de même taille qu’eux il est clair que c’est la survivance d’un nom ethnique sur lequel on a fait un jeu de mot suivant la coutume arabe. Il y a sur l’Oued Guir un ksar Toulal et des Tsoul au Nord-est de Taza. En Algérie, je rencontre des Touila a Collo et à Attia, des Tonal à la Galle, des Touaoula à Ammi Moussa, des Tional au Guergour, un village de Tilatou dans les gorges d’El Kantara au Nord de Biskra, des Tililit dans le Djurdjura, des Tiliouanet a l’Hillil, des Tillette et Talionine à Palestro, des Teliouin à la Mekerra, des Tiliouin chez les Beni Khalfoun, des Telly aux Atatba, etc.. En Tunisie on peut noter des Toulit Bernia, des Tlil, des Tlaïlia, etc… A l’époque romaine il y avait un évêché de Talana dans la proconsulaire et un autre de Tullia dans le voisinage d’Hippone. Il y avait aussi deux localités appelées Tituli. Deux Enchir Touila en ruines paraissent avoir conserve leur ancien ethnique quelque peu déformé. Tous ces noms que je recueille dans les listes de l’Afrique chrétienne du Père Mesnage, attestent que tous les noms des nomenclatures modernes que j’ai alignés précédemment devaient être bien antérieurs à l’invasion arabe. En remontant vers l’Est nous voyons une ville ancienne Tollés près de Meroe. Il y a en Abyssinie des Touloma tribu Galla, en Arabie une ville de Tulla Niebuhr, dans le golfe persique une ile de de Tylos et dans l’Inde des localités comme Tulali et Tulli. Nous avons donc des traces à peu près continues depuis les Indes, ou l’ethnique a pu être apporte par des émigrants touraniens, jusqu’au bord de l’Atlantique. Mais nous pouvons suivre d’autres pistes. En Russie il existe une ville de Toula au sud de Moscou, un lac Toulos et une ville de Toultchin. Est-ce par le Nord ou par le Sud que cet ethnique est venu au Caucase? Rien ne permet de le déterminer bien nettement. Je me contenterai seulement de noter la ville de Toultcha en Géorgie, une autre ville de l'alla dans l’ancienne Albanie, des Taliche au Daghestan que Ton considéré comme Indo-Européens, ainsi que des Toualiens chez les Ossetes. Cette dernière indication semblerait être en faveur d’une origine indienne. Le nom des Touches tribu géorgienne des sources de l’Alaza parait dérivé de Toultcha. Dans l’Egée il y avait une ile de Teli ou T clos non loin de Rhodes. La race sacerdotale des Telliades en Arcadie et des noms patronymiques anciens comme Tellias, Telliis, Tullius sont encore à noter. Sur le Ras Danube il y avait une ville de Toultcha ou Tuloea, et en Italie une ville de Tolla. Mais c’est surtout dans l’Europe occidentale que cet ethnique a laissé de nombreuses traces. En Belgique elles abondent Thulin, Thuülies, Tilly, Tilff. En Irlande encore plus. Son ancien nom de Thulé parait du à l’abondance des Tulla, Tullamore, Tullaghobegly, Tullyfern, Tullylish, T hurles, etc… En France les mêmes noms sont encore plus nombreux Tilly, T oui Tullum, Tullius, Tulle Tutela, plusieurs Toulon, dont notre grand port méditerranéen appelé autrefois Telo Martius ou Telonius, Toulenne, Toulaud, Toulouges, plusieurs Toulouse dont la Tolosa habitée par les Volsques Tolestobogi ou Tolistobogi de Toulouse. Il y avait aussi une rivière Touloubre une Tille, un fleuve Télis Tet etc… Il y avait aussi chez les Petrocoru du Périgord un dieu Telo que l’on dit Celte. Dottin Manuel de l’antiquité celtique. En Espagne il y avait encore trois Tolosa et une ville de Toletum Tolède. Les renseignements que nous avons en ce qui concerne le peuple qui a véhiculé ces noms nous apprennent que ce sont les Ibères Philippon. Les Ibères. Les divers noms que l’on trouve au Caucase dans l'Ibérie primitive viennent confirmer cette donnée. Mais la dénomination des Volsques Tolistobogi mérite quelque explication. Il semble que le suffixe bogi à la valeur de conquérants ce sont les Volsques qui se sont emparés de Toulouse et en ont chassé ou soumis les fondateurs Ibères. Le mot Volsques comme celui de Valoques me parait être une des principales formes sous lesquelles nous est parvenu le nom des divins Pelasges » des Grecs. Mais les Volsques sont généralement classes comme Celtes ce qui semble indiquer qu’à leur tour ils furent noyés sous les flots de l’invasion celte. On sait qu’ils prirent le parti de s’en aller tous ensemble chercher fortune ailleurs. Ils allèrent saccager Delphes, puis ensuite les Tolistobogi fondèrent en Thrace une petite principauté dont la capitale Tulé rappelait leur ancien habitat, ce qui nous montre bien qu’un nom ethnique peut-être parfois emporté par des tribus qui l’ont pris à leurs premiers propriétaires, ou bien qu’une fraction de ceux-ci s’était conservée intacte au milieu des conquérants. Quoiqu’il en soit, il me parait difficile dans l’état actuel de déterminer avec une certitude absolue si le nom des Indiens Tulas d’Amérique leur a été apporté d’Europe ou de Berberie, les mêmes altérations se montrant des deux cotés. Malgré cela je n’hésite pas à dire que je penche pour la seconde, la forme propre au Sud européen qui est ToIosa ne se retrouvant pas chez les Indiens d ’Amérique. Il reste d’ailleurs possible, bien que le groupement des noms des tribus examinées ne paraisse pas très favorable à cette hypothèse, que des groupes d’émigrants venant par le Nord-Ouest aient apporte de leur côté cet ethnique. 73 — TUQUERRES Les Tuquerres ou Tuquarès de l’Equateur font partie des Quillacinga, nation indienne qui habitait précédemment en Colombie. Leur nom me parait représenter en Amérique celui de la ville de Tokeira en Cyrénaïque que mentionne Hérodote comme voisine de Barca et que j’ai eu occasion de nommer à propos des habitants de cette ville paragraphe Barcas. Comme eux ils venaient de l’Inde ou existe encore une localité de Tulcera au Sud de Luknow. Le Mahabharata mentionne aussi des Tokkara, habitants de la Sogdiane et de la Bactriane qui paraissent être la souche de ces différents peuples. On sait que la langue de cette nation appelée le Tokharien a été découverte ou plutôt retrouvée en 1893 et qu’on la classe comme Indo-européenne. On remarquera aussi que les Tokkaras des annales égyptiennes que l’on a essayé d’assimiler aux Tencriens ou Troyens dont le nom a sans doute la même origine, étaient purement et simplement les habitants de Tolcheira qui avait peut-être à cette époque la prépondérance dans la région. Il ne me parait guère douteux que les Tuquerres comme les Barcas, soient venus de Barbarie. 74 — UTES Les Indiens Utes du Nouveau Mexique appartiennent au groupe important des Ghochones de l’Amérique du Nord. Ils habitent au Nouveau Mexique. Relevant du même ethnique, il y a encore aux États-Unis des Utah, des Utianques, des Utagamis et au Canada des Utauas, des Utauai ou Mousanai. Cette localisation rend peu probable leur arrivée par l’Afrique mais comme l’ethnique Ute est la prononciation des Indiens d Amérique pour le vocable oriental Oude qui se rencontre fréquemment en Berberie, je ne saurais le passer sous silence, Au Sud de la mer d’Otkhosk il y a une rivière Oud et une Ouda au Sud du lac Baikal. C’est de la que s’est répandu ce nom d’abord au Caucase, puis dans l’Inde. Des deux côtés il a émigré en Afrique. Au Caucase le Kouma avant de porter ce nom qui est d’essence kouchite, comme je l’ai, dit s’appelait l’Udon d’après les auteurs anciens. On y trouve maintenant encore des Oudiens, qui habitent le versant Sud du Caucase et qu’on rattache aux Lezghiens ou Leks, mais les localités qui portent le même nom qu’eux comme Ouclé, Oudiéri, Oudjari, Oudjama se trouvent beaucoup plus à l’Ouest en Géorgie, où a été peut-être leur ancien habitat. Sont-ils venus directement du Nord-est ou de l’Inde avec les Ibères et autres peuples parents, on ne saurait le dire quoique le dernier fait que je viens de constater soit en faveur de la seconde hypothèse ? C’est à ces Oudiens du Caucase que j’attribue origine des Touareg Oudalen ou Oudala qui vivent sur le Niger, tandis que les autres populations portant le même ethnique et que j’énumérerai plus loin viendraient plutôt de l’Inde et seraient venues antérieurement. Du côté de l’Europe on trouve quelques traces de cet ethnique qui a du être emporté par la migration des Ibères. Il y a une vallée d’Oudaya dans le bassin du Dnieper inferieur. En France on trouve des noms comme Oudalle, Oudcm, Oudeuil, Oudon, etc… Dans l’Inde, le royaume fort ancien d'Oude ou Aoudh est célèbre dans les fastes de la péninsule. Les légendes hindoues le représentent comme le berceau même de la race Aryenne, mais il semble qu’en réalité il fut peuplé par des populations venues du Nord, sans doute Kouchites qui avaient atteint un haut degré de civilisation qu’elles transmirent aux envahisseurs aryens qui vinrent se substituer à elles. On trouve encore en Hindoustan des noms tels que ceux des deux Oudeypour, d’Oudyah, d’Oudighir, d'Ougein, d’Oodaponr, d’Oodavotaly etc., ou encore d ’Udassa, â Udegherri, d'Udeampour, d’Udebode, etc... J’attire en particulier l’attention sur le nom d’Oudjana cité par Vivien de Saint Martin dans son étude sur la Géographie du Nord-Ouest de l’Inde, parce que ce nom s’est transporté intégralement en Berberie. On trouve en effet des Béni Oudjana dans les communes de l’Oued Clierf, de Khenchela, de Sedrata. Au Maroc il y a des Oudaïa a Rabat, à Fez et à Merrakech c’est-à -dire dans toute la région d’où ont du partir la plus grande partie des Berbères qui ont pu se rendre en Amérique. Je note aussi des Béni Ouendjel au Rif et on doit, je pense, rattacher à cet ethnique tous les noms plus ou moins déformés comme Oueddan, Ouezzan qu’on rencontre en Berberie. En Algérie on trouve encore des noms comme El Oula, El Oulia, El Ouadia fractions de Collo, les El Oaadef d’Aine Touta, les El Ouadin d’El Golea, les El Ouedia de Tahar, les El Ouida d’Attia, les El Guidait d’Ammi Moussa, les El Ouiza de Souk Arrhes, les El Ouzana de Tablai, et le Ksar d'El Outaia un peu au Nord de Biskra. Bien que la phonétique des conquérants ait orné ces noms de l’article arabe, ils sont bien au fond d’origine berbère et on voit que cet ethnique a été fortement représenté dans le Nord de l’Afrique. Ainsi que je l'ai dit au début, seule sa localisation exclusive dans le Nord de l’Amérique m’empêche de croire fermement que le nom des Utes est venu de Berberie. 75 — ZAGANES Voici un ethnique qui ne m’inspirera pas les mêmes réticences que le précédent car j’y reconnais formellement une altération berbère ; toutefois certaines formes sont au contraire des déformations proprement européennes et qu’il conviendra de mettre à part. Les Zaganes forment une tribu indienne qui vit au Sud du Chili et dont je mets le nom en tête parce que c’est lui qui a le mieux conserve la transcription berbère. J’y joins les Zoques du Venezuela et de la Colombie, les Zequis du Yucatan, les Zueches de l’Amérique centrale, les Zuaques ou Tehuecos du Mexique, les Zacatecos du même pays, les Zocos, Zouaquos, Zoq u e s ou Zoquos de l’état de Chiapa et enfin les Secuanas de Colombie. Ces variations assez considérables dans l’adoption d’un même ethnique se retrouvent en Afrique dans les tribus Berbères dont le nom dérivé des Zegguen. Ce nom est mentionné par Ibn Khaldoun comme celui d’une tribu qui composait avec les Lakhs ou Lelchs dont j’ai précédemment parlé le groupe des Lemta qui faisaient partie des peuples voilés voir au paragraphe Laches. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg BSGA 4c trimestre 1924 et Ie 1925, j’ai montré que ces Zeggueu étaient un essaim des Circassiens du Caucase, de même que les Lakhs venaient des Lezghiens, et que le nom de Lemta leur était venu du port ainsi nommé Leptis Magna des Romains auquel ils avaient abordé et qu’ils avaient sans doute conservé longtemps comme centre de ravitaillement et de rassemblement. Une localité de Zegen qu’on trouve sur les cartes au Nord-est du Fezzan leur dut sans doute son nom. C’est eux que Ptolémée connaissait sous le nom de Zyges et auxquels il assignait comme habitat le Nord de la Cyrénaïque, non loin de Paroetonium, port de la Marmarique. A cote d’eux il plaçait des Zygritoe et un port de Zygroe que l’on peut rattacher au même ethnique. Mais ce ne devait être qu’un faible démembrement de ce peuple, car longtemps avant, Hérodote signalait de l'autre côté des Syrtes des Zauèces autre déformation de son nom que nous retrouvons presque dans les Zueches de l’Amérique centrale. A cote d’eux il plaçait des Gyzantes, nom sans doute estropié par suite d’une erreur de prononciation ou de transcription et que l’on doit restituer Zygantes qui est une autre forme de notre ethnique. Cette métathèse est flagrante car par la suite la région où ils se trouvaient fut appelée Zeugilane à l’époque romaine. On y trouve encore une ville et une montagne du nom de Zaghouan. Je rappellerai en passant que dans les combats c’étaient les femmes des Zauèces qui conduisaient les chars ou combattaient leurs maris ; c’était donc une race essentiellement guerrière. A l’époque d’Hérodote, les émigrants caucasiens devaient depuis longtemps s’être partages entre la région tellienne et le Sahara ceux du Tell se retrouvent plus tard sous les noms de plus en plus deformes de Zouaghct ou Zouaga, de Zouara, de Zouaza et de Zouaoua dans les généalogies Berbères de l’époque arabe. Étant devenus montagnards ils ont pu conserver mieux que d’autres leur habitat primitif et on les retrouve encore dans les nomenclatures modernes de la Kabylie à notre époque. On retrouve aussi le même nom modifié en Seguène dans la région de Batna, Segnia, à Ain Mlila, Seggana a Barika. Il y avait au Sud de Cirta une ville de Sigus Bordj ben Zekri actuel qui appartient au même ethnique. Je note encore dans cette même province de Constantine des Zegagda, Zegagra, Zegagta, etc. qui doivent lui être rattaches. Dans cette même région des Hauts-Plateaux Constantinois, la région de Ballezma doit certainement son appellation à une tribu secondaire qui faisait encore partie, au siècle dernier, de la confédération des Circassiens du Caucase, celle des Belezmiens. Cette constatation contribue à authentiquer mon identification. Les Zyges de l'Est de Ptolémée sont sans doute ceux qui ont été formé au Sud de la Cyrénaïque, la tribu des Zeggaoua qui a eu autrefois une certaine importance et dont les débris vivent sur la frontière anglo-française du Darfour et de l’Afrique équatoriale Française. Quant à ceux des Zegguen qui étaient voilés a l’époque de l’invasion musulmane, les Arabes les trouvèrent installés dans la région du Sous d’où ils disparurent comme leurs frères les Lakhs, une partie s'étant fondue dans les Berbères de l’Atlas une autre ayant rejoint les peuples voilés dans leur circuit saharien où je crois les retrouver dans la faible tribu des Izegagaten ou Izedjadjaten serfs des Touaregs Imanan et Oraren. Les Aoulimminden prétendent qu’ils descendent d’un ancêtre nommé Siggini. Au 14e siècle, il y avait encore au Sous des Zegna, actuellement disparus. Peut être que les Béni bou Zeggou du Maroc Oriental et surtout les Seketana du Glaoui et les Ida ou Ziki du Mtougui en sont de faibles débris, si toutefois leurs noms sont bien dérivés, comme je le crois, de celui des Zegguen Les Tadjakant on dit au singulier un djakani tribu bien connue du Sahara Marocain, sent les restes des Zegen des auteurs arabes dont le nom a été berberisé et durci. Après cet exposé de leurs avatars Berbères, je vais rechercher l’origine de ce peuple des Zegguen et leurs migrations dans d’autres régions. Le mot Zagan, dans les langues touraniennes, signifie parait-il blanc et il est applique a diverses rivières et lacs de la région de l’Oural et du fleuve Volga. C’est donc vraisemblablement de la que ce peuple est venu au Caucase où son nom était corrompu par les auteurs anciens en Zichés, Zyckhis, Zeiches. Strabon les nommait Zygoi. Eux-mêmes se qualifient d’Adighés qui signifie, disent-ils, noble, mais qui n’est peut-être qu’une autre altération du même nom. Les Adighé que l’on connait surtout sous le nom de Tchei'kesses ou de Circassiens ont a peu près disparu du Caucase. Fervents musulmans et patriotes indomptables, ils ont préféré émigrer en territoire turc que de rester sous la domination abhorrée des Russes. Ils parlaient une langue agglutinative, se rapprochant de celle des finnois, très dure, avec des claquements de langue et des modifications très fréquentes des voyelles et des diphtongues. Leur vocabulaire et leur syntaxe étaient très différents des autres langues. Leurs voisins les Abazes, dont j’ai parlé, se servaient d’un idiome très voisin et paraissaient être leurs parents, quoique fort mélangés du sang des kouchites qui ont passe chez eux, car un grand nombre de noms de tribus étaient les mêmes dans les deux populations. Sans m’attarder à rechercher les jalons intermédiaires qu’ils ont pu laisser dans l’Europe centrale, où ils ne paraissent pas d’ailleurs s’être arrêtés, je vais les retrouver sur la Meuse où, à l’époque romaine, ils portaient le nom de Segni d’ou vient le nom actuel de la ville de Signey. On remarquera cette déformation analogue à celle des Segnia, d’Ain-Mlila en Berberie. Plus loin, il y avait des Sequani qui donnèrent leur nom à une rivière Sequana, la Seine. Cette fois l’homophonie est notoire avec les Secuanas de Colombie. Il y avait aussi un fleuve de Sequanos en Narbonnaise. D’autres noms de localités francaises, comme Sagnat, Saignes, Sagonne, Signes, Signac, Signeville, Signy, Zouafques, etc., doivent sans doute leur origine a ce même peuple. Sicanes d’Italie et de Sicile. Sigynnes des Balkans, Sîcules en sont des démembrements. J'ai eu occasion de faire remarquer que la terminaison en ides indique un passage au milieu de populations touraniennes, accompagne sans doute de modifications ethniques. Peut-être faut-il encore y ajouter l’ile de Zacynthos Zante, avec sa colonie de Saguntum, en Espagne et le peuple des Segêtes dans la même région avec sa ville de Sega. En raison de sa dureté, cet ethnique a été très maltraité. Je suppose qu’il faut encore y rapporter tous les noms européens en Segu, Sego, comme Segodunum Rodez en Gaule, Wurtzbourg en Germanie, Segobriga, Segontium Caernavon en Bretagne Segontia, Segovia et autres villes et les peuples des Segusavii Segusii, Segovellani de Gaule, etc. Tous ces noms ne sont pas de provenance celte, ni ligure, ni ibère comme on le croit. Ils sont peut-être arrivés avec l'invasion ibère mais portes par un peuple d’une origine toute différente, car les Adighé paraissent avoir été des Touraniens à peu près purs, venant directement du Nord de l’Asie, sans être passés par l’Inde et sans y être mélangés de sang noir comme les autres tribus qui vinrent de là . Il semble peut-être que j’insiste plus qu’il n’est nécessaire sur ces infimes détails. Mais j’ai pour cela deux bons motifs le premier est que le rôle de ces Zegen parait avoir été complètement inconnu, bien que Klaproth et ses émules nous aient entr’ouvert depuis longtemps les arcanes du Caucase; la seconde est qu’il s’agit de bien montrer la parenté étroite de certains Berbères avec les Européens. Les mêmes éléments se retrouvent sur les deux rives de la Méditerranée et, ce qui constitue la grosse différence entre eux, c’est la plus grande proportion de sang kouchite mélangé de dravidien au Sud, sans omettre l’action d’un climat plus chaud, d’un térritoire moins fertile et enfin, depuis la conquête musulmane, les entrainements d’une religion plus facile, mais aussi plus exclusive et plus agressive vis-à -vis du prochain que ne l’étaient les polythéismes anciens. En recherchant les noms des tribus secondaires des Circassiens en Amérique, on en trouve plusieurs qui leur sont communes avec les Abazes et que j’ai, en conséquence, mentionné au paragraphe Abades. Tels sont les Chapanchicos que je rapproche des Chapchiks du Caucase, les Janaes que j’assimile aux Jani. Comme il n’est pas possible de savoir si c’est en qualité d’Abazes ou de Zegen qu’ils ont passé en Amerique, je n’insisterai pas sur cet ordre de preuves qui sont d’ailleurs aussi bonnes pour les uns que pour les autres. Cet examen m’a révélé un autre fait intéressant. Une tribu secondaire des Circassiens, les Natoulcaï ou Notiuatches de Circassie porte un nom que l’on peut rapprocher de celui des Nutkas appelés aussi Nutkees, Noothans, etc., Natextanos de Vancouver et de la cote Nord-Ouest de l’Amérique. Ce fait indique-t-il une émigration du Caucase en Amérique ou inversement? Je ne le pense pas. C’est sans doute du bassin de l’Obi, ou il y a des vallées comme celle du Nioukos, dont le nom se rapproche un peu de ceux de ces tribus que des tribus primitives se sont épanchées dans les deux directions. Mais on remarque en même temps que le nom des Natoukai caucasiens, a donné d’autre part naissance chez leurs voisins Abazes à celui des Hattoukai ou Attigoi que j’ai rapproché des Atuacas de Colombie. Il me parait résulter de l’ensemble de ces divergences et de leur constatation une nouvelle preuve de l’arrivée de ces derniers par la voie de la Berberie; bien qu’on n’y trouve plus de traces de leur passage. Pour en revenir à l’ensemble de mon sujet, qui est l’arrivée de représentants des Zegen Berbères en Amérique, il ne semble pas qu’il puisse y avoir de doute sur le fait lui-même. Toutefois, je reconnais que la forme Secuana permet de croire qu’il en est aussi arrivé directement d’Europe, car c’est la seulement qu’elle se manifeste, étant entièrement absente d’Afrique, alors qu’on reconnait au contraire dans d’autres comme Zaganes, Zuaques des formes spécifiquement Berbères. 76 — ZAMORAS Les Zamoras sont des Indiens Jibaros de l’Equateur dont j’ai établi plus haut la correspondance avec les Ibères d’Europe, d’Afrique et du Caucase. Cette tribu a d’ailleurs été largement répandue en Afrique, et de la son nom est passe en Espagne. Comme les espagnols ont fréquemment donné des noms de leur pays aux localités du Nouveau-Monde, on peut se demander si ce n’est pas le cas pour les Zamoras, N’étant pas en mesure de faire les vérifications nécessaires, je dois faire comme si ce nom était authentiquement indien. Il existe en Amérique une ville de Zamora mais elle est au Mexique. Dans les généalogies Berbères, nous apprenons que Zemmor était fils de Maggher et petit-fils d’Aurigh et descendait par eux de Bernes fils de Ber l'ancêtre général des Berbères. On ne s’entendait d’ailleurs pas sur sa généalogie exacte. Outre ces Zemmor de la branche des Aurigha, il y avait aussi des Béni Zemmor qui appartenaient au contraire aux Nefouca, peuple de la descendance de Madghis el Abter autre fils de Ber ! Si nous abandonnons les divagations des auteurs arabes, nous remarquons que les anciens n’ont pas soufflé mot de l’existence de cet ethnique qui est cependant largement représenté à l’époque actuelle. Les fastes de l’église chrétienne d’Afrique n’en portent pas trace. D’autre part, les étymologistes nous apprennent qu’en berbère le mot Azemmor signifie olive. Je vais maintenant suivre les traces de cet ethnique en remontant de l’Ouest vers l’Est. A l’embouchure de l’Oued Oum Rebia, il y a une ville d’Azemmor. A l’Ouest de Meknès est une grande tribu de Zemmour qui s’étend jusqu'à l’Atlantique et est partagée entre plusieurs commandements. Ils appartiennent à la confédération des Zaiane V. Piquet. Voila pour le Maroc. En Algérie, je note une tribu de Zemmara, à Lalla-Marnia. Une autre tribu de Zemoura ou Zammora dans la commune mixte des Bibans, des fractions de Zemoura, chez les Tassougoudelt, de Dra-el-Mizan et les Oulad Driss de Soukh-Arhas, des Zemmoura chez les Beni-Meddour de Bouira, des Zemourène à Blida et des Zemmourène chez les taeni Zid de la commune d’Attia. Près de Cherchell il y a un village d’Azemmor ou Tazemmort ou Ouazmour, et a l’Est de Relizane une ville de Zemmora, siège d’une commune mixte. Le village de Courbet portait le nom indigène de Zamori. Notons encore en Kabylie, à l’Oued Marsa et à la Soummam des fractions de Tizi ou Zemmour. En Tunisie, les noms des Zemamra, Zemamla, Zemamlia peuvent être des déformations de cet ethnique berbère dues à la phonétique arabe. En Espagne, il y a une ville et une province de Zamora. Ce nom a du y être porté, comme je l’ai dit, par les invasions musulmanes composées de Berbères et non par des émigrants venus du Nord car il aurait sans doute laissé sur sa route une trainée de noms semblables à ceux que nous rencontrons d'habitude sur la route suivie par les migrations. D’autre part, à l’époque romaine, la ville espagnole de Zamora portait le nom d'Ocelodunum et était habitée par les Oceles que nous retrouvons, eux aussi, semble-t-il, au Nouveau-Monde sous le nom d’Ocoles, comme je l’ai indiqué plus haut. En Arménie, il existait sur le haut-Euphrate une ville de Zimara Zimmara actuelle qui pourrait se rapporter à ce même ethnique. Enfin, dans l’Inde, le souverain de Calicut portait le titre de Zamorin, souvenir probable d’un nom ethnique qu’on ne retrouve plus que vaguement dans les noms de lieux tels qu’Azimgur, Azimpour, Azimnagur, Zemowah, Zinnor. Tout cela n’est pas très probant et on peut se demander si, pour une fois, les étymologistes n’ont pas raison avec leur Olive-Azemmor. Les généalogistes arabes trouvant ce terme appliqué à de nombreuses localités ou collectivités, ce qui est au fond assez naturel dans un pays ou l’olivier a toujours été cultivé, l’auraient transformé en un patronyme excellent pour leurs généalogies. Le temps aurait consolidé cette fiction. Sous la réserve que j’exprimais au début, ce nom a pu néanmoins passer comme ethnique de Berberie en Amérique, antérieurement aux invasions musulmanes. Il ne peut être venu d’ailleurs. 77 — ZENDALES Au nom de ces Indiens, qui habitent le Guatemala, je joindrai ceux des Tzendales Celdales, Tzeldaicos ou Tzeldales du groupe Maya Quiche du même pays, et ceux des Chondales ou Çhontales, également Mayas qui habitent un peu plus au Nord, au Mexique et dans le Guatemala. Ils me représentent les Zentane actuels du Djebel Nefousa en Tripolitaine, sédentaires, qu'Hérodote signalait sous le nom de Gindanes. Ce nom lui-même est une des nombreuses appellations dérivées de celui du grand fleuve Sindus ou Indus qui a donné son nom à toute la grande péninsule asiatique. Le nom hindou véritable est Sindhu le fleuve. Ce sont les Iraniens qui ont supprimé la consonne initiale. Dans la partie Sud-est de l’Hindoustan, il y a une tribu de Santals qui doit aussi tirer son nom de ce fleuve. Le bas-indus fut peuplé, comme je l’ai dit, de Kouchites et c’est ce peuple plus ou moins mélange de Dravidiens et d'autres races foncées que sont dues aux migrations qui ont transporté partout le nom du grand fleuve. Au Caucase, les anciens signalaient un peuple de Sindes, à l’Est de la Crimée, sur le littoral de la mer Noire et dans toute la partie occidentale de la région caucasienne. Une ville de Sandata, qui envoya un essaim chez les Touareg, les Isandoten, serfs des Kel Ghela au Hoggar, se trouve au Nord de la grande chaine sur le Jegorlyck affluent de gauche du Manytch. Il y eut aussi des Sinties dans hile de Lemnos, et des Sinties, qui passaient pour une tribu thrace, dans le Nord-Est de la Macédoine. En Scythie et en Thrace on trouvait deux fleuves Sindos. Sur la rive opposée, en Asie mineure, il y avait une ville de Sinda de Pisidie, une autre appelée Isindos en Ionie et un nouveau fleuve Indus qui se jetait dans la mer Egée, vis-à -vis de Rhodes. Enfin, il est fort vraisemblable que les Sitonçg de Germanie, les Santones de Gaule Saintes et les Indigètes d’Espagne représentent ce même ethnique au bout de l’Europe. Il est bien possible qu’en France, des noms comme Saintines, Sainteny, Santenay, Santeny, Sautans, Santean, Santés, Santeuil, Santigny, Sanxay, Sindères, et plusieurs noms commençant par le mot Saint, puissent aussi lui être attribués. Mais c’est surtout vers l’Afrique, région plus chaude et partant plus attrayante pour des populations habituées aux régions chaudes, que les émigrants venus de l’Indus se portèrent en foule. Nous savons d’ailleurs que c’est elle qui reçut les plus forts contingents des populations kouchites. Toute la cote de l’Est africain était peuplée de Zendjs qui lui avaient donné leur nom Zanguebar Voir a ce sujet Marcel Devie Le pays des Zendjs. Ce nom s’était répandu dans l’intérieur. Les Niam-Niam, peuple anthropophage, découvert par Schweinfurth, s’appellent, en réalité, Asandeh, ce qu’il nous en dit. Quant aux Achanus de la cote de Gruinée qui se disent originaires de l'Est, ils sont sans doute issus d’eux et la vraie prononciation de leur nom est Assanté. Il semble que l’adjonction au nom de ces peuples de l’article arabe El mue euphoniquement en A, indique qu'ils sont venus dans leurs habitats respectifs à une date récente, après avoir pris contact sur la cote orientale avec les Arabes qui l’ont fréquentée de temps immémorial. Un affluent du Zambeze s'appelle Zangue. Il est d’ailleurs fort possible que beaucoup de populations de la région de l’Indus et de la cote de Malabar, habituées de longue date aux moussons de l’Océan Indien, aient pu gagner par mer, à des époques très diverses le continent noir. Mais il est non moins certain que l’introduction du zebu et d’autres races d’animaux domestiques, de la poule, de certains végétaux a été effectuée par de lentes migrations terrestres. Au Sud du Congo dans le bassin du Kasai, il y a une tribu agricole de Baüindou Deniker 575 dont le nom modifié à la manière iranienne parait être arrivé indépendamment des tribus qui précèdent. Dans l’antiquité Ptolémée connaissait des Sentîtes au Sud des Auschitoe et des Nasamons tripolitains. Ce nom n’est plus connu ; ils ont du être absorbés par les populations du Tibesti, venues elles, comme je l’ai noté plus haut, du Tibet dont elles ont conserve le nom. Mais les Zentane, connus depuis plus longtemps par la relation d’Hérodote subsistent toujours dans leur misérable ksar du Djebel Nefousa. Après l’invasion arabe, les généalogistes qui dressèrent le tableau des origines Berbères, y firent une large place à l’élément indien proprement dit. On y trouvait dans leurs nomenclatures des Sont, classés parmi les Nefzaoua, branche principale des Louata voir, pour ce nom, au paragraphe Lipis, des Sindjacen ou Béni Sindjas qui étaient des Zenata, la seconde branche des Darica. Je pense que ce nom de Zenata prétendus descendants de Zana, ou Carette a voulu voir le nom de la colonie Diana Veteranorum, est une simple altération du mot Zenaga qui est lui-même un sobriquet berbère signifiant bredouilleur. De fait, ces noms n’apparaissent pas avant l’arrivée des Arabes. Toutefois, un doute plane sur le nom des Zenata et il ne semble pas impossible qu’on puisse y voir une simple altération du nom des Sont nommés plus haut. Après cette parenthèse, je reprends mon énumération. On comptait chez les Maghraoua, autre branche des Zenata, des Béni Zendalc et on trouve chez les auteurs arabes des Béni Zeddjak et des Béni Zeddjal dont les noms paraissent dus simplement a des altérations de copie ou de lecture du nom précédent. Enfin, les auteurs arabes signalent une famille des Béni Sindi, fort puissante, qui gouverna le Zab de Biskra à l’époque arabe. Certaines de ces appellations ont totalement disparu des nomenclatures modernes. Mais nous retrouvons encore, outre les Zentane tripolitains, des Sendane à Mecheria et des Sendjes dans les régions de l’Ouarsenis et du Chelifi. Enfin, chez les Ghomara du Rif marocain, il y a des Béni Zedjel qui paraissent un débris des tribus zenatiennes que je citais plus haut. Mon impression finale est que les Zendales et autres tribus de l’Amérique centrale sont bien des représentants des tribus africaines que je viens de nommer et qu’elles n’ont pu tirer leur nom que de la Berberie.
laliste des conducteurs agréés autorisés à effectuer des recherches. La recherche du grand gibier blessé exige certaines connaissances et des chiens spécialisés. Ainsi, seuls les conducteurs bénéficiant d’une autorisation préfectorale pourront effectuer des recherches au sang. Chaque année, la fédération départementale, sur propositions des associations,
Les conducteurs de chien de sang effectuent un travail exemplaire en tant que bénévoles et passionnés pour la recherche du grand gibier blessé. En les contactant, les chasseurs de grand gibier accomplissent un devoir moral à l'égard des animaux blessés et assurent une image respectable que nous cherchons à améliorer. À titre d'exemple, la recherche au sang pour les sangliers blessés est encouragée par la FICIF moyennant un rapport de recherche au sang positif, validé par le conducteur agréé, la ficif remplace le bracelet sanglier au territoire de chasse concerné. UNUCR Union Nationale pour l'Utilisation de Chiens de Rouge ​ Liste des conducteurs UNUCR ARGBB Association pour la Recherche du Grand Gibier Blessé Liste des conducteurs ARGBB
Ilest spécialisé pour suivre la piste d'un gibier dégageant une odeur de blessure, qu'il y ait du sang ou non. Pour trouver un conducteur de chien de sang près de chez vous, utiliser la carte
NYATI58 Inscription juin 2008 Messages 0 Je viens d'acquérir un labrador de 2 mois. Je souhaiterais le "dresser pour le sang". Avez-vous des astuces ? A partir de quand faut il commencer et comment dois-je m'y prendre en pratique ? Est-il possible de l'utiliser ensuite comme chien de rapport s'il a été initié au sang de grand gibier ? Quelqu'un a-t-il l'expérience de tout cela ? titouan Inscription avril 2009 Messages 0 Bonjour, Lorsque le chien à environ 5 a 6 mois on peut commencer l' faut conserver au congélateur des pattes de sanglier avec des abats et ou de la venaison qui soi du même animal que les pattes utilisées pour l'entrainement. Il faut fabriquer une paire de semelle qu'on appelle traceuse une sorte de petite planche on l'on puisse fixer les pattes de sanglier le tout fixer sur tes chaussures de sorte que lorsque tu marche on pense que c'est un sanglier. Au début,en plus de la piste faite avec les semelles traceuse il est utile de tirer derrière soi une peau de sanglier décongeler pour que le chien prenne mieux la celle-ci fera seulement quelques dizaines de mètres,toute fait travailler ton chien une demie heure après la a bien balisée la piste pour vérifier que ton chien est bien sur la voie bout de la piste sous des feuilles ou autre tu cache quelque morceaux de venaison ou abats que le chien trouve et sera sa récompense Une fois que le chien aura compris ce que l'on attend de lui il faut compliquer les choses,allonger la piste,virages, angles droit,retour en arrière etc..etc et mettre le chien sur la voie de plus en plus froide. Séance après séance,le chien progressera,a condition de ne pas bruler les faut toujours conduire le chien avec une longe de 5 a 10 métres toujours la même,avec le même collier,car ce sera pour lui synonyme de travail. Surtout,ne jamais se servir de se matériel pour l'attacher ou le le chien s'écarte de la voie tracée pour en prendre une autre a côté ou au vent ramene le rapidement sur la piste en le grondant. Récompense le toujours a l'arrivée,avec de préférence de la venaison du même animal dont les pattes on servi pour faire la piste. Voila a peut prêt ce que j'ai fait pour mon chien de pied pour un chien de sang je pense que tu peut faire pareil en mettant du sang de sanglier sur la piste que tu aura tracée. Par contre je ne pense pas que tu puise lui faire faire autre chose,c'est ma méthode il y en a sûrement d'autre qui vont te répondre se sera a toi de choisir c'est pas mal de travail beaucoup de patience mais une énorme satisfaction a la fin. Cordialement Commentaire vaillant60 Inscription décembre 2009 Messages 0 Bonjour , la tu es deja bien informé ! Je te conseil en plus de passer le stage UNUCR . Tu y trouvera toutes les reponses a tes questions . Pour ce stage renseigne toi a la fédération des chasseurs . Moi je l'ai passé c'est vraiment génial . je suis moi meme en train dr drésser un rouge de bavière , c'est vraiment passionnant ... Bon courage pour ton dressage ... Commentaire dadou11 Inscription décembre 2009 Messages 0 Salut a tous moi je suis conducteur agré de chiens de sang je posséde un teckel a poil dur il si il vous faut des renseignement sur sa pour vous me posez des kestion sur sa moi mon teckel a poil dur j ' ai commencer a l éduqué des ke je les eu a 2 mois et demi avec du sang de sanglier , je fesai des piste de 500m pour le début puis j augmenter au fur et a mesure pour avoir un trés bon chien de sang il fau 4 ans d aprentissage merci a tous si vous avez besoin de kestion ou des renseignement fais moi signe merci a tous Commentaire cebe Inscription avril 2008 Messages 0 Je suis conducteur et j'ai enterré mon labrador en Juin de cette année, après 15 ans de dévouement et 130 sangliers retrouvés dont plus de 30 tués au ferme. Le labrador est un chien formidable pour la recherche et mes conseils sont le suivants 1° N'écouter AUCUN conseil de qui n'a pas de chien de sang. 2° Acheter le ''traité de recherche au sang '' de l'UNUCR et le lire bien à fond. 3° Faire la connaissance des conducteurs de ton département à travers le délégué UNUCR. 4° Faire le stage UNUCR et préparer ton chien à l'épreuve avec les autres conducteurs. Si tu restes seul, tu vas au casse pipe et tu vas gâcher ton chien. Je te parle de l'UNUCR parce que tout le monde connait mais selon le département, il y a d'autres associations qui préparent à la même épreuve. Autre chose Attention, le labrador est un chien très particulier. Il ne se dresse pas mais s'éduque. Il ne fait RIEN sous la contrainte mais il doit avoir compris pour exécuter. Son seul objectif est de de jouer et de faire plaisir à son maître. A ce titre, il est moins précoce que d'autres races. Je te souhaite de bons moments avec ton compagnon. Commentaire NYATI58 Inscription juin 2008 Messages 0 Merci pour ces précisions. A quel age peut-on raisonnablement commencer la préparation. Il a 3 mois actuellement. Commentaire cebe Inscription avril 2008 Messages 0 A trois mois, on peut commencer à cacher la gamelle ou faire des trainées. Si tu tues une pièce de gibier,'canard, faisan, pigeon, tu la traine sur une centaine de mètres au bout d'une ficelle et tu la fais retrouver par ton chien à la longe. Il faut que ce soit un jeu et tu ne dois pas ménager tes compliments et être TRÈS démonstratif quand il trouve.ne pas oublier la petite friandise IL faut que cela reste facile et il doit retrouver au début. Restes-en là pour l'instant. Après, on verra. Je te rappelle NE RESTE PAS SEUL. Commentaire thib1270 Inscription mars 2009 Messages 0 bien vu l'aveugle woohoo woohoo lol lol Encore une tres belle photo félicitations !! Commentaire NYATI58 Inscription juin 2008 Messages 0 Il est certain que nous ne nous attachons pas assez à rechercher des indices de blessure. Quelqu'un a-t-il les références d'une étude de l'ONF je crois qui de mémoire montrait que en dehors de blessures graves, dans plus de 60 % le sang n'était présent que plus de 30 m après le tir. Cela laisse rêveur quand on voit certain se contenter d'aller voir à la zone d'impact présumée. Félicitation en tout cas pour cette magnifique photo ... Je ne pense pas être capable de faire la même chose ... Commentaire cebe Inscription avril 2008 Messages 0 Merci Guitou. Je présente le mien à l'épreuve le 1er mai. Merci pour les liens mais nous avons plus prés et plus agréable dans le coin. Véronique Mathieu notre vosgienne, députée européenne en a un qui marche très bien au sang parrait-il. Commentaire guitou Inscription avril 2008 Messages 0 [B]cebe écrit[/B] Quote Merci Guitou. Je présente le mien à l'épreuve le 1er mai. Merci pour les liens mais nous avons plus prés et plus agréable dans le coin. Véronique Mathieu notre vosgienne, députée européenne en a un qui marche très bien au sang parrait-il. Salut cebe C'est a Dompierre aux bois que se deroule l'epreuve? Tu pourrais me donner les horaires si j'ai le temps j'y ferais bien un petit tour Ce que je t'ai envoyer c'est plus pour le site de vente Allemand de chiot dispo Commentaire cebe Inscription avril 2008 Messages 0 Je pense effectivement que c'est à Dompierre à partir de 9 heures Commentaire MaxViper Inscription juillet 2009 Messages 0 [B]dadou11 écrit[/B] Quote Salut a tous moi je suis conducteur agré de chiens de sang je posséde un teckel a poil dur il si il vous faut des renseignement sur sa pour vous me posez des kestion sur sa moi mon teckel a poil dur j ' ai commencer a l éduqué des ke je les eu a 2 mois et demi avec du sang de sanglier , je fesai des piste de 500m pour le début puis j augmenter au fur et a mesure pour avoir un trés bon chien de sang il fau 4 ans d aprentissage merci a tous si vous avez besoin de kestion ou des renseignement fais moi signe merci a tous Bj Dadou Ti conseil pour un teckel, je suis chasseur à l'arc de la Réunion. Notre gibier est le cerf de Java, bientôt je vais avoir un petit teckel à poil dur Ta préférence mâle où femelle??? pour la recherche au sang. Merci Commentaire cebe Inscription avril 2008 Messages 0 Bonjour Guitou et merci pour tes félicitations que j'ai immédiatement partagées avec mon chien. Je ne sais pas écrire en MP sur ce forum mais tu trouveras toutes mes coordonnées sur mon blog. Pour les recherches, ne m'appelle qu'en dernier ressort car je suis toujours trés, trés pris. Je chasse en effet beaucoup et mon chien est toujours trés sollicité. J'ai appris que le fils de ton président était maintenant louvetier ET administrateur de la fédération. Bravo, c'est un bon gamin. Il va libérer je crois son poste de louvetier pour se consacrer entièrement à la fédération. Mais on papote, on papote et on sort du sujet... Cordialement Commentaire panpanlapin Inscription février 2009 Messages 0 Félicitation cébé ainsi qu à ton compagnon. Commentaire
leschiens d’assistance sont systématiquement autorisés ; les chiens de catégorie 1 sont interdits partout. Des règles sont variables suivant le mode de déplacement, les compagnies, et les décisions des mairies : l’acceptation des chiens de catégorie 2 ; l’acquisition d’un titre de transport pour son animal de compagnie ; le port
Il est le plus ancien des deux espèces allemandes de chien de sang. Cet orfèvre de la recherche est un chien massif à forte ossature. Sa puissance et son courage lui permettent de forcer et de coiffer n'importe quel grand gibier blessé. C'est un chien avec un caractère réfléchi, constant et très équilibré, son calme olympien assossié à une extraordinaire ténacité et un don certain d'initiative l'aident à déjouer les ruses de la bête traquée. merci à Sylvie et Pascal de m'accorder leur confiance, grace à eux j'ai enfin ma Rouge de Hanovre
bQHid. he1i1yjf67.pages.dev/116he1i1yjf67.pages.dev/261he1i1yjf67.pages.dev/156he1i1yjf67.pages.dev/197he1i1yjf67.pages.dev/320he1i1yjf67.pages.dev/331he1i1yjf67.pages.dev/111he1i1yjf67.pages.dev/192he1i1yjf67.pages.dev/147
liste des conducteurs de chien de sang